Violences carcérales
Le système carcéral est en lui-même générateur de violence et de tensions. « La prison rend nerveux, irritable, angoissé, agressif et stressé » soulignent des chercheures (Chauvenet et al., 2005). La surpopulation, les conditions matérielles de détention parfois indignes, l’absence de droit à l’expression, etc. font qu’un incident bénin peut facilement dégénérer et qu’une revendication, même simple, doit parfois prendre des formes extrêmes pour être entendue. La violence peut être tournée contre les autres ou contre soi-même : le taux de suicide est six fois plus élevé en prison qu’en population générale, à caractéristiques démographiques égales (âge, sexe). La violence la plus médiatisée est celle exercée à l’encontre des personnels. L’administration pénitentiaire (AP) a recensé, en 2018, 4 314 agressions physiques contre des agents. Pour la plupart des bousculades, des coups à ces occasions, des projections d’objets. Les « agressions graves » sont beaucoup plus rares. Le nombre le plus important relevé ces dix dernières années est 170 (en 2012), le plus bas : 45 (en 2015). L’administration a par ailleurs dénombré 8 883 actes d’agression physique entre détenus en 2018. Les violences de personnels sur détenus ne sont en revanche pas comptés – à titre indicatif, entre 2017 et 2019, l’OIP a reçu 200 signalements. 588 mouvements collectifs ont été répertoriés par l’AP en 2018, dont 50 ont impliqué l’intervention des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS), « GIGN de la pénitentiaire ». La violence est gérée essentiellement par une approche coercitive dite de « sécurité passive » et des réponses disciplinaire et judiciaire. Bien que de nombreuses études et expérimentations menées en France et à l’étranger attestent qu’une autre approche, dite de sécurité « dynamique », privilégiant l’instauration d’espaces de médiation et de dialogue, est plus efficace pour prévenir et gérer les tensions.
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