Un nouveau record vient d’être battu pour la quatrième fois en sept mois. 73 162 personnes s’entassent désormais dans les prisons françaises. Le gouvernement ne peut continuer de rester indifférent devant l’indignité des conditions de détention et sourd aux appels répétés des observateurs nationaux et internationaux à diminuer le nombre de détenus.
Un nouveau cap a été dépassé : plus de 73 000 hommes et femmes sont derrière les barreaux. Plus de 2 241 dorment sur un matelas à même le sol.
Conséquence : la surpopulation en maison d’arrêt est dramatique. « On est à huit personnes dans 15 mètres carrés. Deux dorment par terre. On n’a pas de place, aucune intimité. On se marche littéralement dessus. Ce n’est pas propre, la douche est cassée. En gros, on est des chiens », témoignait récemment une personne détenue.
Depuis des mois, organes européens, autorités nationales indépendantes, organisations de la société civile alertent de toutes part : il est urgent de diminuer le nombre de personnes enfermées. Mais la situation ne fait, au contraire, qu’empirer.
Certains expliquent l’augmentation de la population détenue par la croissance démographique : plus il y a d’habitants, plus il y aurait de détenus. C’est faux : en quarante ans, le nombre de personnes détenues pour 100 000 habitants a presque doublé. D’autres brandissent l’augmentation de la délinquance. Or « aucun élément ne fait apparaître une montée de l’insécurité » sur le long terme, relève le Centre d’observation de la société, qui pointe en revanche une hausse du sentiment d’insécurité, particulièrement sensible aux faits divers, à la médiatisation et aux discours politiques.
La cause est ailleurs : ce qui ne cesse d’augmenter, c’est le nombre de comportements punissables d’emprisonnement et les durées de peines de prison encourues. Sur le dernier quinquennat, 120 infractions punies d’emprisonnement ont été créées ou durcies. Rien que depuis le début de l’année, plus d’une quinzaine de textes de loi s’inscrivant dans cette dynamique ont été présentés ou discutés au Parlement.
Toujours plus de places de prisons, des lois toujours plus répressives, toujours plus d’enfermement. C’est un triptyque imparable, qui traduit une même banalisation de l’emprisonnement dans notre système pénal. Comment en est-on arrivé à croire qu’entasser deux, trois voire plus de personnes dans neuf mètres carrés serait la solution ? Qu’augmenter le nombre d’années pendant lesquelles une personne est broyée par un temps vide et la perte de liens sociaux l’aiderait à retrouver une place dans la société ? Le coût financier, social et humain est immense. Arrêtons les frais.
Communiqué mis à jour le 31 mai 2023
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