« Dans les parloirs, depuis le début du Covid d’énormes tables faisant la largeur de la cabine et plus d’un mètre de longueur nous séparent. Il est impossible de se rapprocher à moins d’aller de l’autre côté de la table, au risque de se faire annuler le permis de visite », déplorait, le 17 mai dernier, la conjointe d’un homme incarcéré au centre de détention de Muret.
Comme elle, plusieurs familles de détenus ont contacté l’OIP pour dénoncer la présence de ces tables qui les privent de contacts physiques avec leur proche. Initialement installées pour veiller au respect des gestes barrières, elles n’ont pas été retirées par l’administration pénitentiaire, quand toutes les autres restrictions ont été levées. Et les consignes semblent varier d’un surveillant à l’autre : alors que certains accepteraient que les prisonniers et leurs proches se tiennent la main, d’autres l’interdiraient strictement. L’incompréhension est d’autant plus grande que depuis plusieurs mois, les retrouvailles seraient possibles, sans restriction particulière, au sein des unités de vie familiale ou des parloirs familiaux.
Interrogés par les proches de détenus à ce sujet, des surveillants auraient justifié la présence de ces tables par la nécessité d’éviter les trafics. « Mais nous ne voyons pas en quoi des tables éviteraient cela, d’autant plus que les détenus sont fouillés après chaque parloir », commente une visiteuse.
Après plus de deux ans de restrictions, cette situation est intenable pour les familles, qui viennent parfois de loin pour pouvoir retrouver leur proche. « Je fais 1400 kilomètres aller-retour chaque mois pour lui rendre visite, mais sans pouvoir le serrer dans mes bras, c’est très difficile », témoigne la conjointe d’un détenu.
Contactée, la direction de la prison de Muret confirme la présence de ces tables, affirmant toutefois qu’elles « n’empêchent aucunement un contact physique entre la personne détenue et son visiteur ». Elle indique néanmoins que ces tables vont être prochainement « remplacées », sans s’engager sur une date précise.
par Louise Brault