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« Une sortie sèche et angoissante »

Personne détenue, centre de détention, octobre 2011

Bientôt libéré après six ans de détention, je sors en sortie sèche, malgré moi, dans quelques semaines. Aucune permission de sortir. Pas d’action de réinsertion. Je sors les poches vides, une main devant, une main derrière. Je ne sais pas quel sera mon quotidien prochainement : soucis à régler dans un logement récupéré sans eau, ni électricité, ni chauffage. Pas de travail dans un monde qui a dû changer en six ans. Je n’ai pas eu de remise à niveau pour m’aider à y faire face. Ma vie familiale et affective est à reconstruire. Je m’interroge sur ce que réserve la société à un repris de justice.

Suis-je trop naïf en comptant sur les assistantes sociales civiles après six ans d’enfermement, où je me suis senti lobotomisé ? Alors bien sûr, j’ai été nourri, blanchi, logé, habillé… Télé, eau, électricité, hôpital, gardiennage, assistanat total… Tout cela gratuitement. En plus, Roanne est neuf. Mais où est l’intérêt de toutes les dépenses qu’a faites l’État pour moi puisque je sors en sortie sèche ? Réinsertion : zéro dépense pendant 2 190 jours. Je sors avec appréhension après six ans d’isolement total. Je croyais pourtant purger une peine me privant de liberté, mais pas de vie… Ce n’est de la faute de personne, c’est un système entier qui faillit à sa mission.

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