À peine nommé, le nouveau garde des Sceaux a fait de la paranoïa sécuritaire le cœur de sa communication. Six mois plus tard, les quartiers de haute sécurité (QHS), abandonnés en 1982 pour leurs effets déstructurants et inhumains, ressurgissent sous un nouveau nom : les quartiers de lutte contre la criminalité organisée (QLCO). Un régime d’isolement quasi-total, intrinsèquement attentatoire aux droits fondamentaux.
Vendin-le-Vieil a été la première prison à ouvrir un tel quartier en juillet 2025. Voici le témoignage d’une personne détenue, transférée dans ce centre présenté comme réservé aux “100 détenus les plus dangereux de France”.
Je suis arrivé à Vendin le 22 juillet. Je suis incarcéré depuis deux ans et je devais intégrer le module de respect [qui offre plus de liberté et d’activités que la détention classique]. Je suivais beaucoup de cours, notamment des cours d’éloquence.
Ici, il y a des grilles supplémentaires aux fenêtres, on n’a aucune lumière dans la cellule. Il y a des vitres au parloir qui coupent tout contact. J’ai donc dit à ma famille de ne plus venir me voir.
Les agents, eux-mêmes, sont surchargés, ils sont censés être 250 mais en réalité ce n’est pas le cas. Beaucoup nous ont dit qu’ils pensaient voir arriver les plus gros délinquants de France et ils se sont rendu compte que ce n’était pas du tout le cas.
Il n’y a pas de médecins spécialisés non plus. J’ai un problème au genou mais personne ne peut me prendre en charge. La médecin présente est très gentille mais est impuissante. J’aimerais aussi pouvoir consulter un psychologue mais sans succès.
Il n’y a pas de travail, aucune formation.
Aussi, on ne peut rien cantiner d’autre que des sucreries, mais on n’est plus des enfants pour manger ça. Ils veulent qu’on tombe malade ? Et quand on commande, on n’est même pas livrés.
Ici on me met les menottes à chaque sortie de cellule. Ce n’était jamais arrivé avant, je ne rentre pas du tout dans les critères pour ce type de mesures.
J’ai écrit à la Direction de l’administration pénitentiaire et à la Direction interrégionale. Je suis là sur des critères qui ne sont pas fondés.
La plupart des personnes qui ont été transférées à Vendin sont en fin de peine. On est loin d’être les 100 détenus les plus dangereux de France.
Témoignage reçu à la permanence de l’OIP le 29 juillet 2025
En savoir plus, lire l’article d’analyse sur les QLCO : Quartiers de lutte contre la criminalité organisée : quand la paranoïa sécuritaire justifie la négation des droits