En décembre 2021, nous avions consacré un dossier à la fracture numérique qui existe en prison. Notre enquête mettait en exergue ses conséquences sur le quotidien des quelque 70 000 personnes détenues. Sans Internet, comment s’informer sur l’actualité et les débats de société, chercher du travail ou un logement, apprendre, connaître ses droits, résilier un abonnement, maintenir des liens sociaux, gérer son compte en banque, renouveler son titre d’identité, etc. ?
Trente organisations du milieu prison-justice, dont l’OIP, s’en sont emparées et se mobilisent aujourd’hui pour que les prisons françaises ne soient plus une « zone blanche ». À leur instigation, près de 650 personnes aux expériences diverses et complémentaires de la prison ont adressé, fin septembre, une Lettre ouverte à la cheffe du gouvernement, Elisabeth Borne, pour demander qu’Internet soit enfin autorisé en détention. Professionnels de la justice, intervenants dans les domaines éducatif, social, culturel ou religieux, visiteurs de prison, détenus ou anciens détenus, ils partagent tous le même constat : « L’accès à Internet entre les murs est […] primordial pour reconnaître les personnes détenues comme sujets de droits, limiter l’exclusion sociale causée par l’incarcération et faciliter le retour à la vie libre ».
Avant eux, nombreuses sont les institutions nationales, organisations internationales et autres think tanks qui, ces dernières années, ont pointé la nécessité que l’accès à Internet ne s’arrête pas aux portes des prisons. En choisissant d’interpeller directement la cheffe du gouvernement, les signataires de la Lettre ouverte soulignent que cette question relève des droits à l’information, à l’éducation, à la culture, à la santé, etc. et qu’elle doit donc être portée de manière transversale, au plus haut niveau du gouvernement. Aussi concluent-ils à son adresse : « Cette décision doit être politique. Elle est aujourd’hui entre vos mains. » Nous veillerons à ce qu’elle soit prise.