En juillet 2014, Jennifer S. vient rendre visite à son compagnon incarcéré à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône, où il attend son procès. Ce jour-là, Madame S. tente de faire passer à son compagnon des photos d’elle dénudée ainsi que des médicaments. Ils lui sont confisqués et un courrier du chef d’établissement vient lui notifier la suspension provisoire de son permis, dans l’attente d’une décision du procureur général du TGI de Lyon. Problème, ce magistrat n’est pas compétent et le directeur aurait dû saisir le procureur de Saint-Étienne, juridiction dont dépend l’affaire de son compagnon. Un mois plus tard, sans qu’aucune précision ne lui soit apportée, Jennifer S. peut à nouveau bénéficier de ses parloirs. Début septembre 2014, Madame S. tente à nouveau d’introduire des photos d’elle dénudée lors d’une visite. Son permis est de nouveau suspendu et le chef d’établissement explique cette fois avoir transmis l’information au procureur de Saint-Étienne. Le 4 novembre, Madame S. est informée par un appel du service des parloirs de la maison d’arrêt que son permis de visite est définitivement supprimé. Mais le lendemain, en réponse à un courrier qu’elle avait adressé au procureur qui n’avait jusqu’alors pas donné signe de vie, ce dernier l’informe que son permis de visite est suspendu pour une durée de trois mois. Jennifer S. n’y comprend rien. Elle écrit au chef d’établissement afin d’obtenir des explications, mais n’obtient pas de réponse. À l’échéance de la suspension de trois mois, elle tente de réserver un nouveau parloir, mais reçoit une fin de non-recevoir au motif que son permis a été supprimé. C’est à la suite d’un fax de l’OIP dénonçant cette situation kafkaïenne que le procureur de Saint-Étienne demandera à la maison d’arrêt de rétablir le droit de visite de Madame S. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En février 2015, Madame S. est de nouveau sanctionnée après avoir été soupçonnée d’avoir eu une relation sexuelle avec son conjoint lors d’un parloir. Le directeur suspend provisoirement son permis de visite et en informe le procureur de Lyon – celui-là même qui n’est pas compétent – qui le suspend définitivement. Son permis, Madame S. le récupérera quelques semaines plus tard auprès du procureur de Saint-Étienne, à la suite du transfert de son conjoint à la maison d’arrêt de La Talaudière, en vue de son procès. Là, elle ne rencontrera aucun problème… Ils ne ressurgiront qu’au retour de son compagnon à Villefranche. En octobre 2015, ce dernier est contrôlé à la sortie du parloir avec des bonbons à la menthe dans sa poche. Il indique les avoir cantinés pour les offrir à sa fille. Peine perdue : la direction suspend à nouveau le permis de visite de sa compagne, en invoquant des articles du code de procédure pénale abrogés, en indiquant un mauvais numéro d’écrou et en en référant au procureur général de Lyon. Qui n’est toujours pas compétent.
par Amid Khallouf