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Et pendant ce temps-là, en Europe…

Éditorial de la revue Dedans-Dehors n° 82

La Suède annonce la fermeture de cinq prisons. Le directeur de l’administration pénitentiaire Nils Öberg l’a expliqué le 11 novembre par une baisse annuelle du nombre de détenus de 1 % depuis 2004, et de 6 % entre 2011 et 2012. Est-ce que la délinquance a chuté ? Non, le Conseil national suédois de la criminalité affirme même que le nombre d’infractions recensées est en augmentation continue depuis 1975.

La Suède, c’est une politique pénale pariant sur la réhabilitation. Avec un taux de détention parmi les plus bas du monde : 4 852 prisonniers en 2012 (et 14 000 probationnaires), pour 9,5 millions d’habitants. La Suède, c’est l’investissement dans la probation, dans l’optique d’un remplacement progressif des courtes peines. Les services de probation sont tenus de proposer à tout condamné un programme adapté à sa problématique (de violence, d’addiction, etc.) et l’efficacité de chaque programme est évaluée par des chercheurs. Les agents de probation sont assistés de 4 500 bénévoles « laïcs », chargés d’aider les probationnaires dans leurs démarches et d’être disponibles pour les soutenir dans les moments critiques.

La Suède, ce sont des peines moins longues qu’en France pour les infractions les plus graves. L’emprisonnement dépasse rarement dix ans, la plupart des condamnés à perpétuité obtiennent une commutation en une peine à temps, située entre 18 et 25 ans. La Suède, c’est la libération conditionnelle d’office aux deux tiers de la peine. C’est aussi un jugement de la Cour suprême en 2011 qui a entraîné un fort recul des peines de prison pour infractions à la législation sur les stupéfiants.

La Suède, c’est KRIS : une organisation d’anciens prisonniers qui interviennent en milieu carcéral pour aider les détenus à préparer leur sortie, les attendent devant la porte le jour J et les aident à s’en sortir. Bref, la Suède, c’est un autre monde. Quoique. Les Pays-Bas aussi annoncent une vague de fermeture de 26 prisons pour 2013-2018. Huit établissements ont déjà fermé leurs portes depuis 2009. Et même les États-Unis s’y mettent : pour la troisième année consécutive, la population carcérale a baissé en 2012. Dix-sept États se sont engagés dans la fermeture de prisons. Pour la chercheuse Sarah Shannon, « c’est le début de la fin de l’incarcération de masse ».

Sarah Dindo