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Poissy : les mesures de dératisation de la prison seront-elles enfin efficaces ?

De nombreux rats circulent « en toute liberté entre les murs de la prison », alertait en novembre 2016 un détenu de la maison centrale de Poissy. Année après année, détenus, familles et personnels témoignent de la prolifération des rats dans cette prison. « Ce problème n’avait pas été porté à [notre] connaissance », mais « une enquête a été diligentée » répond l’agence régionale de santé (ARS) le 5 avril 2017 à la saisine adressée par l’OIP en décembre 2016. « Différentes mesures ont été engagées par l’administration » au début du mois d’avril 2017, visant à « tenter une éradication ». Des mesures qu’il faut espérer plus efficaces que celles menées ces dernières années…

« Depuis la fenêtre de la cellule que j’occupe, je constate que les rats sortent d’une plaque d’égout qui est cassée depuis plus de six ans », témoigne à la même période un détenu à l’OIP. « Ils ont creusé au travers du macadam de nouvelles sorties, ainsi qu’un trou dans le mur de la laverie, par lequel ils entrent et sortent ». Il les observe également « dans les différentes promenades », sur le stade et dans de nombreux autres lieux de la détention. « J’ai même constaté que les rats profitent de la remontée des personnes détenues de promenade pour entrer au rez-de-chaussée du bâtiment d’hébergement ». La mère d’un détenu explique que le petit carré de pelouse devant l’UVF où elle visite régulièrement son fils devient, « à partir du début de l’après-midi », « la cour de récréation de ces animaux peu sympathiques ». Et à la tombée de la nuit, « ils sont si nombreux qu’on n’arrive pas à les compter. Ils arrivent de l’allée qui longe les UVF et passent à travers les trous du grillage ». La boulangerie de la prison, « qui fonctionne tous les jours de la semaine », est également infestée. « Récemment, le professeur qui donne des cours de boulangerie a été confronté à la présence de rats en ouvrant un four qui était éteint. Il a refusé de donner son cours ce jour-là, exigeant qu’une désinfection sérieuse soit entreprise. C’est dans ces locaux que les baguettes sont fabriquées par les personnes détenues, pour les personnes détenues ».

Ils sont si nombreux qu’on n’arrive pas à les compter.

En mai 2014, à l’issue de sa visite de la maison centrale, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) constatait déjà « que les rats proliféraient toujours, en raison des jets réguliers de barquettes de nourriture par les personnes détenues ». À l’issue d’une seconde visite en septembre 2016, ayant de nouveau constaté « la présence de nombreux rats » aux abords des ateliers, le CGLPL recommandait une nouvelle fois « la réalisation d’opérations de dératisation ».

« Action choc de dératisation », « pose massive d’appâts et de pièges », « nettoyage intensif des chemins de circulation des rongeurs », « actions de sensibilisation » auprès des détenus incités « à éviter toute projection de nourriture à l’extérieur des cellules », et « élaboration d’un système de choix des repas de détenus dans le but de réduire les restes de repas faisant l’objet de projections intempestives » : telles sont, selon l’ARS, les mesures débutées au mois d’avril 2017 par l’administration pénitentiaire. Un marché concernant plusieurs prisons d’Île-de-France aurait été passé par l’administration pénitentiaire avec une entreprise de dératisation.

Selon le conseil d’évaluation de l’établissement qui s’est tenu fin juin en présence de l’ARS, l’invasion de rats serait désormais maîtrisée. Cela ira-t-il, cette fois-ci, jusqu’à une éradication totale des rongeurs ? Affaire à suivre.

Par François Bès