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Caen : formation professionnelle en péril au centre pénitentiaire

Au centre pénitentiaire de Caen, l’imprimerie associative Artec assure depuis 1985 une formation professionnelle qualifiante. Ses activités sont aujourd'hui menacées, faute de financements.

Née en 1985 à l’instigation de Robert Badinter et d’acteurs locaux, l’Artec forme les détenus au métier de l’imprimerie, et leur propose un lien privilégié avec l’extérieur. « C’est une structure particulière, un dehors en dedans. C’est un pied dans le monde réel », raconte ainsi l’un d’entre eux. Mais les activités de l’association sont aujourd’hui menacées. Car si l’Artec vend ses marchandises et les productions issues des formations, ses charges d’exploitation restent importantes et l’association dépend du soutien des pouvoirs publics. En 2014, la responsabilité de la formation professionnelle est transférée de l’État aux régions. Jusqu’en 2016, la région Normandie continue de soutenir l’association, avec une subvention avoisinant les 45 000 euros par an. Ces sommes permettent à l’éco-imprimerie d’acheter du matériel de qualité, afin de former les détenus aux meilleures techniques de la profession. À partir de 2017, la Région notifie cependant à l’association l’arrêt total de son soutien. Il ne serait plus possible de subventionner directement l’association sans passer par un appel d’offre, le champ de la formation ayant été ouvert à la concurrence. Problème : l’appel d’offre lancé fin 2017 contient certes un lot pour la prison de Caen mais pour une formation d’agent de propreté et d’hygiène. Pour les responsables régionaux, il n’existerait pas de besoins des entreprises pour les métiers de l’imprimerie. Pourtant, les « opérateurs-détenus » trouvent tous du travail à leur sortie de prison. Et l’association affiche un taux de réussite de 95 % au BEP et de 100 % au Bac professionnel. Mais la Région préfère miser sur des formations pré-qualifiantes pour les détenus des maisons d’arrêt, et qualifiantes mais moins coûteuses pour les établissements pour peines. Le Président d’Artec, Jean-Baptiste Delaby tire donc la sonnette d’alarme : sans soutien, l’association risque d’être en cessation des paiements dès le mois de juin 2018.

Par Mathieu Francès

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