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Fleury-Mérogis : le plan de rénovation s’achève sans parloirs « intimes » à la maison d’arrêt des hommes

Les quelques huit mille détenus qui séjournent chaque année à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, plus grande prison de France, devront se passer d'Unités de vie familiale (UVF) et de parloirs familiaux (PF). La loi pénitentiaire du 24 novembre 2009 en a prévu la généralisation, faisant de l'accès à ces visites qui préservent l'intimité un droit pour tout prévenu ou condamné incarcéré. Néanmoins, le programme de rénovation de Fleury-Mérogis ne les a pas intégrés.

Interpellée par l’OIP, l’administration pénitentiaire a répondu le 22 juin 2015, que le programme de rénovation de la maison d’arrêt des hommes (MAH), pratiquement achevé, « a été défini et validé antérieurement à l’adoption de la loi » pénitentiaire. Il « se caractérise par de fortes contraintes techniques et budgétaires qui n’ont pas permis en définitive d’envisager l’intégration d’un bâtiment dédié aux UVF ». Le bâtiment B, dont la rénovation s’est achevée en juin 2015, n’inclut donc que des parloirs classiques divisés en boxes fermés avec portes vitrées, sans plus d’intimité que les anciens. Les projets de rénovation de la maison d’arrêt des femmes et du centre de jeunes détenus, sont quant à eux « encore en phase d’étude », sans que l’on sache à l’heure actuelle quel type de parloirs y seront reconstruits.

Fleury-Mérogis accueillait au 1er juin 2015 4 169 personnes, dont 253 femmes et 119 mineurs, pour un temps moyen d’incarcération de quatre mois.

© APIJ. Le couloir des nouveaux parloirs à la prison de Fleury-Mérogis.

Au mois de mai 2015, seuls 34 établissements pénitentiaires sur 188 étaient dotés d’UVF et/ou de parloirs familiaux, dans lesquels les rencontres se déroulent sans surveillance directe et où les relations sexuelles sont possibles. Plus de cinq ans après la promulgation de la loi pénitentiaire, le droit pour tout détenu de bénéficier de ce type de visite au moins une fois par trimestre est loin d’être appliqué. Pour les prochaines années, l’administration pénitentiaire a choisi de prioriser « l’équipement des établissements pour peine », expliquant dans sa réponse à l’OIP que « l’accomplissement des longues condamnations » doit « se dérouler dans le souci particulier du maintien des liens familiaux ». Les prévenus et condamnés des maisons d’arrêt, bien qu’ils représentent plus de 60 % des détenus, devront donc attendre encore plusieurs années pour voir la loi appliquée.

Pour rappel, l’article 36 de la loi pénitentiaire n°2009-1436 du 24 novembre 2009 :

Les unités de vie familiale ou les parloirs familiaux implantés au sein des établissements pénitentiaires peuvent accueillir toute personne détenue. Toute personne détenue peut bénéficier à sa demande d’au moins une visite trimestrielle dans une unité de vie familiale ou un parloir familial, dont la durée est fixée en tenant compte de l’éloignement du visiteur. Pour les prévenus, ce droit s’exerce sous réserve de l’accord de l’autorité judiciaire compétente.