Lances à incendie trop courtes, équipements de protection incomplets et défectueux, trappes de désenfumage vétustes : un incendie de cellule début janvier a révélé une série de dysfonctionnements dangereux au centre de détention de Tarascon.
Ce mardi 8 janvier, aux alentours de 13h, un homme incarcéré à Tarascon a mis le feu à sa cellule. Voulant intervenir, les surveillants ont alors découvert que les équipements de protection, disposés dans des caissons scellés au PIC (point d’information central), n’étaient pas au complet. Gants et vestes anti-feu étaient notamment absents du caisson. Quant aux masques à oxygène, les lanières de plusieurs d’entre eux auraient cédé au moment de les enfiler. D’autres problèmes techniques sont ensuite venus compliquer l’intervention des surveillants : les lances à incendie se sont révélées trop courtes pour atteindre la cellule en flamme, et les trappes de désenfumage, vétustes, n’auraient pas fonctionné correctement.
Cette succession de dysfonctionnements a donc retardé l’action des surveillants, les forçant à intervenir dans des conditions dangereuses et a surtout mis en danger la vie de la personne détenue – héliportée au service des grands brûlés de Marseille selon un surveillant. Ces problèmes de matériel de protection ne sont pourtant pas nouveaux et étaient connus de la direction, pointe une source pénitentiaire. « Le moniteur incendie, qui s’occupait de l’entretien et de la vérification du matériel, est parti depuis plus d’un an, et n’a toujours pas été remplacé », explique-t-elle. Quant à la longueur insuffisante des lances à incendie et la vétusté des trappes de désenfumage, ce problème aurait été signalé il y a des années déjà, sans qu’aucune mesure spécifique ne soit prise, précise le représentant local de Force ouvrière.
Comme toutes les prisons, le centre de détention de Tarascon est inspecté régulièrement par le SDIS, service départemental incendie secours, qui émet un avis favorable ou défavorable à l’exploitation des bâtiments accueillant du public. Sollicité quant au contenu de ce dernier avis, le SDIS a renvoyé notre demande à la préfecture. Qui, tout comme la direction de l’établissement, n’a pas souhaité répondre à nos questions. En déplacement à Tarascon à la suite de cet incident, Stéphane Bredin, le directeur de l’administration pénitentiaire, ainsi que le directeur inter-régional, auraient cependant assuré que des travaux portant sur le système de sécurité incendie allaient être réalisés.
En attendant, cet incendie et ces dysfonctionnements inquiètent légitimement les personnes détenues et leurs proches. « La cellule était dans un état impressionnant. Même le couloir présentait de grosse trace de suie ! » témoigne un détenu. « De tels incidents vont probablement se reproduire, prédit une compagne. Surtout que les interphones ne fonctionnent pas toujours en cas de problème », ajoute-elle. Des inquiétudes partagées dans de nombreuses prisons françaises, dont les systèmes de protection incendie sont régulièrement pointés du doigt comme étant vétustes, lacunaires ou défaillants. À la prison de Villepinte l’été dernier, un homme est mort dans l’incendie de sa cellule. Une enquête de l’OIP avait révélé de nombreux dysfonctionnements, dont l’absence d’alarme incendie dans le bâtiment où le feu s’était déclenché, qui avaient retardé l’intervention des secours.
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