« Les personnes détenues partagent toutes des conditions de vie dégradées du fait de l’état délabré de la plupart des cellules. La dégradation affecte les murs, souvent décrépis et humides, les sols au revêtement défaillant ou absent, les sanitaires, la fermeture défectueuse des fenêtres, la température ambiante. »
Ainsi sont décrites les conditions de détention à la maison d’arrêt de la Santé lors d’une visite en décembre 2009, relatée dans un rapport du Contrôleur général du 3 février 2012. La maison d’arrêt se caractérise également par ses deux régimes de détention : celui des « divisions », où l’encellulement individuel est de mise. « Les cellules sont toutefois si petites (6,9 m2) qu’il était vain d’y tenter d’y mettre plus d’une personne : ce paradoxe permet aujourd’hui à la Santé d’avoir une part de détenus en “individuel” plus élevée que dans toute autre maison d’arrêt », notent les contrôleurs. Ces cellules « sont équipées d’un lit métallique rabattable, qui peut être maintenu fermé contre le mur à l’aide d’un crochet. D’une longueur de 1,80 m, le lit ne permet pas aux personnes les plus grandes de s’y allonger totalement ». Y sont prioritairement affectées « les personnes appartenant à une mouvance terroriste, les détenus particulièrement signalés et celles dont la personnalité est jugée incompatible avec le régime collectif du bloc, notamment en raison de leur personnalité, de leur profil de délinquance ou de leur passé carcéral ». Dans le bloc A, les trois autres ayant été fermés successivement depuis 2004 en raison de leur vétusté, « le risque est de voir se concentrer (…) tous les “détenus sans qualités”. Le responsable du quartier relève que 40 % des détenus qui s’y trouvent ne parlent pas français ». Ils cohabitent à trois, parfois quatre dans la même cellule, sachant que dans ce bloc, la séparation des prévenus et des condamnés n’est pas respectée. Dans cet établissement hors norme, tant par sa localisation en plein centre de Paris que par la population qu’il héberge, « il existe d’évidence certaines souplesses, voulues pour compenser la dégradation des lieux, qui sont un facteur important de baisse des tensions et qui s’accompagnent de dialogues parfaitement voulus, parfois destinés à se substituer à des mesures brutales et moins pédagogiques ». Dans le bloc A, les contrôleurs ont néanmoins observé des coursives parfois « vides de toute surveillance », les personnels se regroupant au rez-de-chaussée « pour bavarder ». « Tout se passe comme si l’objectif des relations à maintenir entre personnel et population pénale n’était pas partagé par tous les agents. » Les « incertitudes prolongées sur le devenir de l’établissement », dont la fermeture était envisagée, « ont pesé lourdement sur les conditions de vie dans l’établissement, qui n’a bénéficié d’aucun investissement important ». La rénovation complète des lieux est annoncée pour 2017.