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Reconfinement partiel à la prison de Nancy : témoignage

Alors qu’un cas de Covid-19 vient d'être confirmé parmi les personnes incarcérées à Nancy, les détenus de deux étages entiers de la prison ont été subitement confinés en cellule, sans aucune sortie possible, même en cours de promenade. Une annonce brutale et dépourvue de toute préparation et explication, qui laisse les détenus anxieux et démunis. Témoignage*.

« Jeudi 6 août 2020 aux alentours de 17h, au bâtiment centre de détention (CD) du centre pénitentiaire de Nancy-Maxeville, les surveillants sont venus notifier aux détenus qu’ils seraient confinés pour une période de sept jours, et ce, pour tout le bâtiment. Tout le monde a été enfermé dans sa cellule à 17h, pour la raison qu’un détenu aurait été testé positif au Covid-19. Les surveillants ont annoncé une période minimum de sept jours, avec une possibilité d’allongement de ce délai.

Cette période de confinement pour tout le bâtiment signifie pour les détenus : pas de promenade, pas de travail, pas de cabine téléphonique, pas de parloirs (en CD, les parloirs sont le week-end). Donc toute personne qui a déjà prévu un parloir pour ce week-end en sera privé, et n’aura probablement pas la possibilité de prévenir ses proches de cette annulation, vu que la cabine est inaccessible. Il devrait, selon les surveillant, y avoir un test Covid-19 sur chaque détenu durant cette période de confinement.

Vendredi 7 août, l’annonce du chef d’établissement a été distribuée par écrit à chaque détenu aux alentours de 11h du matin. Il est écrit : « En raison d’un cas avéré de Covid au sein de la population pénale du centre de détention, les personnes détenues des deuxième et troisième étages sont confinées. Une campagne de tests sera réalisée le mercredi 12 août 2020 par les services de santé pour l’ensemble des personnes détenues des étages confinés. Dans l’attente, tous les mouvements sont bloqués (promenade, travail, parloirs, etc.). J’encourage toutes les personnes détenues à se soumettre aux tests ce qui permettra de revenir rapidement à une situation normale. Je suis conscient de la lourdeur de ces contraintes, mais ces mesures sont nécessaires afin d’éviter une propagation plus importante et un risque de confinement généralisé. »

Cette annonce a laissé les détenus dans le flou, nerveux, sans qu’il n’y ait aucun surveillant présent sur les coursives pour répondre à leurs interrogations, ni même un appel interphone général, qui aurait pu calmer les détenus.

De plus, ce vendredi est le jour de la distribution des cantines, qui sont livrées généralement entre 8h et 10h du matin. Sans aucune explication ni appel général à l’interphone par les surveillants, elles ont été livrées à 11h45, ce qui a rendu l’atmosphère encore plus tendue, les détenus pensant qu’ils n’allaient pas être livrés. Ceux qui ont manifesté leur colère en criant dans leur propre cellule n’ont pas été livrés, et ce sans aucune explication (c’était en réalité par mesure de sécurité). Il se trouve que quand les détenus tentent de parler aux surveillants derrière leur porte, même d’une manière correcte, les surveillants ne répondent pas. Ensuite, toujours sans explication ni appel généralisé depuis l’interphone, ni même par un appel oral d’un surveillant depuis la coursive (cela se fait en général quand il y a une panne d’interphone), le repas n’a pas été pas apporté à midi, l’heure habituelle. Il a été distribué à 13h30, laissant encore les détenus dans le flou, sans savoir s’ils pourraient se restaurer ou pas. Le repas a été livré dans des barquettes, dans des quantités deux fois moindre que d’habitude, et apporté par des surveillants cagoulés et casqués. »

*Ce témoignage a été adressé à l’OIP de manière anonyme, en deux parties, jeudi 6 et vendredi 7 août. Contactée par l’OIP, la direction de l’établissement a confirmé les mesures de confinement et annoncé la réalisation de tests par l’Agence régionale de santé à partir du 12 août. Elle affirme également que les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation ont prévenu les proches ayant rendez-vous de l’annulation des parloirs pour le week-end.