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Pour les fêtes de fin d’année, des prisons françaises privées de chauffage

Depuis le mois de novembre, comme chaque année, l’Observatoire international des prisons (OIP) reçoit des alertes de tout le territoire pour signaler des températures très basses dans les cellules. Loin d’être réservé aux établissements anciens et vétustes, le problème concerne également des prisons « nouvelle génération », issues du dernier plan de construction du ministère de la Justice.

Depuis le 29 novembre dernier, l’OIP reçoit de nombreuses alertes sur des problèmes de chauffage au centre pénitentiaire de Troyes-Lavau, inauguré il y a tout juste un an. « Il fait froid dans tout l’établissement, de jour comme de nuit », affirme une personne détenue le 17 décembre. Tous décrivent des arrivées d’air froid par les deux souffleries installées en cellule. « Il caille trop, moi j’ai bouché les souffleries », confie Monsieur T., qui précise que l’eau chaude n’est pas non plus toujours au rendez-vous : « Par moments il n’y en a pas, par moments elle est trop chaude… Comme on ne peut pas régler nous-mêmes, pour la douche, c’est difficile. » Le problème semble se poser depuis l’ouverture de l’établissement : « J’étais là en janvier, c’était pareil ! » poursuit Monsieur T. Contactée à ce sujet, la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap) reconnaît « certains dysfonctionnements du chauffage » constatés dès décembre 2023, et qui semblent ne s’être résolus que ces derniers jours, un an après l’ouverture.

D’autres établissements n’ont toujours pas de chauffage, et ce depuis le début de l’hiver.  À la maison d’arrêt de Strasbourg, Monsieur D. alertait l’OIP dès fin novembre : « Il y a des moisissures sur les murs, je gèle, et on refuse de me donner des vêtements chauds, alors que je n’ai pas de famille, pas de visites, personne ne peut m’apporter de quoi me couvrir. » Si l’administration pénitentiaire affirme que des interventions ont permis de réparer le chauffage dans plusieurs bâtiments, il semble qu’elles ne soient toujours pas venues à bout du problème : « La moitié des coursives du bâtiment A n’a pas de chauffage. Il n’y en a pas non plus au scolaire, où la surveillante dit que pour tout le monde, ça devient difficile de travailler dans ces conditions », confirme le secrétaire local Force ouvrière pour la maison d’arrêt de Strasbourg le 20 décembre 2024. Les personnes affectées au quartier d’isolement subissent également les conséquences de l’absence de chauffage.

Même chose au centre pénitentiaire de La Santé, où encore à ce jour, les personnes détenues doivent allumer leurs plaques chauffantes et garder leurs couvertures sur elles toute la journée pour tenir bon.

Au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, « il y a bien une arrivée d’air, sauf que c’est de l’air froid. Les murs sont humides, ils commencent à s’écailler, le sol est gelé, on dort avec des gants et un bonnet », expliquait une personne détenue le 13 décembre. « Aujourd’hui quelqu’un est venu prendre la température parce qu’une célébrité va arriver : il fait 13 degrés ! »

Comme chaque année, de nombreuses personnes détenues vont donc passer les fêtes à grelotter dans leur cellule.