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« La boite à lettres doit être un broyeur à papier »

Déjà en 1975, des détenus demandaient un règlement intérieur national pour qu'en cas de transfert par exemple, les conditions soient les mêmes d'un centre de détention à un autre.

Lettre ouverte

Je suis dans ma dix-septième année de détention, j’étais depuis 2001 en maison centrale. J’ai de graves problèmes de santé et comme plusieurs membres de ma famille résident dans la région de ce centre de détention récemment ouvert, on m’a conseillé de faire une demande de transfert. Il est accepté, je suis transféré en octobre 2014. Avec un paquetage de plus de 13 ans. A mon arrivée, impossible de faire l’inventaire de mon paquetage. Direction la cellule, « vos effets suivront ». Le lendemain, après plusieurs réclamations, ils me ramènent quelques affaires personnelles, le strict minimum, me disant que j’avais trop de choses et qu’ici c’est interdit, les cellules n’étant pas agencées pour autre chose que le minimum afin de faciliter les fouilles.

J’avais acheté ma télévision et un four à la centrale, je les réclame, on me répond qu’ici c’est interdit. Ici, c’est la société Sodexo qui loue la télé, le frigo et qui s’occupe des achats en cantine. J’ai 60 ans. En 1975, pendant les émeutes, nous demandions déjà un règlement intérieur national. Quelque temps après mon arrivée, j’ai demandé une audience auprès du directeur et du chef de détention. Jamais de réponse. La boîte à lettres doit être un broyeur à papier. Quand j’arrive à parler à quelqu’un de mes problèmes, on me dit : « Oui, vous avez raison » mais rien ne bouge et on me fait comprendre que ce qui est bien pour tout le monde, c’est que je reste dans ma cellule. J’y reste 23 heures par jour, sauf quand je sors en promenade pour l’heure autorisée. La douche en cellule, oui c’est bien mais cela entraîne beaucoup moins de mouvements, pas de dialogue avec le personnel, ou les responsables des bâtiments. Je vous remercie sincèrement d’avoir eu le courage de lire le courrier d’un vieux taulard qui n’avait jamais été confronté à une prison aussi inhumaine.

Personne détenue, centre de détention, février 2015