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Conférence de consensus sur la prévention de la récidive

Contribution de l’OIP à la conférence de consensus sur la prévention de la récidive. Audition du 21 novembre 2012.

Il y a une sorte de préalable aux interrogations sur la prévention de la récidive : prendre la mesure des parcours de ceux qui sont condamnés par la Justice pénale aujourd’hui. Ils sont avant tout marqués par une « précarité des liens affectifs » à laquelle s’ajoute « une forte précarité économique et sociale » amplifiée « par un sentiment d’inutilité et de « non appartenance », d’absence d’alliances avec d’autres ». L’incarcération étant « souvent le résultat d’un long processus de désaffiliation » par lequel peu à peu ils « s’éloignent de tous systèmes et de tous liens sociaux » après avoir cumulé « les échecs et les handicaps », ils vivent « en marge et ou en rupture avec les institutions » en lesquelles ils ont perdu toute confiance1. Une enquête de 20002, a établi notamment que 47 % des pères de détenus sont ouvriers, 16 % sont artisans ou commerçants ; leurs mères sont soit inactives (54 %), soit le plus souvent ouvrières ou employées. La relation « entre les détenus et leurs parents est fragile. Plus d’un détenu sur dix ne déclare pas la profession du père, ce qui peut signifier qu’il ne l’a pas connu ». Leur départ du domicile parental a souvent été précoce : un détenu
sur sept est parti avant 15 ans ; la moitié avant 19 ans. Ils n’ont généralement pas fait d’études (plus du quart ont quitté l’école avant l’âge de 16 ans, et les trois-quarts avant 18 ans). Peu d’entre eux exercent une activité professionnelle stable, moins de la moitié déclarent vivre en couple…
Par ailleurs, près d’un tiers des entrants en prison sont toxicomanes et un cinquième serait atteint de troubles psychiatriques sévères. A cet égard, le manque de dispositifs développés par le secteur psychiatrique pour la prise en charge et l’hébergement des publics les plus désocialisés apparaît comme un facteur important de ruptures de soins et d’un transfert vers les filières pénales. En octobre 2006, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) en a appelé « de manière urgente aux pouvoirs publics, aux élus, au législateur, et aux autorités sanitaires pour qu’ils prennent toutes dispositions afin que la prison ne se substitue plus à l’hôpital psychiatrique en raison, d’une part, des moyens décroissants accordés en France au secteur psychiatrique et, d’autre part, d’une réticence croissante de notre société à accepter de soigner et d’accompagner, et non pas de punir, les personnes ayant commis des infractions par déraison ».