Manque de lumière et d’aération, absence de mobilier et vétusté des sanitaires. Cinq détenues, placées au quartier disciplinaire (QD) fin octobre 2014, dénoncent les conditions de détention dans ce secteur de la maison d’arrêt des femmes (MAF) de Fleury-Mérogis.
Déjà qualifié d’« endroit inhumain » en 2007 par la sénatrice Dominique Voynet à l’issue d’une visite, le QD comprend dix cellules dépourvues de fenêtres. La seule source de lumière naturelle provient d’une lucarne circulaire, située non pas dans la cellule mais au plafond du sas qui la sépare de la porte. Le sas est doublé d’un grillage serré, la lucarne est opaque et dotée d’une grille. Les détenues ne peuvent pas non plus allumer ou éteindre elles-mêmes la lumière électrique, l’interrupteur se trouvant lui aussi dans le sas. Une détenue décrit un éclairage électrique très faible, qui « empêche de lire ou d’écrire convenablement ». Une expertise réalisée à la demande de l’OIP en 2007 constatait déjà le « niveau d’éclairement dérisoire » de « 12,5 lux sur le lit avec lampe allumée », quand les normes prévoient un seuil minimum de 300 lux pour la lecture. Endommagées, les lucarnes « ne s’ouvrent pas », écrit une détenue. « J’étouffe et j’ai du mal à respirer » témoigne une autre. Pour aérer un peu les cellules, les directeurs de la maison d’arrêt autorisaient depuis des années l’ouverture des portes durant la journée, la grille du sas restant fermée. Une note de septembre 2014 interdirait dorénavant cette pratique. Elle serait plus ou moins appliquée selon les personnels en poste. Certains ouvrent les portes quarante minutes le matin et l’après-midi, d’autres pas du tout. Dans ces cellules de 7,59 m2, équipées seulement d’un sommier et d’un coin toilette surélevé, « l’espace de déambulation n’est environ que de 4 m2 » (rapport d’expertise, 2007). « Nous n’avons pas de mobilier, aucune chaise ou table, donc nous sommes obligées de lire, écrire et manger par terre » écrit une détenue. L’espace sanitaire se compose d’un lavabo qui ne fournit que de l’eau froide et d’un w.-c. à la turque, exception faite de trois cellules rénovées disposant d’« un monobloc en inox assurant les deux fonctions » (lavabo + w.-c.), décrivait l’ARS en 2012. La rénovation de la MAF n’est pas envisagée avant 2016 au mieux, celle de la maison d’arrêt des hommes devant être achevée fin 2015 (APIJ).
OIP, Coordination Ile-de-France