L’image de détenus logés, nourris, blanchis, dans une prison « Club Med » où tous les services sont à disposition, est un stéréotype bien loin de la réalité.
L’administration pénitentiaire ne fournit que le minimum
Certes, l’administration pénitentiaire distribue gratuitement deux repas et une collation par jour, mais les quantités sont parfois insuffisantes et la qualité de la nourriture médiocre et déficiente en produits frais. Un kit d’hygiène est fourni à l’arrivée en prison, mais il n’est pas toujours renouvelé. De même, pour l’entretien des cellules, des produits de nettoyage doivent être fournis, mais leur distribution est parcimonieuse et l’administration a été rappelée de nombreuses fois à l’ordre par la justice en raison de conditions d’hygiène déplorable dans des prisons saturées où le ramassage des ordures et la distribution de produits de nettoyage est largement déficiente (comme à Marseille ou à Nîmes).
Le coût de la vie en prison s’élève au minimum à 200 euros par mois pour les détenus
Pour tout complément (achat d’aliments supplémentaires, de produits frais, de timbres, de cigarettes), les détenus doivent faire des achats en « cantine », une vente par correspondance gérée par l’administration de la prison. En outre, la télévision est louée pour un coût de 14,15 euros par mois et le frigo 7,50 euros par mois. L’accès au téléphone fixe (en cabine, et depuis peu, en cellule dans une poignée d’établissements) est également payant : entre 70 et 110 euros par mois pour 20 minutes d’appel quotidien vers des portables en métropole (vers l’étranger ou les collectivités d’outre-mer, un seul appel de 20 minutes sur un portable peut atteindre 25 euros). Dans les prisons dotées de buanderie, une lessive coûte 1 à 2 euros. En tout, le coût de la vie en prison a été estimé par un rapport sénatorial à 200 euros par mois minimum, il y a près de vingt ans. Les détenus sont prélevés sur un compte interne, en général alimenté par des proches (80% des personnes se rendent au parloir soutiennent financièrement la personne détenue), car l’argent est interdit de circulation en prison.
Plus d’un détenu sur quatre est sans ressources
22 % des personnes incarcérées sont considérées en « pauvreté carcérale », c’est-à-dire qu’elles disposent de moins de 50 euros par mois. Ce qui les place en situation de grande vulnérabilité. Elles n’ont pour seules aides que la remise, parfois aléatoire, de quelques vêtements, produits d’hygiène et kit de correspondance et l’attribution de 20 euros maximum. La télévision est censée aussi leur être mise à disposition gratuitement.