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A la maison d’arrêt Nîmes, la qualité des soins en danger

L’équipe infirmière de la maison d’arrêt de Nîmes se trouve au cœur d’un bras de fer administratif qui menace le maintien de ses effectifs au niveau actuel, et donc la qualité de la prise en charge des détenus. Dans cet établissement – qui fait partie des plus surpeuplés de France –, sept infirmiers, représentants 6,5 équivalents temps plein (ETP), assurent le suivi médical de plus de 400 détenus. Mais les effectifs budgétés pour l’unité sanitaire apparaissent de longue date comme sous-dimensionnés par rapport aux besoins. En effet, quatre postes sont financés par l’Agence régionale de santé (ARS), au regard de la capacité théorique de la maison d’arrêt (qui dispose de 192 places). Les trois postes supplémentaires sont pris en charge par le centre hospitalier de Nîmes. Ne pouvant plus assumer cette dépense, et après avoir à plusieurs reprises sollicité l’ARS – en vain – pour réviser les budgets à la hausse, la direction de l’hôpital a pris la décision de supprimer 2,25 ETP infirmiers à l’unité sanitaire pour les réintégrer à ses propres effectifs. Une décision de dernier recours pour obtenir les crédits nécessaires, tant son impact serait important sur le fonctionnement de l’unité sanitaire et la qualité des soins prodigués à la maison d’arrêt.

« Nous ne pourrons pas répondre à la surcharge de travail ce qui mènera à l’épuisement psychologique de l’équipe restante. Le sous-effectif mettra en péril non seulement la qualité mais également la sécurité des soins auprès des détenus qui souffrent déjà d’une grande précarité médicale et sociale », a immédiatement alerté l’équipe infirmière en place, soulignant que son activité serait alors réduite au traitement des urgences et à la distribution de médicaments. Ainsi, de nombreuses activités ne pourraient plus être assurées, comme le suivi en addictologie, les ateliers d’éducation à la santé, et surtout le suivi psychologique et la prévention du suicide. « Tous les jours une infirmière réalise des entretiens avec les personnes fragiles. Nous n’avons pas eu de passage de l’acte depuis  18 mois », souligne l’unité sanitaire, dont l’organisation et l’investissement du personnel soignant permettent, autant que possible, à la majorité des détenus de bénéficier d’une prise en charge médicale malgré la suroccupation endémique et la vétusté de cet établissement.

Le CHU a obtenu le 25 janvier un engagement verbal de l’ARS et suspendu sa décision de supprimer les postes infirmiers non financés. La situation reste néanmoins précaire car conditionnée à l’octroi effectif des budgets annoncés. Les syndicats restent donc mobilisés pour défendre « les nombreuses missions assurées par [l’unité sanitaire de la maison d’arrêt] et qui justifient les demandes de crédits présentées depuis plusieurs années ».

par Pauline Petitot