Dénonçant une fouille à nu qui aurait dégénéré en agression sexuelle, un détenu de la prison de Draguignan a déposé plainte contre un surveillant en avril. Plusieurs autres personnes détenues témoignent auprès de l’OIP de pratiques abusives, opérées par une poignée de surveillants de l’établissement.
Le 8 avril 2022, Monsieur T., détenu à la prison de Draguignan, subit une fouille à nu. Lors de cette dernière, une altercation éclate entre les surveillants et le détenu, qui se retrouve plaqué au sol. À la recherche d’un morceau de cannabis, un surveillant aurait alors, selon le récit de Monsieur T., « mis sa main entre [s]es fesses au niveau de [s]on anus ».
Monsieur T. décide de porter plainte dans la foulée. Chose rare, les faits dénoncés seraient, selon son avocat, confirmés par le témoignage d’une surveillante qui, alertée par les cris du détenu, aurait assisté à la scène. Un bout de cannabis ayant effectivement été trouvé ce jour-là, Monsieur T. est ensuite convoqué en commission de discipline et sanctionné d’un placement au quartier disciplinaire. Lors de cette audience, l’avocat de Monsieur T., Me Crépin, apprend qu’une enquête serait en cours contre ce surveillant.
Selon plusieurs témoignages, certains agents de la maison d’arrêt de Draguignan seraient coutumiers de ces fouilles abusives. Outre des fouilles internes, ces derniers pratiqueraient également de nombreuses fouilles de cellule de nuit, en toute illégalité. Un détenu a notamment indiqué à l’OIP qu’un gradé s’était rendu dans sa cellule seul un soir, à 22h, pour saisir son téléphone portable.
« En commission de discipline, quand j’ai demandé à la directrice pourquoi c’était un surveillant seul qui avait ouvert ma cellule de nuit, elle est restée très évasive et a changé de sujet. Normalement, pour un téléphone, tu prends du cachot… moi j’ai eu du confinement, pour calmer le jeu. » D’après ce dernier, ces irruptions nocturnes sont fréquentes, et parfois le fait de plusieurs surveillants. Le Contrôle général des lieux de privation de liberté, en inspection sur place au mois de mai 2022, aurait également été saisi de ce type de faits.
Après sa plainte, Monsieur T. aurait, selon sa compagne, subi de nombreuses brimades, privations et intimidations, essentiellement lors de son placement au quartier disciplinaire.
« On lui a fait comprendre que c’était parce qu’il avait porté plainte », précise-t-elle.
par Charline Becker