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Surincarcération : il faut renverser la tendance, le temps presse !

Au moment du bouclage de ce nouveau numéro de Dedans Dehors, l’incertitude quant aux conséquences de la dissolution de l’Assemblée nationale et des résultats des élections législatives sur la gouvernance de la France reste entière.

Si l’on peut se réjouir que l’extrême droite n’ait pas obtenu de majorité parlementaire, il n’en reste pas moins que le Rassemblement national et ses acolytes n’auront jamais emporté autant de sièges, passant de 89 à 143. L’ex-majorité présidentielle maintient, elle, une place centrale au Parlement, après sept ans de casse sociale et de politiques pénales toujours plus répressives encore illustrées par de nouveaux records au 1er juin, avec 77 880 personnes enfermées dans les prisons françaises, soit 19 771 de plus en quatre ans.

Dans ce contexte politique inédit, et au regard des rapports de force qui semblent in fine se dessiner, les politiques pénales et pénitentiaires actuelles risquent fort de persister, voire de se renforcer.

Dès lors, comment ne pas marteler, encore et encore, que d’autres politiques radicalement alternatives sont absolument nécessaires et urgentes. Il faut mettre un terme à la surincarcération des personnes précaires et à l’allongement des peines. La construction de nouvelles prisons ne réglera pas le problème, elle ne l’a jamais fait. Il faut une réforme en profondeur des politiques pénales, et à court terme une régulation carcérale qui, loin de consister en une libération massive fantaisiste, tiendrait à des mécanismes légaux déjà existants, qu’il s’agirait d’utiliser pour respecter les droits humains les plus fondamentaux, au premier rang desquels le droit à la dignité. Le nouveau gouvernement britannique vient d’ailleurs de le faire, reconnaissant qu’il serait inacceptable de dépasser 100% d’occupation des prisons. Nous en sommes à 126%.

Le scandale des atteintes répétées et massives aux droits des personnes détenues ne saurait attendre, alors même qu’elles risquent encore de s’aggraver avec la tenue des Jeux olympiques et paralympiques, comme le documente notre dossier de Dedans Dehors. Changer de paradigme, vite. Le temps presse !

Par Jean-Claude Mas et Prune Missoffe

Cet article a été écrit dans la revue Dedans Dehors n°123 – Juillet 2024 – Jeux Olympiques 2024 : la répression dans les starting blocks