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« Avec une telle dette, je n’ai aucun espoir pour mon avenir »

« Je suis resté enfermé dix-sept ans, puis on m’a accordé un an de semi-liberté. Malgré un conseiller d’insertion et de probation qui ne m’encourageait pas du tout, j’ai quand même réussi à trouver du travail et à l’heure actuelle je suis en conditionnelle, j’ai un CDI et je gagne 1 600 euros par mois. Mais je dois 172 000 euros au Fonds de garantie et la semaine dernière, j’ai reçu un appel de leur part me contraignant à augmenter ma partie civile de 160 à 700 euros par mois ! Menacé de saisie sur salaire, j’ai dû abdiquer. Je paye 500 euros de loyer et 500 euros pour le reste, crédit, assurance, EDF, internet, téléphonie, eau. Vous pouvez calculer : je ne m’en sors pas.

Pas d’argent pour manger les jours de repos, obligé de frauder le train pour aller bosser, pas d’argent pour remplacer ma tenue professionnelle qui est déchirée. Et si jamais je tombais malade, je serais bien dans la m… Avec une telle dette, je n’ai aucun espoir pour mon avenir. Je bosse 45 heures par semaine pour crever de faim mes jours de repos. Je sens la dépression monter en moi, et franchement, je ne vois aucune porte de sortie. Et pourtant, j’étais vraiment déterminé à m’en sortir. Mais là, c’est trop… Plutôt crever. Comment peut-on exiger que je rembourse 700 euros par mois alors que j’en gagne seulement 1600 ? Je vais mettre vingt-cinq ans à payer, et à la fin je n’aurai aucune épargne. En prison, on était payé au lance-pierre. J’ai des fiches de paie à 150 euros pour 150 heures de travail ! Si durant mes douze ou treize années de travail en prison on m’avait payé normalement, ma dette serait moins conséquente aujourd’hui. J’ai 48 ans. À 72 ans, je serai quitte. Mais à quel prix ? Que puis-je espérer, puisque de toute évidence à 72 ans je serais proche de la fin, si je ne meure pas d’ici là ? On nous rabâche “réinsertion”, qu’il faut s’en sortir, etc., mais ce n’est qu’hypocrisie et mensonges ! En vérité, la prison nous suivra jusqu’à la mort et de ça je n’en veux pas, je n’en veux plus. Il ne me reste qu’une solution : en finir une bonne fois pour toute. Ainsi, le fonds de garantie ne sera jamais remboursé. Ma famille est pauvre, et je n’ai ni enfant, ni conjoint. Si on est mort, qui va payer ? Je suis découragé. Me lever à 6 heures du matin pour rentrer chez moi à 23 heures, tout ça pour ne plus rien avoir sur mon compte le 15 du mois… Ce n’est vraiment pas la peine de persévérer, sachant que j’en ai jusqu’à mes 72 ans. Il ne me restera alors qu’à crever. Je commence à penser que j’ai été idiot d’y croire, et stupide de vouloir contre vents et marées me réinsérer. »

Épilogue : La situation de monsieur G. a depuis évolué. Dans un récent courrier, il nous faisait savoir : « Ma conseillère d’insertion et de probation m’a finalement appelé pour m’annoncer qu’elle avait réussi à faire baisser ma mensualité à 300 euros. Je peux souffler et me concentrer de nouveau sur ma réinsertion. »