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Conditions de détention indignes en Guadeloupe, mais « respectueuses » de la culture locale

Désigné dans le cadre d’un recours déposé par quatre personnes détenues pour conditions d’hébergement indignes, un expert a remis un rapport alarmant sur la maison d’arrêt de Basse-Terre le 14 décembre 2011.

Construite en 1830, la maison d’arrêt est constituée « de très vastes dortoirs et de quelques cellules individuelles ». Alors que sa capacité théorique est de 130 places, l’établissement est en fait équipé de 244 lits, avec des cellules individuelles de 6,46 m2 occupées par deux personnes, et d’autres de 13,36 m2 occupées par quatre personnes. Tandis que sont affectées six à neuf personnes dans des dortoirs de 32,48 m2. Douze couchages, sous la forme de six lits superposés, y sont disposés. Dans ces dortoirs, le mobilier se résume à « une table rectangulaire en bois, huit tabourets en matière plastique » et « un placard commun à tous ». Les conditions d’hygiène sont par ailleurs déplorables. Dans l’un des dortoirs, l’expert a noté que la salle d’eau est constituée d’un « lavabo cassé sans bonde et d’une douche sans pommeau », le tout « dans un espace non carrelé » marqué par une « oraison de salpêtre particulièrement abondante ». L’expert décrit également une cellule de 6 m2 qui ne dispose pas de fenêtre : l’air et la lumière ne pénètrent qu’à travers des « lames verticales de béton orientées formant claustras », qui, selon certains prisonniers, laissent aussi passer la pluie. L’expert a par ailleurs noté l’absence de « ventilation traversière » dans les locaux de détention, ce qui engendre une température élevée malgré la présence de ventilateurs. Il a également remarqué que « le manque de prises électriques conduit les détenus à fabriquer des montages avec des rallonges et des multiprises à partir de l’alimentation de la télévision », ce qui représente un « risque réel » pour les personnes. In fine, l’ensemble des locaux de détention est qualifié de vétuste et les quelques travaux réalisés, « souvent de piètre qualité, (…) ne conduisent pas à une amélioration des lieux ». La peinture appliquée aux murs extérieurs « ne tient pas », les coursives sont « sinistres du fait de leur absence de remise en peinture », les escaliers « ne sont pas aux normes et présentent des risques de chute pour les usagers ». Dans un document remis à l’expert, l’administration pénitentiaire admet ces différents constats, mais présente en revanche comme un « atout » le « mode d’hébergement collectif » prédominant au sein de l’établissement. Même si elles sont « contraire[s] aux normes européennes », les cellules collectives « respectent une donnée essentielle de la culture caribéenne à savoir la vie communautaire » souligne-t-elle, jusqu’à estimer que ce paramètre expliquerait « la sérénité de la population pénale de Basse-Terre, parmi laquelle le nombre de tentatives de suicide et d’automutilations demeure faible ». Les détenus de Basse-Terre seront contents d’apprendre que l’entassement dans des dortoirs insalubres serait respectueux de leur culture…

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