Réservées aux personnes en attente de jugement ou condamnées à de courtes peines, les maisons d’arrêt sont les prisons les plus touchées par la surpopulation. Dans certains établissements anciens, les conditions de vie sont particulièrement éprouvantes.
Dans la maison d’arrêt où je suis détenu, je partage ma cellule avec un codétenu et dispose de 3 m2 d’espace vital. La cellule n’est pas équipée de VMC, les toilettes ne sont pas cloisonnées jusqu’au plafond et n’ont pas de porte. Je dois manger à 1 m 50 du WC et les odeurs stagnent dans la cellule. Je me sens rabaissé de devoir faire mes besoins en présence d’un codétenu. La cellule est sombre du fait de la pose de caillebottis et du système de barreaudage. Les fenêtres ne sont pas étanches. La table mesure 90 cm, soit 45 cm par personne, c’est peu pour les repas.
Au sein de cet établissement, on ne perçoit ni rouleaux de papier toilette ni sac poubelle. On doit cantiner. On reçoit une éponge et deux flacons d’eau de javel par mois. Cependant, le kit de nettoyage se donne rarement, il faut le demander. Dans la cour de promenade, il n’y a pas de banc pour s’asseoir, pas non plus d’urinoir ou WC. On ne peut pas jouer au foot ou au ballon durant la promenade, et il n’y a pas de barre de traction. Le préau est trop petit pour abriter les personnes détenues. On n’a pas le droit de disposer de journaux ou de lire en promenade. Tous les jours, il y a sondage des barreaux à partir de 14 h, y compris le week-end. Impossible de faire une sieste, d’écouter la télé ou de lire. Je suis non-fumeur et on m’a mis avec un fumeur. L’encellulement individuel devrait être respecté en maison d’arrêt.
En matière de soins dentaires, le dentiste intervient une demi-journée par mois. Pour le dermatologue, on a cinq mois d’attente, même en cas d’urgence. L’établissement ne dispose pas d’un monte-charge et encore moins d’ascenseur. Il n’y a que des escaliers. Or l’école, l’unité sanitaire, la bibliothèque, la salle de musculation et la salle de culte se situent au deuxième étage. Les personnes à mobilité réduite incarcérées n’y ont donc pas accès. On m’a refusé une copie du règlement intérieur.
Par R. M.
Des conditions de détention qui varient selon l’établissement
Le parc carcéral français se compose de 186 établissements pénitentiaires, d’une très grande diversité de taille, architecture, ancienneté, etc. Parmi eux, 82 sont des maisons d’arrêt et 50 comportent des quartiers « maison d’arrêt » *. Ils abritent la majorité de la population détenue (68,4 %) et sont les plus surpeuplés, avec un taux moyen d’occupation de 139 % (au 1er janvier 2018). Les établissements pour peine, parmi lesquels il faut distinguer les centres de détention (censés être orientés vers la réinsertion) et les maisons centrales (au niveau de sécurité renforcé) ne sont pas touchés par la surpopulation. L’encellulement individuel y est davantage respecté, et dans les établissements les plus récents, les personnes disposent de toilettes et douches individuelles en cellule. Le problème dans ces établissements est moins l’insalubrité que la raréfaction des rapports humains, la façon dont ils sont conçus limitant les interactions entre prisonniers mais aussi entre prisonniers et personnels pénitentiaires. Ainsi, une personne détenue au centre de détention de Rennes-Vezin écrivait à l’OIP : « Cette prison est neuve mais la chaleur humaine y est quasi inexistante contrairement à une ancienne prison (Évreux) où j’ai été incarcéré il y a dix ans. » – OIP-SF
* Selon le tableau de bord 31 octobre 2016 de l’administration pénitentiaire.