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Nancy-Maxéville: à l’unité médicale, des « cages » en guise de salle d’attente

« Les personnels médicaux les qualifient de “salle d’attente’’, les détenus les appellent “les cages’’ », écrit l’un d’eux à l'OIP.

Au centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville, les patients – plusieurs centaines chaque semaine – attendent leur consultation médicale entassés dans des boxes de 2,5 m2. Entre trois et dix personnes peuvent s’y retrouver pour des durées allant de 10 minutes à plu- sieurs heures, dans des conditions sanitaires déplorables et une promiscuité attisant les tensions. « En théorie, il ne doit pas y avoir plus de quatre détenus dans le même boxe », indique un médecin à l’OIP. En pratique, la plupart des détenus ont fait l’expérience de s’y être retrouvés à sept, huit… dix. Debout, « comme du bétail », décrit A.F. Selon les témoignages recueillis, les délais d’attente varient, de 10 minutes à une heure pour certains, une heure à trois heures pour d’autres : « j’ai dû attendre une fois de 9 heures à midi, j’en avais assez, j’ai demandé à repartir », écrit Y.G. à l’OIP. Un médecin de l’UCSA confirme que « certains détenus peuvent attendre dans les boxes de 1 h 30 à 2 heures». Par exemple, « si huit détenus arrivent en même temps, les derniers vont patienter longtemps ».

Les murs des boxes sont « couverts de crachats» et présentent des «traces d’excréments», selon les détenus. Ils décrivent l’odeur permanente « d’urine, de tabac et de transpiration », l’absence de lumière naturelle (« pas de fenêtre sur l’extérieur »). M.V., non fumeur, rapporte que « tout le monde fume dedans, il n’y a pas de ventilation, ça pue la cigarette et la fumée ». Tous expliquent également que ces conditions d’attente sont propices à créer un climat de tension (menaces verbales ou physiques). H.T. indique avoir déjà été victime de violences physiques dans un boxe. A.F. raconte que « les insultes fusaient, j’entendais “vas-y, tape le…’’. J’ai compris que c’était préférable d’abandonner toute visite à l’UCSA, trop risqué ! ». A la finale, certains détenus renoncent à se faire soigner. Selon un médecin, « certains détenus (ils sont rares) refusent catégoriquement de se rendre à l’UCSA. D’autres partent avant d’avoir accédé à leur consultation ». S.A. explique pour sa part avoir refusé de se rendre à l’UCSA « plus de dix fois » en raison des conditions d’attente.

Le centre pénitentiaire de Nancy-Maxéville est une prison nouvelle, ouverte en juin 2009. Force est de s’interroger sur le peu de cas fait de l’accès aux soins dans la conception de cet établissement. Un médecin déplore à cet égard qu’il n’existe « pas d’autre salle au sein de l’UCSA qui pourrait remplacer les boxes d’attente ». Alertés par le Contrôleur général en 2012, le ministre des Affaires sociales et de la Santé et le garde des Sceaux avaient assuré que le problème serait traité lors du comité de coordination santé-justice, prévu en septembre 2013. Six mois plus tard, la réunion de ce comité n’a toujours pas eu lieu, selon l’Agence régionale de santé de Lorraine. Devant l’absence de réponse donnée par les autorités, l’OIP a décidé de former un recours auprès des juridictions administratives.

OIP