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Pas aux normes, le bâtiment principal de détention reste ouvert

Maison d’arrêt de Varces : la commission préfectorale avait pourtant donné un avis défavorable à la poursuite de l’exploitation de ce bâtiment

Dans une décision du 27 juin 2011, confiée par le Conseil d’État le 21 septembre, le tribunal administratif de Grenoble a rejeté pour « défaut d’urgence » la demande de l’OIP visant à obtenir la fermeture du bâtiment principal de détention dans l’attente de sa remise aux normes de sécurité incendie. En mai 2007, la commission préfectorale chargée de la sécurité incendie avait donné un avis défavorable à la poursuite de l’exploitation de ce bâtiment, dans lequel se trouvent la plupart des cellules. Pour étayer ses préconisations, la commission estimait que les défaillances de la sécurité étaient suffisamment lourdes pour l’amener « à redouter l’enchaînement des étapes suivantes en cas d’incendie » : « possibilité de développement rapide du sinistre du fait de l’existence de zones à fort potentiel calorifique non isolées », « propagation rapide et généralisée des fumées et gaz de combustion dans les étages via les cages d’escaliers, d’ascenseurs et les gaines techniques », « difficulté à enrayer la propagation du sinistre du fait du sous-dimensionnement et de la vulnérabilité des moyens de secours » et pour finir, « impossibilité de transférer les détenus vers une zone de mise à l’abri du fait de l’absence de tout désenfumage et de protection des volumes de dégagement ». La crainte d’un tel scénario devait s’avérer pleinement justifiée. Le 28 septembre 2008, suite au meurtre d’un détenu tué par balle depuis l’extérieur de la prison, les ateliers avaient été incendiés et les fumées s’étaient propagées aux bâtiments de détention, situés au-dessus des ateliers, par l’extérieur via les fenêtres, mais aussi par l’intérieur du bâtiment. L’absence totale de dispositif d’évacuation des fumées avait entravé et retardé le travail des secours. Selon un compte-rendu de l’incident rédigé par le direction de la maison d’arrêt, c’est en raison de l’« épaisseur » et de la « toxicité » des fumées que « l’hypothèse de l’évacuation de l’ensemble des détenus » envisagée par la cellule de crise mise en place, avait été « abandonnée ». Cet épisode n’a pas conduit l’administration à prendre les mesures nécessaires.

Tout comme un autre événement survenu le 25 décembre 2009, M.M. étant décédé dans l’incendie qu’il avait déclenché dans sa cellule du quartier disciplinaire. Ce quartier, qui venait pourtant d’être entièrement rénové, étant dépourvu de tout système de détection, l’incendie n’a été découvert que par l’agent en poste au mirador, lequel a ensuite répercuté l’alerte. Les personnels pénitentiaires n’ont pu extraire eux-mêmes le détenu de sa cellule, la fumée ayant rapidement « envahi le couloir », comme l’a relevé un témoin de la scène entendu dans le cadre de l’enquête, précisant que « sans masque, cela était impossible d’accéder à l’extrémité du couloir où se trouvait la cellule ». Ce sont finalement les pompiers, dépêchés sur les lieux, qui ont extrait trop tardivement le détenu de sa cellule.