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Nouveau record du nombre de personnes détenues : incarcérer quoi qu’il en coûte !

Pour le cinquième mois d’affilée, la France bat son propre record de population carcérale avec 76 766 personnes détenues au 1er mars 2024. Un triste précédent derrière lequel se cachent d’autres records tout aussi catastrophiques, et une tendance lourde à incarcérer quoi qu’il en coûte, au mépris toujours plus manifeste des droits des personnes détenues.

Cet énième record consécutif du nombre de personnes détenues dans les prisons françaises semble acter une forme de résignation. Il signe en tout cas la banalisation d’une situation de plus en plus chaotique, qui ne cesse de repousser, mois après mois, les limites de l’intolérable.

Car derrière ce chiffre de 76 766 personnes détenues pour 61 629 places opérationnelles, ce sont plusieurs records qui viennent d’être franchis, donnant à voir un système carcéral à bout de souffle. Les maisons d’arrêt sont désormais occupées à 148,7% en moyenne : un record. Soixante-neuf établissements ou quartiers pénitentiaires sont occupés à plus de 150% : un autre record. 3 099 personnes détenues dorment sur des matelas posés à même le sol dans des cellules de 9m2 : un chiffre sans précédent. Les centres de détention, habituellement moins denses, sont dorénavant occupés à 97,4% : sans précédent… De nombreux caps sont ainsi franchis simultanément, contribuant à la détérioration continue des conditions de détention et à des atteintes aux droits les plus élémentaires des personnes détenues.

Ces chiffres accablants révèlent aussi une tendance lourde : non seulement le nombre de personnes incarcérées ne cesse d’augmenter, mais cette augmentation connaît, ces derniers mois, une accélération très préoccupante. Sur un an, plus de 4 000 personnes détenues s’y sont ajoutées. Et il y a tout lieu de craindre que cette tendance ne s’approfondisse au vu du dispositif répressif envisagé pour accompagner le nettoyage social des métropoles accueillant les Jeux olympiques et paralympiques 2024.

Il faudra bien finir par s’attaquer aux racines de cette fuite en avant : le choix politique, depuis des décennies, de créer toujours plus de délits passibles de prison et d’aggraver les peines encourues, et le recours toujours croissant à des procédures expéditives qui favorisent les incarcérations.

Quel niveau de surpopulation faudra-t-il atteindre ? Quel niveau d’atteinte aux droits et d’inhumanité les personnes détenues devront-elles subir pour que le gouvernement reconnaisse la gravité de la situation et mette en place des mesures d’urgence ? Les différentes interpellations des milieux associatifs, professionnels et institutionnels réclamant l’instauration rapide d’un mécanisme de régulation contraignant, à l’instar récemment du Conseil de l’Europe, restent à ce jour lettre morte. À quel prix ?

Contact presse : Sophie Larouzée-Deschamps · 07 60 49 19 96 ·  sophie.larouzeedeschamps@oip.org