Si, pour ce second confinement, les proches des personnes détenues peuvent continuer de leur rendre visite aux parloirs, ils restent cependant dans l’incertitude quant aux moyens de prouver le motif de leurs déplacements. Aucun justificatif n’est pour l’instant mis à leur disposition de manière systématique et il n’est pas toujours évident d’en obtenir de la part des différents services pénitentiaires.
Vendredi 30 octobre, Madame G. oscille entre joie et inquiétude : son parloir, prévu le lendemain avec son compagnon à la prison de Tarascon, est maintenu. Mais, en cas de contrôle, Mme G. ne dispose d’aucun moyen de justifier ni de la date de son parloir, ni même du simple fait que son conjoint est actuellement détenu. « Les bornes de la prison sont fermées, j’ai réservé mon parloir au téléphone : je n’ai aucune preuve de cette réservation », détaille Mme G. En effet, lorsque les parloirs sont réservés via les bornes prévues à cet effet dans les prisons, les familles reçoivent un ticket, lequel pourrait servir de preuve en cas de contrôle. Mais une grande partie de ces bornes ont été fermées pour des raisons sanitaires, et d’autres devraient encore l’être dans les jours à venir, avec les fermetures successives des différents accueils familles. Ne reste alors que le téléphone pour réserver les parloirs : une méthode qui ne permet pas de fournir de justificatifs aux visiteurs. « J’ai bien tenté d’appeler le CPIP [Conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation] vendredi pour qu’il m’envoie un mail de confirmation. Je n’ai pas réussi à les joindre… », poursuit Mme G. – qui a donc pris la route munie de son attestation mais sans justificatif.
Arrivée sur place, Mme G. retente alors de demander un justificatif : sans succès. « J’ai demandé une copie de mon permis de visite aux surveillants : on me l’a refusé, explique-t-elle. Alors qu’à Paris, j’avais mon permis de visite en main, ici ça ne semble pas être possible… ». Même refus lorsqu’elle parvient finalement à joindre le CPIP, ce lundi 2 novembre, et lui demande une attestation de la présence de son compagnon au centre pénitentiaire. In fine, Mme G. n’est pas parvenue à obtenir le moindre document de la part de l’établissement pénitentiaire. « Aujourd’hui, j’ai demandé à un policier comment justifier mes prochains déplacements : il m’a confirmé qu’à ses yeux, je devais absolument avoir un document de la prison certifiant que mon proche y est détenu. Je ne sais plus comment faire, c’est le serpent qui se mord la queue », s’exclame Mme G.
Dans l’attente de consignes claires adressées à l’ensemble des établissements leur enjoignant de fournir des justificatifs aux familles, ces dernières courent donc pour le moment le risque d’être abusivement verbalisées sur la route des parloirs.
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