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« J’ai attrapé le coronavirus en prison »

Jacques a été contaminé au Covid-19 au contact d’un soignant. Il raconte son confinement, son hospitalisation, la confusion autour de la question des tests et la façon dont il a été pris en charge à son retour en détention.

« Je pense que j’ai été contaminé le 12 mars. Ce jour-là, je suis allé à l’infirmerie. J’ai vu que le kiné n’était pas bien, il avait l’air malade. Le lendemain, j’ai eu un parloir avec ma femme et mon petit-fils. Quelques jours après, j’ai commencé à avoir mal à la tête… Le 17 mars vers 19 heures, on est venu dans ma cellule et on m’a dit que je devais descendre en confinement. « Vous avez vu le kiné, et apparemment il est contaminé donc vous risquez de l’être. Vous devez descendre, c’est obligatoire. » Le quartier des confinés, c’est au rez-de-chaussée, un quartier qu’ils ont vidé. J’ai été mis seul en cellule, j’avais la promenade tout seul également.

Le 19 mars ils m’ont testé, et ils ont vu que j’étais positif. J’allais plutôt bien. Le 23 mars j’ai commencé à me sentir mal, j’avais 40°C de fièvre. Le 25, ils sont venus me chercher pour m’emmener à l’hôpital, mais malheureusement l’hôpital n’a pas voulu me prendre, pour des raisons de sécurité m’a-t-on dit, ils n’avaient pas de personnel pour me garder. J’ai attendu de 19 h à minuit et ils m’ont emmené à l’UHSI [unité hospitalière sécurisée interrégionale]. Je connais l’UHSI, j’y ai été hospitalisé plusieurs fois, j’ai des problèmes cardiaques, j’ai fait trois attaques. Ils m’ont gardé une semaine, ils m’ont fait une prise de sang et donné des antibiotiques. Au bout d’une semaine, ils m’ont dit que je n’avais plus de symptômes, plus rien, et qu’on allait me ramener à la maison d’arrêt. Je leur ai demandé s’ils allaient me tester avant que je parte, ils m’ont répondu « non, ce n’est pas fiable à 100% ». Je ne comprenais pas, je croyais qu’il fallait dépister après quatorze jours… Finalement ils m’ont testé, puis ils m’ont renvoyé à la prison avec un certificat disant que je n’avais plus de symptômes, que je pouvais réintégrer ma cellule et qu’il fallait que je porte un masque pendant sept jours. Quand je suis arrivé à la prison, j’ai vu le docteur qui m’a dit qu’il fallait me tester avant que je retourne en détention. Le lendemain, j’étais positif encore. Au total, j’ai été testé quatre fois et je suis resté plus d’un mois en confinement. Ils me prenaient la température, je prenais des Doliprane. Certains surveillants ne m’approchaient pas, ils restaient à deux, trois mètres. Pour les repas il fallait que je mette ma chaise devant la porte, et ils déposaient la nourriture dessus.

Quand j’ai été dépisté, la prison a prévenu ma famille qui était venue me voir au parloir le 13 mars. Ils sont restés confinés quatorze jours à la maison. Ils vont bien, ils n’ont rien. Maintenant, je suis en cellule normale, mais je dois encore porter le masque pendant dix jours. Ça m’a mis par terre tout ça, je suis fatigué tout le temps.

Recueilli par François Bès