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Violences au parloir de Toulouse Seysses : un surveillant placé en garde à vue

Le 14 mai, un surveillant a été placé en garde à vue à la gendarmerie de Muret et présenté devant le juge le lendemain à la suite de violences commises sur des personnes incarcérées au centre pénitentiaire de Toulouse Seysses. Une nouvelle affaire qui révèle la persistance des violences pénitentiaires, six ans après la sortie du rapport de l’Observatoire international des prisons (OIP).

Un surveillant du centre pénitentiaire de Toulouse Seysses a été placé le 14 mai en garde à vue par la gendarmerie dans le cadre d’une enquête judiciaire diligentée par le Procureur de la République de Toulouse. La direction de l’établissement avait saisi le procureur, à la suite de plusieurs alertes reçues de la part d’un membre du personnel pénitentiaire et de plusieurs personnes détenues concernant des violences subies par ces dernières à l’occasion de leur passage au service du parloir de l’établissement. D’après leurs témoignages, ces agressions physiques, qui se déroulent depuis plus d’un an, seraient le fait de cet agent pénitentiaire connu pour ses accès de violence. Malgré les alertes à la direction de l’établissement au cours des six derniers mois, plusieurs témoins ont constaté que l’agent était toujours en poste au service du parloir. Dans une réponse à l’OIP, la Direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) de Toulouse se dit « parfaitement conscient[e] de la gravité des faits ».

La lecture du procès-verbal d’audition d’une personne incarcérée, convoquée en commission de discipline en novembre 2024, illustre la gravité des faits qui sont reprochés au surveillant mis en cause : « Je suis venu au parloir avec ma casquette […] au moment de récupérer ma carte le surveillant m’a dit de fermer ma gueule […] il m’a ramené dans la salle de fouille, il m’a jeté par terre. Et là c’était un déferlement de haine, il m’a étranglé, il m’a mis des coups, et j’ai rien compris. Il m’a tapé ma tête dans le sol […] Après, devant le PCI[1], j’ai perdu connaissance parce qu’ils m’ont étranglé ». D’après une source pénitentiaire, la personne aurait en effet subi de nouvelles violences lorsqu’elle a été conduite au quartier disciplinaire, et l’accès à son avocat pour déposer plainte et à l’équipe médicale pour faire constater ses blessures lui aurait été bloqué. L’administration pénitentiaire l’a ensuite rapidement transféré dans un autre établissement.

L’ampleur des violences dénoncées s’inscrit dans un contexte dégradé au service du parloir de Toulouse Seysses : en dépit de plusieurs demandes écrites de la part du personnel, le service était privé d’encadrement depuis deux ans, et il aura fallu l’oubli d’une personne détenue pendant 20 heures dans un box du parloir en septembre 2024 pour qu’une mission d’inspection exige l’affectation d’un gradé dans l’équipe. Mais le poste n’est pourvu qu’à mi-temps et est à nouveau vacant depuis près de deux mois, en raison du non-remplacement du gradé, en arrêt depuis le mois de mars.

Si quelques personnes détenues ont déposé plainte, d’autres ont choisi d’y renoncer, craignant les représailles éventuelles du personnel pénitentiaire et les répercussions possibles sur l’exécution de leur peine : « Il a peur que les agents soient contre lui s’il parle. Il préfère fermer les yeux et sortir le plus vite possible », explique la compagne d’une victime. Cette crainte des représailles de la part des détenus, tout comme celle des pressions et mises à l’écart de la part des surveillants, personnels soignants et intervenants en détention, explique l’omerta autour des violences commises par des personnels pénitentiaires. Bien que ne relevant que d’une petite minorité d’agents pénitentiaires, les situations de violences commises sur des personnes détenues se perpétuent donc, dans un contexte de surpopulation carcérale et de dégradation continue des conditions de détention.

Six ans après la publication de son rapport « Omerta, opacité, impunité – enquête sur les violences pénitentiaires sur les personnes détenues », l’OIP tire à nouveau la sonnette d’alarme au regard, année après année, de la récurrence des témoignages dénonçant des violences subies ou constatées, et de l’incurie des pouvoirs publics à s’attaquer au phénomène.

Contact presse : Sophie Deschamps – 07 60 49 19 96 – sophie.deschamps@oip.org

[1] Poste de centralisation de l’information