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Les cadres pénitentiaires jugent sévèrement leur administration

Une enquête salutaire permet aux cadres pénitentiaires de décrire la réalité de leurs conditions de travail.

Dans une enquête de mars 2011 réalisée par le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP), les directeurs des services pénitentiaires ou adjoints attribuent une note moyenne de 4,5/10 aux conditions matérielles de détention dans leur établissement – 21,7 % attribuent 2/10. Des actions de lutte contre la récidive ? 33 % n’en n’ont aucune à proposer aux détenus et 92 % rencontrent des obstacles dans la conduite de leurs projets locaux : manque de personnel, effectif déficitaire des services d’insertion et de probation (SPIP), parcours d’exécution de peine (PEP) au rabais, frilosité de la hiérarchie et résistances syndicales. En matière disciplinaire, près d’un directeur sur dix déclare qu’il ne « peut pas garantir la mise en œuvre de tous les droits des détenus lorsqu’il envisage de prendre une décision défavorable (respect du principe du contradictoire, information préalable, information sur le recours possible à un avocat…) ». Les directeurs évoquent également la « non réalisation de tous les contrôles de sécurité nécessaires », des entretiens avec les arrivants, ou encore « la non-vérification des conditions de travail des détenus suite aux contrôles de l’inspection du travail »… La cohérence des politiques pénitentiaires et d’exécution des peines se voit quant à elle attribuer une note de 3,8/10. « Politique de lutte contre la récidive indigente », « sous encadrement », « pauvreté de la réflexion » et « politique démagogique du fonctionnaire bouc émissaire » apportent autant d’explications à la « perte de confiance et désillusion » des cadres à l’égard de leur administration, à mettre en relation avec une vague de onze départs de directeurs de prison depuis décembre 2010, à raison d’un par mois. « L’AP doit faire face à une forte vague de départs et ne semble guère s’en émouvoir. C’est pourtant une génération de cadres de premier plan qui s’en va, une douzaine de quadragénaires dotés d’une solide expérience et qui passaient pour “l’aile réformiste” de la pénitentiaire » (Le Monde, 20 sept. 2011). Victimes eux aussi de la chape de plomb pesant sur l’institution, les directeurs ayant répondu à l’enquête du SNDP sont 74 % à regretter « de ne pas pouvoir communiquer avec l’extérieur (presse, lycées, universités) davantage qu’il ne leur est permis ». Une enquête salutaire réalisée par un syndicat sur la base de 56 réponses à un questionnaire, qui permet aux cadres pénitentiaires de décrire enfin sans plan de communication la réalité des prisons et de leurs conditions de travail.