Six mois d'attente pour un premier entretien avec le psychologue. Tel est le délai de prise en charge pour les détenus de la maison d'arrêt de Nîmes. Un seul poste de psychologue à mi-temps est pourvu pour cet établissement qui compte 389 personnes incarcérées au 1er octobre 2014.
« Cinq fois plus » de temps de psychologue serait nécessaire à la maison d’arrêt de Nîmes, indique l’Unité sanitaire dans son dernier rapport d’activités. La sous dotation en psychologue est criante : 1,2 équivalents temps plein pour 1000 détenus, alors que le taux moyen national en détention est de 5,22 (Cour des comptes, 2014).
Une situation qui s’éternise, puisque le rapport d’activité de l’Unité sanitaire déplorait le même dysfonctionnement l’an dernier. Le délai d’attente pour consulter le psychologue est même passé de un à six mois en un an, sachant que la durée moyenne d’incarcération dans cette prison est de quatre mois. Le psychologue a en effet été en arrêt maladie à partir du 18 juillet et n’a jamais repris son poste. Son remplacement n’a été assuré qu’à partir du 10 octobre, ce qui représente une vacance de trois mois. « Une rupture temporaire dans l’accompagnement psychologique des personnes » pour le CHU, qui souligne que « le psychologue qui l’a précédé [avait] dû également arrêter son activité. »
Un déficit de prise en charge dont pâtissent les personnes détenues. Le rapport d’activité 2012 de l’établissement pénitentiaire mentionnait que « la fréquence des consultations est insuffisante pour un même patient, il lui est difficile d’entamer des psychothérapies qui seraient l’un des moyens de travailler à la prévention de la récidive ». Et d’ajouter que l’orientation de certains arrivants vers une prise en charge psychologique n’est pas suivie d’effet.
Plusieurs demandes d’augmentation du temps de psychologue ont été adressées par l’Unité sanitaire à l’Agence Régionale de Santé. Mais aucune solution n’a été apportée à ce jour.
L’OIP rappelle :
– Selon les Règles pénitentiaires européennes, dont le respect est l’un des objectifs affichés de l’administration pénitentiaire française, « Les détenus doivent avoir accès aux services de santé proposés dans le pays sans aucune discrimination fondée sur leur situation juridique » (règle 40.3).
– Le rapport public annuel 2014 de la Cour des comptes qui constate que « malgré les efforts réalisés, l’action publique n’est pas encore, vingt ans après la loi de 1994, à hauteur des enjeux humains et de santé publique auxquels celle-ci entendait alors répondre » et recommande de « renforcer l’offre de soins, prioritairement psychiatriques, en accélérant la modernisation des lieux et des modalités d’exercice des équipes médicales, le cas échéant, par mobilisation complémentaire de crédits de l’assurance maladie, et en assurant une meilleure homogénéité des conditions de prise en charge ».