Vingt-deux jeunes sont actuellement incarcérés au quartier des mineurs du centre pénitentiaire de Remire-Montjoly pour une capacité de quatorze places. Une suroccupation qui vient aggraver des conditions de détention déjà particulièrement dégradées dans cette prison guyanaise.
Afflux de nouveaux arrivants, diminution temporaire du nombre de places : le quartier des mineurs de la prison de Remire-Montjoly est confronté à un effet-ciseau. En conséquence, vingt-deux jeunes de 14 à 17 ans y sont aujourd’hui incarcérés, pour quatorze places disponibles, et une douzaine d’entre eux occupent à deux des cellules individuelles. Les incarcérations de mineurs ont en effet augmenté, ces dernières semaines, alors que des cellules sont fermées pour travaux depuis juin afin d’y aménager des douches. Un projet qui était en souffrance depuis 2019, quand le juge des référés du tribunal administratif de Guyane, saisi par l’OIP, avait ordonné des mesures pour sauvegarder la dignité des personnes détenues.
En attendant la fin des travaux, les mineurs incarcérés n’ont accès à une douche qu’en cour de promenade, dans des conditions qui ne respectent pas leur intimité. « J’ai dû marcher en crabe face au mur pour éviter de le voir nu », raconte une intervenante qui traversait la cour au moment où un jeune était en train de s’y doucher. Accentuant ces conditions indignes, les jeunes incarcérés ne disposent pas de ventilateurs dans les cellules pour faire face aux températures très élevées qui sévissent en cette saison.
« Actuellement, les rares structures de placement alternatif existant en Guyane sont elles aussi saturées. La prison devient une impasse où les mineurs qu’on ne peut mettre ailleurs végètent, sans solution de sortie ni d’aménagement de peine », regrette Arnaud Magagna, secrétaire régional du SNPES-PJJ en Guyane. Hormis les quelques places déléguées au groupe SOS en foyer collectif, en lieu de vie et d’accueil (LVA) et en centre éducatif renforcé (CER), aucun centre d’hébergement ou d’insertion adapté n’est proposé par l’État, qui ne gère qu’une vingtaine de places en familles d’accueil.
Or, en détention, l’accompagnement des mineurs est loin d’être suffisant : deux éducatrices sont actuellement en poste au lieu de quatre, et il n’y a plus de psychologue pour les mineurs depuis trois ans, déplore Timothée Bonnifay, médecin coordinateur de l’unité sanitaire du centre pénitentiaire. À défaut, ils ne peuvent solliciter que la psychologue qui intervient déjà seule pour les 1 085 majeurs détenus.
Au lendemain de la Journée internationale des droits de l’enfant, force est de constater qu’ils ne sont pas garantis à la prison de Remire-Montjoly.
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