Dans la maison d’arrêt de Nanterre, où la surpopulation atteint des records, les cellules prévues pour deux accueillent souvent trois personnes. Une personne détenue témoigne, auprès de la permanence de l'Observatoire international des prisons, de son quotidien dans 9m² surpeuplés, sans intimité, où les tensions s’accumulent, l’hygiène se dégrade et les perspectives s’amenuisent. Un appel à sortir du cauchemar.
« Être à trois en cellule de deux empêche chacun de se mouvoir librement. Chacun doit rester dans son lit pour manger, la table n’étant accessible qu’à deux. Le premier à se lever pour aller aux toilettes dérange les autres, d’autant plus qu’il n’y a pas la moindre intimité : le matelas posé au sol donne sur les WC. Seules les deux portes battantes cachent un peu lorsqu’on s’y rend.
Il y a de nombreuses tensions : avec le manque de rangement, nous confondons nos affaires. Des conflits peuvent éclater à propos de rien, comme le programme télé, ou encore si quelqu’un réveille l’autre en pleine sieste […]. Le soir, avec le son de la télévision, on ne peut s’endormir qu’une fois que le dernier qui la regarde l’éteint.
La cellule ne peut pas être entretenue puisque le matelas au sol gêne tout déplacement, ce qui favorise les nuisibles comme les cafards.
Impossible d’avoir une conversation au téléphone sans que les autres ne soient présents, on ne peut donc pas dénoncer les vols ou les problèmes vécus avec les autres co-détenus.
Au niveau du bâtiment, les cris sont assourdissants, tant les gens en ont marre d’être les uns sur les autres. Et à l’heure du repas, le matelas, situé juste à l’entrée, gêne l’accès quand les plateaux sont distribués, on finit par se marcher dessus pour récupérer le nôtre.
Malgré la surpopulation au quartier vulnérable, il n’y a pas plus d’activités, et le scolaire étant débordé, je ne peux pas poursuivre mes études. Les délais de traitement des dossiers par l’administration pénitentiaire, notamment la conseillère d’insertion et de probation, s’allongent. J’ai donc peur que ma demande d’aménagement de peine soit traitée tardivement.
Si vous pouvez en parler à la directrice de l’établissement pour qu’elle fasse accélérer mon transfert en centre de détention (CD)… Je ne demande qu’à passer en CD pour oublier le cauchemar de la surpopulation carcérale à 3 en cellule de 9m2. »