Entre mars et août 2018, le cabinet dentaire flambant neuf du centre pénitentiaire de Riom n’accueillait plus aucun patient. En cause, le départ non remplacé du dentiste qui exerçait au sein de l’établissement.
Le personnel soignant de la prison a multiplié les alertes auprès de l’Agence régionale de santé et des directions hospitalières de Riom et de Clermont-Ferrand, en vain. Impuissante, l’unité sanitaire ne pouvait que « juguler douleurs et infections, sans permettre au patient l’accès au traitement de fond qu’est le soin dentaire », expliquait un membre du personnel soignant. Un autre racontait les tensions que cela générait, certains prisonniers en venant à s’en prendre verbalement aux infirmières « qui n’avaient que des calmants à leur proposer ». Fin juin 2018, à bout de nerfs, un détenu adressait un courrier au centre hospitalier de Riom : « Si je comprends bien la situation, je dois attendre que mes dents soient toutes cassées, que le mal me fasse hurler de douleur […] avant de pouvoir être soigné en urgence ? »
En effet, s’il ne fournissait plus de praticiens, le centre de soins dentaires du CHU de Clermont-Ferrand proposait néanmoins de recevoir quelques personnes détenues en urgence, dans un délai de dix jours. Mais ce n’était pas sans conséquences sur les autres extractions médicales puisque d’après un médecin, cela entraînait « la déprogrammation d’un autre rendez-vous médical déjà prévu. L’impact [était] donc général sur la population carcérale ». La situation était d’autant plus grave que « la population carcérale présente, selon toutes les études disponibles, un état de santé bucco-dentaire dégradé, nettement plus mauvais que celui de la population générale, ainsi qu’un important besoin de soins dentaires » (1) soulignait en 2008 un rapport réalisé à la demande de la Direction générale de la santé. Au bout de cinq mois et d’une multitude de plaintes et de courriers, un début de solution semble avoir été trouvé. Depuis la mi-août, un dentiste exerce cinq demi-journées par semaine au sein de l’établissement. « On est tous soulagés, et cela se passe très bien avec les personnes détenues » admet un soignant, « même si on est loin des douze demi-journées normalement budgétées par l’ARS ».
Par Amid Khallouf
(1) « Les soins et la prévention bucco-dentaire dans les établissements pénitentiaires », www.odonte.fr