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Edito. Les mauvais jours finiront

Le quinquennat de François Hollande s’était ouvert sur la promesse de mettre fin à « la fuite en avant vers le tout carcéral ». Il se referme sur un nouveau record historique du nombre de personnes détenues en France et sur l’annonce d’un nouveau plan de construction pénitentiaire.

Aux vieux maux, les vieilles recettes. Et aux renoncements de ce quinquennat, l’écho de nos désillusions. D’autant que les débats qui animent la campagne électorale ne sont pas pour nous donner des raisons d’espérer des jours meilleurs. Face au consensus qui, de l’extrême droite au centre, fait de la construction de nouvelles places de prison la colonne vertébrale de discours toujours plus répressifs, les partisans de la décroissance carcérale se montrent bien discrets sur la manière dont ils envisagent d’inverser durablement la courbe du nombre de personnes détenues. Pourtant, s’il y a bien une chose que nous a enseignée ce quinquennat, c’est que les bonnes intentions ne suffisent pas à sortir de la culture du tout carcéral. Dans la pauvreté des débats en matière de justice pénale et de prison, certains candidats essayent néanmoins d’occuper l’espace médiatique. Quitte à ressasser de vieilles rengaines pourtant usées jusqu’à la corde. On agite une nouvelle fois le chiffon rouge des milliers de peines qui ne seraient jamais exécutées, feignant d’ignorer qu’il s’agit en réalité de peines d’emprisonnement en cours d’aménagement – qui seront bien exécutées. On revendique une fois encore de vouloir « fixer la majorité pénale à 16 ans », laissant sciemment penser que les mineurs de 16 à 18 ans seraient aujourd’hui pénalement irresponsables. Les ficelles sont grosses mais il semble que tout soit bon à dire pour ne pas se voir accusé de laxisme, ce repoussoir qui parasite le débat politique dès que sont abordées des questions liées au système pénal. Et dans cette surenchère répressive, peu semble importer à certains candidats que leurs prises de position trahissent en réalité leur méconnaissance profonde de ces questions. « Toute personne condamnée à une peine de prison ferme (…) devra être effectivement incarcérée avant que ne soient envisagées des mesures d’aménagement de cette peine », n’hésite ainsi pas à affirmer le candidat du centre. Une proposition qui reviendrait de facto à incarcérer massivement pour de courtes durées, condamnant ainsi les perspectives de réinsertion. Où que l’on regarde, il n’y a que peu de raisons d’espérer que le prochain quinquennat sorte notre système pénal du marasme dans lequel il se trouve. Mais nos combats et nos engagements aux côtés des milliers de personnes privées de liberté n’y trouveront que plus de force et de détermination. En nous répétant, sans cesse, que tôt ou tard les mauvais jours finiront.

Par Maxime Gouache, avocat membre de l’OIP