Contribution de l'Observatoire International de Prisons au rapport de la CNCDH, 2016
Le Premier ministre n’aura pas attendu plus de quatre jours pour annoncer, suite aux actes terroristes du 7 au 9 janvier 2015, les mesures du Gouvernement pour lutter contre le radicalisme islamiste. La création de cinq unités de regroupement, afin de mettre à l’écart les prisonniers concernés du reste de la détention, a été annoncée dès le 13 janvier. Sans réflexion sur le régime et la prise en charge au sein de ces unités, sans évaluation de l’expérience déjà initiée à Fresnes par le chef d’établissement. Sans précaution aucune sur les éventuels effets pervers et discriminants d’un tel dispositif. Précipitation, politique d’affichage, incohérence des annonces, mépris de la recherche et indifférence aux alertes de praticiens se sont encore renforcées après le 13 novembre 2015. Le tout alimentant un climat de stigmatisation et d’amalgames dont pâtit l’ensemble des musulmans incarcérés. Ces événements tragiques sont aussi l’occasion pour l’administration pénitentiaire d’obtenir enfin les moyens d’un développement des activités pour lutter contre l’oisiveté et la violence en prison, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps. Elle développe également des recherches-action et la mise en place de programmes pour le public très restreint des personnes radicalisées, quand il n’existe aucun dispositif comparable pour les autres détenus, tels les condamnés pour infraction à caractère sexuel, les auteurs de violences conjugales ou encore ceux en prise avec des problématiques de toxicomanie ou d’insertion socio-professionnelles.