L’administration pénitentiaire fait état, dans son « tableau de bord » du 31 janvier 2012, de 116 suicides en détention en 2011, contre 109 en 2010, soit une augmentation de 6,4 %.
Le nombre de suicides hors détention, c’est-à-dire à l’hôpital ou en aménagement de peine, a, quant à lui, diminué: 12 en 2010, 7 en 2011. Rapporté à la population écrouée, le taux de suicide en prison est passé en un an de 17,76 pour 10 000 détenus à 18,19. Il était de 18,13 en 2004. Entre temps, deux plans de prévention du suicide ont été mis en œuvre par la Direction de l’administration pénitentiaire. Le premier, couvrant la période 2004-2008, ambitionnait une diminution de 20 % du nombre des suicides en cinq ans. Le second, élaboré en janvier 2009, était censé permettre de diviser le nombre de suicides par deux. Dans les deux cas, les mesures se focalisent principalement sur l’empêchement du geste suicidaire, parfois jusqu’à l’absurde (suppression des points d’accroche, placement en cellule sans mobilier, dotation de pyjama en papier indéchirable…). Une politique qui occulte l’indispensable restauration de la personne dans sa dimension de sujet et d’acteur de sa vie et s’avère sans impact significatif sur le taux de suicide en détention. Pour autant, les pouvoirs publics se refusent encore à transférer la responsabilité de la politique de prévention du suicide du ministère de la Justice vers celui de la Santé, comme le préconise le Conseil de l’Europe. Les Règles pénitentiaires européennes réaffirment en e et un principe établi en 1993 par le Comité de prévention de la torture (CPT) : la prévention du suicide relève de la compétence du service public de santé et il revient à ce dernier d’assurer « la mise en place de dispositifs appropriés » 1 au sein des établissements pénitentiaires.
1. Conseil de l’Europe, commentaire de la Règle pénitentiaire européenne 47.