« La prison concentre les usagers de drogue et elle ne constitue pas un outil répressif efficient de la réduction des risques. »
Telles sont les conclusions d’une enquête conduite par le médecin responsable de l’UCSA au centre pénitentiaire (CP) de Liancourt en janvier 2011, à laquelle 54,4 % des 700 détenus du CP ont répondu. Le premier constat est connu : « L’incarcération n’empêche pas la poursuite de l’usage de drogues : 40,4 % des répondants consommaient avant l’incarcération et poursuivaient cet usage à l’intérieur de la prison. » L’enfermement « ne préserve pas non plus la population carcérale de l’expérimentation de stupéfiants », puisque 9,2 % des répondants se sont initiés en détention à des drogues « jusqu’alors non testées ». Second constat : les drogues avec effet anxiolytique « sont les plus consommées en détention ». Les détenus chercheraient ainsi « à compenser un univers carcéral apparaissant hostile, surpeuplé, violent, favorisant les situations de stress ». Le médecin suggère que « les facteurs renforçant la consommation de stupéfiants en détention [soient étudiés] de manière plus spécifique afin que les politiques de prise en charge de ces usagers ne se limitent pas à une répression qui apparaît aussi inefficace à l’extérieur qu’à l’intérieur de la détention ». Et rappelle que le principe de l’équivalence des soins prévu par la loi depuis 1994 n’est en ce domaine pas respecté, puisque « les programmes d’échange de seringues à destination des usagers de drogues intraveineux, inscrits dans la loi n° 2004-806 du 9 août 2004, dont les bénéfices sur la transmission du VIH et des hépatites sont avérés, n’ont pas été mis en place en France en milieu carcéral ».
Olivier Sannier et al., Réduction des risques et usages de drogues en détention : une stratégie sanitaire déficitaire et inefficiente, Presse Med, 2012.