Trois décès survenus entre novembre 2012 et mars 2013 dans des établissements pénitentiaires d’Ile-de-France ont conduit l’OIP à saisir, le 14 mars 2013, l’Inspection des services pénitentiaires et l’Inspection générale des affaires sociales.
Le 2 novembre au matin, à la maison d’arrêt des femmes (MAF) de Fleury-Mérogis, une détenue est retrouvée morte à l’ouverture des cellules. La veille, elle se serait plainte à plusieurs reprises de douleurs au bras et dans la poitrine. Les personnels pénitentiaires sont alertés. Dans la soirée, le médecin de garde est appelé plusieurs fois. Occupé à la maison d’arrêt des hommes (il y aura été sollicité près d’une vingtaine de fois), il ne se déplacera pas à la MAF. Plusieurs fois dans la nuit, il semble que la codétenue ait appelé et que les personnels pénitentiaires aient contacté le médecin de garde, mais ni le centre 15 ni les secours, comme le prévoit la procédure en cas d’urgence médicale. Le 16 février au matin, un homme est, cette fois, trouvé mort à l’ouverture des cellules à la maison d’arrêt de Paris la Santé. L’autopsie montrera un hématome sous-dural. La veille, il aurait eu un malaise dans la cour de promenade, serait tombé au sol et se serait violemment cogné à la tête. Il perd alors connaissance, codétenus et surveillants le remontent en première division où, se plaignant de maux de tête, il est examiné, dans la coursive, par un médecin qui le laisse ensuite réintégrer sa cellule, sans demander d’examen complémentaire. Durant la nuit, des détenus des cellules voisines l’entendent appeler plusieurs fois et se plaindre de violents maux de tête. Les secours ne sont pas appelés.
Le 5 mars, un détenu est retrouvé pendu au quartier disciplinaire de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, où il avait été placé la veille suite à une altercation avec un membre du personnel. Il était auparavant placé au service psychiatrique de l’établissement (SMPR), en raison d’actes suicidaires répétés. L’administration pénitentiaire a-t-elle sollicité un avis médical pour le faire sortir du SMPR et le placer au quartier disciplinaire ? Si un avis médical positif a été donné, le risque suicidaire ayant justifié son placement au SMPR n’aurait-il pas dû être pris en compte ? Autant d’interrogations, voire de carences, qui posent une nouvelle fois la question de l’accès aux soins dans les établissements pénitentiaires.
OIP, coordination régionale Ile-de-France