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Journal d’appels de l’OIP au temps du coronavirus

Chaque jour depuis le début de la crise sanitaire liée à l’épidémie du coronavirus, l’OIP reçoit des dizaines d’appels téléphoniques de détenus ou de leurs proches. Ils nous alertent sur la situation en détention, mais aussi, et surtout, nous font part de leurs angoisses, nourries par un cruel manque d’informations. Ils racontent les tensions qui montent entre les murs, l’incertitude, leurs questions qui restent sans réponse, les téléphones qui sonnent dans le vide… Nous les conseillons, répondons à leurs questions, les orientons. Si leurs inquiétudes se ressemblent, leurs mots, venus de toute la France, illustrent les situations spécifiques à chaque établissement, à chaque juridiction. Ils évoluent quotidiennement, suivant les annonces nationales et les nouvelles dispositions prises : suspension des parloirs, mise en place d’un crédit téléphonique, etc. Nous avons décidé d’en rendre compte dans un journal, que nous publierons chaque jour.

Pour plus de détails sur la situation nationale et les différentes annonces, voir notre page dédiée.

NB : pendant toute la durée de la crise sanitaire, l’OIP élargit les horaires de sa permanence téléphonique qui ouvre désormais du lundi au vendredi entre 10h et 12h et entre 14h et 17h.

NB 2 : nous reproduisons ici une sélection des appels reçus. Il ne s’agit pas d’un compte-rendu exhaustif.

27 mai 2020

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Quand les parloirs reviendront-ils à la normale ? Je reviens de mon troisième parloir depuis la reprise, et j’ai beaucoup de mal… Notamment à cause des surveillants qui sont toujours derrière la porte. Enfin, c’est frustrant mais c’est mieux que rien. »

Appel d’un détenu : « J’ai repris mon travail à l’atelier hier. Aujourd’hui, on m’a dit que j’avais pris un avertissement parce que j’avais serré la main à d’autres détenus. C’est interdit à cause du Covid, j’avoue, je n’aurais pas dû le faire… Mais je ne veux pas être déclassé pour ça ! »

Appel de la compagne d’un détenu en maison centrale : « Mon mari m’a dit qu’il préférait que je ne vienne pas au parloir car notre fille ne peut être là, et parce qu’il ne supportera pas la séparation en plexiglas et l’interdiction de se toucher. Il préfère encore le téléphone. Pourquoi n’ont-ils pas mis en place des possibilités de visio-parloirs ? Ça serait beaucoup mieux, au moins il verrait sa femme et sa fille. En centrale, ça devrait pouvoir s’organiser… »

Appel d’un détenu d’Auxerre : « Quand les échanges de linge avec les familles vont-ils reprendre ? »

26 mai 2020

Appel de la compagne d’un détenu : « Le plexiglas, le masque et le manque de contact physique, c’est assez traumatisant. Si la venue des enfants venait à être autorisée et que ces mesures devaient être prolongées, je ne sais pas si j’irais… Mes enfants ne se remettraient pas de voir leur père comme ça. »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « À cause de ces mesures, je ne peux pas aller au parloir parce que j’habite trop loin, il faudrait que je me fasse héberger mais je ne connais personne. Et je ne peux pas faire garder ma fille. Ça fait trois mois qu’elle n’a pas vu son papa… »

Appel d’un détenu de Laon : « J’ai demandé une permission pour aller à l’hôpital voir mon père mourant, puis une autre pour aller à son enterrement : j’ai eu deux refus, à cause du Covid. Mais un codétenu a pu avoir une perm, je ne comprends pas pourquoi. »

25 mai 2020

Appel d’une détenue : « Je suis auxi, je dois nettoyer les douches des personnes qui sont en quatorzaine, sans aucune protection particulière. Avant, quand il y avait une suspicion de Covid, j’avais des protections adaptées… »

Appel de la compagne d’un détenu de Caen : « Il avait prévu de demander une permission, mais comme il devrait rester confiné en rentrant à la prison, il a renoncé. »

Message de la compagne d’un détenu : « Depuis plusieurs mois, je me bats pour le transfert de mon compagnon, qui est à 700km de chez moi : comme nous sommes à moins de 800km, nous ne sommes pas prioritaires pour un rapprochement familial. J’ai rendez-vous le 30 mai pour un parloir, malheureusement je ne pourrai pas m’y rendre. J’ai contacté plusieurs gendarmeries des villes se trouvant sur mon trajet pour leur faire part de la situation, toutes les brigades m’ont répondu la même chose : je dépasse les 100km pour une raison non valable. Si je suis contrôlée, j’aurai donc une amende, et l’obligation de rentrer chez moi. Donc j’en conclus que nous n’avons toujours pas de réel droit de voir nos proches : c’est scandaleux. Que la direction interrégionale de chaque département fasse son travail, et qu’ils multiplient les transferts pour rapprochement familiaux ! La dernière fois que j’ai vu mon conjoint c’était le 14 mars, combien de temps va-t-il encore falloir attendre ? »

23 et 24 mai 2020

Message de la compagne d’un détenu de Muret : « Le confinement a été très éprouvant pour mon compagnon et pour moi. Je vis en rase campagne, je crois que je voyais encore moins de monde que lui ! Il nous restait le courrier : nous échangeons très régulièrement, mais le service postal était plus que chaotique, et le téléphone fonctionnait quand il le voulait bien. Alors nous étions si heureux de cette reprise des parloirs… Je lis qu’à Seysses, il est possible au moins de se tenir les mains : ce contact est si important, psychologiquement, après toutes ces séparations… Je conçois très bien que le port du masque soit indispensable. Mais une table de deux mètres tenant toute la largeur du box et interdisant tout contact l’est-elle réellement ? Sans compter les allers et venues des sbires derrière les vitres toutes les trente secondes. J’ai énormément pris sur moi pour que mon compagnon ne voie rien, mais lorsque je suis sortie, j’étais en larmes. J’y retourne quand même cette semaine car je sais bien que lui compte sur moi. »

Message de la compagne d’un détenu de Saint-Maur : « Je suis privée de mon mari depuis le confinement. Bien que les parloirs aient repris le 11 mai, je n’ai pas eu la possibilité de m’y rendre car les nouvelles mesures sont encore trop strictes. De plus, parcourir 600 km aller-retour dans une journée nous a paru déraisonnable, coûteux et fatiguant. Pourriez-vous m’apporter quelques informations concernant les prochaines mesures à compter du 2 juin ? Peut-on espérer une reprise normale des parloirs ? Est-il prévu que nous soyons dépistés ? »

Message de la compagne d’un détenu de Metz : « Il vient de signer pour ses remises de peine, donc il lui reste un mois de prison à effectuer. Peut-il être libérable avant, avec la crise sanitaire ? Si oui, comment dois-je faire ? Je ne peux pas demander de renseignement à son CPIP référent car après plusieurs appels et emails, je n’ai aucune réponse de sa part. »

Message de la compagne d’un détenu de Maubeuge : « Les conditions de parloirs sont très strictes, tellement que nous ne nous entendons même pas parler. Il y a une planche de bois du sol au plafond et un petit plexiglas au milieu, mais aucun petit trou pour pouvoir entretenir une discussion ! De plus, nous avons chacun un masque, donc nous nous entendons encore moins bien. Ils pourraient faire au moins de tout petits trous qu’on puisse s’entendre. On nous a clairement dit que c’était pour bloquer les trafics dans la prison. J’étais tellement déçue de ne pouvoir discuter avec mon homme… Alors en attendant que ça change, je ne vais plus au parloir. »

22 mai 2020

Appel de la compagne d’un détenu : « Quand vont reprendre les parloirs où les enfants peuvent venir ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Il est incarcéré depuis février 2020. Il a pris six mois, il est libérable en septembre. Il a des problèmes de santé, de l’asthme, des problèmes au ventre : je ne comprends pas pourquoi il n’a pas pu bénéficier des réductions de peine Covid. »

Appel de la mère d’un détenu de La Santé : « On nous dit que les rendez-vous pour les parloirs doivent être pris par téléphone, mais quand j’appelle je tombe toujours sur un disque. Alors je suis allée à la prison, mais les bornes ne sont pas accessibles : les surveillants m’ont dit que ce n’était pas possible de prendre rendez-vous sur place, qu’il fallait téléphoner… »

21 mai 2020

Message de la femme d’un détenu : « Mon mari est en centrale. Mon domicile est à environ 500km. Pour ne pas être embêtée par les forces de l’ordre, j’ai fait la route de nuit, je suis arrivée sur place à 4h du matin. Et pour être certaine de pouvoir voir mon mari, j’ai loué une chambre chez un particulier sur place et bidouillé une facture de téléphone pour avoir une attestation de domicile – c’est fou ce qu’on est amené à faire… Je paye deux loyers, j’ai de fausses factures, tout ça pour voir mon mari une heure par semaine dans des conditions qui bafouent nos droits les plus élémentaires ! Et encore, visiblement je fais partie des chanceuses, car nous n’avons pas de séparation vitrées. Je suis consciente d’avoir pris le risque d’être verbalisée, mais il était hors de question de ne pas voir mon mari. »

20 mai 2020

Appel d’un détenu : « Je viens d’être transféré ici, parce qu’avant je subissais des menaces de mort de la part de codétenus et des brimades de surveillants. Mais les détenus ont dû se passer le mot, parce que je suis menacé ici aussi. Depuis mon arrivée, je suis à l’isolement à cause du Covid, comme tout arrivant. J’ai demandé à être maintenu à l’isolement à ma sortie de quatorzaine, pour ma protection, mais on m’a dit que ce n’était pas possible car le quartier d’isolement était plein, à cause du Covid. Donc j’irai en détention normale, en quartier ouvert. J’ai très peur. »

Appel de la compagne d’un détenu : « Il a de gros problèmes de santé : une pathologie grave, et un abcès aux dents non soigné. Sa fin de peine est prévue cet été, je ne comprends pas qu’il n’ait pas bénéficié des réductions de peine liées au Covid. Je travaille dans une école, alors je préfère ne pas aller le voir au parloir pour l’instant, pour ne pas risquer de lui refiler le Covid… »

Appel d’un détenu : « Je suis auxi-bibliothèque. Depuis le confinement, la bibliothèque est fermée et je n’ai plus de travail. Est-ce que j’ai droit au chômage partiel ? »

19 mai 2020

Appel d’un détenu : « Les surveillants ne portent pas leur masque, et nous on ne peut même pas toucher nos proches au parloir ? »

Appel d’un détenu de Vendin-le-Vieil : « Je sors demain en permission de 9h à 18h pour aller chez l’osthéo, est-ce que je vais être placé quatorzaine ? »

Appel d’un détenu de La Santé : « Quand vont reprendre les enseignements en prison ? J’ai un examen à passer. La responsable locale de l’enseignement a repris ses fonctions au moment du déconfinement, mais elle est très occupée. »

18 mai 2020

Appel de la femme d’un détenu de Réau : « J’habite loin, et j’ai été contrôlée sur la route pour venir au parloir, à mi-chemin. J’ai pris une amende, parce que selon le gendarme ce n’était pas un “motif familial impérieux” et que “mon mari n’allait pas mourir”. »

15 mai 2020

Appel d’un détenu de Châteauroux : « Il y a des problèmes avec les cabines en cellule, elles fonctionnent mal, les appels sont coupés régulièrement. Je suis en détention depuis plus de quinze ans, mais ma peine est aménageable depuis 2018. J’ai fait une demande d’aménagement en janvier dernier, on m’a dit que je devais aller au CNE [centre national d’évaluation], mais avec le Covid, je ne sais pas quand ça va être possible. J’ai demandé à la CPIP, apparemment tout est repoussé : j’ai peur de tout perdre. Je ne comprends pas pourquoi les longues peines sont laissées de côté à ce point par les mesures Covid. Moi, j’ai travaillé volontairement pour produire des masques. »

Appel d’un détenu de Bonneville : « Le protocole change de semaine en semaine. Les détenus vont craquer. Il y a des cas contaminés, tout le monde a changé d’aile, il y a des risques d’altercations entre détenus. Ils vont mettre en place les parloirs hygiaphone, alors que c’est censé être une sanction. C’est absurde, les surveillants font des aller-retours entre l’extérieur et l’intérieur sans se protéger, les courriers sont touchés par tout le monde (le facteur, le vaguemestre), etc. »

Message d’un détenu de La Santé : « La gestion de la crise sanitaire ici est super bonne depuis le début : on reçoit régulièrement des lettres d’information pour nous expliquer les changements, et ce même avant le confinement, quand les premières mesures de précautions avaient été annoncées. J’en ai reçu une sur les parloirs, une autre est prévue demain. Ils ont dit qu’ils allaient disposer du gel hydroalcoolique sur tout le chemin entre la sortie du quartier et les parloirs. Mais pour l’instant il n’y a pas de masques prévus pour les détenus, sauf pour ceux de plus de soixante-cinq ans. »

Appel d’un détenu de Châteauroux : « Je voudrais savoir qui est exclu du système de remises de peines exceptionnelles liées au Covid. Est-ce qu’il y a des aménagements spécifiques pour les personnes handicapées ? Quand on demande une rencontre avec le juge de l’application des peines, est-il tenu de se déplacer ? Est-ce que les délais pour obtenir un aménagement de peine sont rallongés ? Je dois passer au CNE [centre national d’évaluation] pour obtenir une libération conditionnelle, mais le CNE est en zone rouge, est-ce que ça change quelque chose ? Et pour les parloirs, est-ce qu’ils vont mettre des vitres ? Est-ce que les permissions de sortie sont possibles ? »

14 mai 2020

Message de la compagne d’un détenu : « Mon mari a fait une demande de permission de sortir pour la semaine prochaine. La commission des permissions a eu lieu le 5 mai et la demande a été acceptée. Aujourd’hui, mon mari a reçu une notification lui annonçant que cette permission était annulée car nous habitons à plus de 100km et que cela ne rentrait pas en compte dans le motif impérieux familial. Je voudrais aussi signaler que des détenus habitant à plus 100 km comme nous sont quand même sortis en permission cette semaine. Ont-ils vraiment le droit d’annuler la permission ? Cela voudrait dire qu’en plus, nous serions contraints d’attendre pour pouvoir aller le voir au parloir ? » « Est-ce que les détenus ont droit aux masques ? Parce que les parloirs sont en train de rouvrir, et pour le moment, il n’y a que les visiteurs qui sont obligés de porter un masque. Et moi, je n’ai pas encore réussi à m’en procurer. Si j’apporte des masques à mon proche en détention, est ce que ça sera refusé ? »

Appel d’un détenu de Toul : « On m’a refusé l’achat de masques. On reprend les ateliers : on nous fournit des masques en tissu, qu’on doit rendre. Ils ne sont pas stérilisés, ils sont juste lavés à 60°C. Donc la gale, l’hépatite B, tout ça pourrait se transmettre. On ne sait absolument rien, on voudrait un regard extérieur sur les méthodes utilisées pour les nettoyer. »

Appel d’un détenu d’Auxerre : « J’ai fait une demande de transfert vers le sud de la France. Mi-avril, j’ai signé mon affectation, mais le transfert n’a pas pu se faire à cause du Covid. Et personne n’a de nouvelle des transferts. Savez-vous quand ils reprennent ? Il y a ma petite dernière de 7 ans qui m’attend là-bas… »

Appel d’une avocate : « J’ai deux clients qui ont été incarcérés il y a quelques jours. Leurs familles ou amis ne sont pas autorisés à leur apporter des vêtements, donc mes clients n’ont que ceux qu’ils portaient au moment de l’incarcération. Ils lavent leur caleçon et leurs chaussettes tous les soirs. La vice-procureur a appelé la prison : on lui a dit que c’était les mesures Covid, qu’il n’y avait rien à faire ! Je vais écrire au directeur de la prison pour qu’il leur fournisse au minimum des sous-vêtements de rechange. »

Message de la compagne d’un détenu d’Épinal : « Je l’ai vu au parloir, il m’a fait part de l’ambiance dans la prison. Les détenus sont vraiment sur les nerfs depuis le coronavirus. Pour passer un coup de téléphone, il y a une file d’attente d’enfer. Parfois, il ne peut pas téléphoner tellement il y a de monde. Ils auraient pu déployer plus de moyens, au moins rajouter des téléphones… Maintenant les parloirs reprennent, mais seulement un par semaine. Ils sont déjà privés, mais là, un parloir et une attente infinie pour le téléphone, c’est honteux ! Ses parents ont pris un parloir pour les deux semaines à venir, donc moi je n’ai pas pu réserver de parloir avant début juin. Ils auraient pu mettre deux parloirs par semaine. Franchement, je ne comprends pas, ils ont besoin de ce lien, ils ont déjà subi deux mois sans lien avec l’extérieur. »

Message de la mère d’un détenu : « À ce jour et malgré les demandes, mon fils n’a toujours pas récupéré ses affaires depuis son transfert de Béziers fin mars. J’espère qu’il aura toutes ses affaires, fiches de paie, photos de famille et autres. »

13 mai 2020

Message du père d’un détenu d’Épinal : « Notre fils aura bientôt 20 ans. Nous vivons en région parisienne. La CPIP qui le suit nous a appelés la semaine dernière pour nous avertir de la reprise des parloirs et nous informer des nouvelles mesures mises en place. Elle nous a dit également que les parloirs n’étaient pas dérogatoires pour se déplacer à plus de 100 km. Le même jour, une heure avant, j’avais entendu Nicole Belloubet dire quasiment l’inverse à la radio. Que faut-il comprendre de ces contradictions, qu’en penser ? Ma femme doit aller voir notre fils au parloir vendredi. Est-ce qu’elle doit faire cinq heures de voyage, pour cinquante minutes de parloirs, avec la menace d’une amende ? Est-ce normal, est-ce humain ? »

Message de la compagne d’un détenu d’Épinal : « J’ai eu un parloir pour la première fois hier avec mon compagnon. Il est incarcéré depuis décembre. Une sensation horrible, aussi bien pour lui que pour moi. Nous portions des masques, lui comme moi – jusque-là c’est normal, je comprends tout à fait les mesures de sécurité pour sa santé. Mais à vrai dire, ce que je ne comprends pas, c’est l’utilité du masque alors qu’on est séparés par un panneau de plexiglas plus un panneau de bois qui va jusqu’au sol ! J’avais du mal à le comprendre, on était obligés de parler fort pour se faire entendre, de se répéter, c’était franchement désagréable. Il y avait un brouhaha phénoménal. Heureusement, le voir m’a réconfortée, même si nous avons mal vécu ce parloir. »
Appel de la compagne d’un détenu de Moulins : « Est-ce que les consignes données par la direction de la prison correspondent bien à celles du ministère ? C’est vraiment trop strict : pas d’enfants de moins de 18 ans, des vitres, une heure par semaine seulement… Et surtout, on m’a dit que mon mari ne pourrait pas venir à mon accouchement, prévu dans trois mois. Ça commence à peser sur la santé de mes enfants, leur père leur manque. Pour moi aussi c’est dur, il va rater un moment unique. S’ils continuent comme ça, il va y avoir des révoltes… »

Appel de la compagne d’un détenu de Bonneville : « J’ai des enfants en bas âge, pour qui ça serait traumatisant de voir leur père derrière une vitre. Enfin de toute façon, selon la CPIP, les enfants n’ont rien à faire au parloir, même s’ils n’ont pas vu leur père depuis trois mois ! Je ne comprends pas que les mesures soient si restrictives pour les proches, alors que les surveillants sont déconfinés chez eux et font des aller-retours en permanence en prison. En plus la gynéco me dit que ma grossesse ne présentait pas de risque, et que je pouvais aller voir mon mari s’il était masqué et qu’il respectait bien les gestes barrière. Mais on me refuse de venir. J’accouche dans deux mois. Il ne pourra sûrement pas sortir pour la naissance, mais je voudrais quand même pouvoir le voir pour fêter ça… »

Message d’une femme proche d’une détenue de Lille-Sequedin : « Depuis lundi, nous ne cessons d’appeler le service des parloirs, entre 8h30 et 17h, toutes les vingt minutes environ, pour réserver un parloir et enfin visiter une détenue. La seule réponse que nous avons c’est : “Rappelez ultérieurement.” Le parloir est un droit. Je peux comprendre que la crise sanitaire a bouleversé le système. Mais les parloirs sont autorisés, et la réservation non accessible. »

Message de la compagne d’un détenu de Lille-Annoeullin : « Je suis très en colère car pour un parloir, je viens en métro et bus, ça dure une heure. Mais à la prison, on n’a plus accès aux casiers, donc je ne peux pas avoir de sac à main : ça veut dire pas de téléphone, pas d’argent pour payer mon bus… Comment faire sans aucun endroit où laisser mon sac ? Ils pourraient pourtant mettre les casiers à disposition, en respectant un sens de circulation par exemple ! »

12 mai 2020

Message d’une maison d’arrêt en Rhône-Alpes : « Ici les personnes détenues sont dans l’obligation de mettre un masque à l’arrivée à l’unité sanitaire. Mais sur obligation de l’administration pénitentiaire, ils doivent le jeter avant de quitter l’unité. Les masques sont fournis par le milieu hospitalier. En dehors de l’unité sanitaire, il n’y a pas de masque, ni en cuisine, ni aux ateliers (qui ont repris le 11 mai), ni pour les entretiens avec le Spip… Le juge de l’application des peines et le Spip ont travaillé pour faire sortir un maximum de personnes, mais l’encellulement individuel reste à ce jour impossible à appliquer ici. Le respect des gestes barrières est donc impossible. »

Appel de la compagne d’un détenu de Bonneville : « J’ai eu un parloir avec mon mari et ça s’est mal passé. Tout le monde porte un masque (visiteurs, surveillants, détenus), et il y a des vitres entre nous. Franchement, entre les masques et le brouhaha, on ne s’entend pas, et c’est vraiment anxiogène. On ne voit pas les visages. Ils nous ont mis dans un couloir, mais dans les boxes ça allait très bien ! Comment on discute ? C’est honteux. C’est de la souffrance en plus. Ça risque de mal se passer, ça va faire des émeutes, il faut trouver d’autres solutions… Les gens asthmatiques, comment font-ils avec un masque ? Il y a une dame qui a failli faire un malaise en sortant tellement c’est anxiogène. »

Appel de la compagne d’un détenu de Roanne : « Quand les permissions de sortie vont-elles reprendre ? Mon mari avait fait une demande avant le confinement, qui avait été acceptée, mais ça a été suspendu. Le CPIP dit qu’il faut attendre. Mon mari a reçu un document disant que les permissions ne seront acceptées que dans les zones vertes et dans les 100km. Mais ce matin, il m’a dit que toutes les permissions avaient été refusées. Il a peur que la sienne soit encore repoussée. Il y a beaucoup de tension dans la prison, et le manque de la famille, c’est dur pour lui. »

Message d’un proche d’un détenu de Saint-Quentin-Fallavier : « Est-ce que les parloirs ont repris ? Si oui, dans quelles conditions ? Je sais que le masque va être obligatoire, mais pourrons-nous serrer la personne dans les bras ? Est-ce qu’on peut être trois ? A quelle distance ? »

11 mai 2020

Appel d’un détenu : « J’ai du diabète, du cholestérol, j’ai fait un infarctus, et je suis en surpoids : j’ai une santé fragile. J’ai demandé qu’on me donne un masque, ou d’en acheter un, mais cela m’a été refusé. Alors j’en ai fabriqué un en déchirant un T-shirt, mais on m’a dit que c’était interdit, qu’ils voulaient voir mon visage, et que de toute façon c’était interdit pour tous les détenus. On m’a même menacé d’écrire un rapport. Pourquoi le président dit oui et le directeur de la prison dit non ? Pourtant, le médical était d’accord, mais ils ont dit ne pas pouvoir l’imposer. »

Appel de la compagne d’un détenu de Fresnes : « Est-ce qu’un parloir famille constitue un motif familial impérieux ? Je viens de Marseille, le SPIP ne me répond pas. J’ai mon autorisation de parloir, et la preuve que je fais des mandats chaque mois. Mais je cherche à avoir le greffe ou le CPIP pour obtenir un autre justificatif… J’ai même appelé Ouigo, mais pas de réponse. Il y a une semaine, on m’a dit : « Vous venez de Marseille, donc ce n’est pas sûr. »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Est-ce que les transferts reprennent ? On attend pour que mon compagnon se rapproche de chez moi, dans le sud. Mais le SPIP n’est au courant de rien. »

Appel d’un détenu: « Je travaille comme bibliothécaire ici. Pourquoi ma bibliothèque ne rouvre pas alors que Macron a dit qu’elles rouvraient ? »

Appel de la mère d’un détenu de Meaux : « Les parloirs reprennent, mais ils sont interdits aux visiteurs de plus de 65 ans. J’ai demandé une dérogation, parce que nous avons tous les deux plus de 65 ans… Mon fils n’est pas sorti en promenade depuis le début du confinement, et il n’a pas d’autres visites que les nôtres. »

Appel de la compagne d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Je vis à plus de 175km de la prison, est-ce que le parloir constitue un motif familial impérieux ? La gendarmerie m’a dit que c’était bon, mais que c’était à mes risques et périls. »

Appel d’un détenu de La Santé : « Je devais passer des examens au mois de juin. S’ils sont reportés à septembre, j’ai peur de ne pas pouvoir les passer, parce que j’ai été condamné et que je vais être transféré dans un établissement pour peines. »

Appel d’un détenu de Lille-Annoeullin : « A propos d’hygiène, ça fait un mois que j’ai le même caleçon (que je lave). Quid du linge pour les arrivants ? Je sais qu’il n’est pas possible, en ce moment, d’apporter du linge aux détenus mais pour les nouveaux arrivants qu’en est-il ? On m’a refusé les vêtements indigents parce que j’ai un peu de moyens, mais je ne peux pas cantiner de vêtements ! Il y aurait quand même des solutions. Ils pourraient laisser le linge 24 ou 48h “en quarantaine” et nous le remettre ensuite, par exemple. »

Appel d’une proche d’un détenu des Baumettes : « Depuis ce matin, j’essaye d’appeler pour réserver un parloir. J’en suis à cinquante appels, ça ne répond pas… Est-ce qu’il y a un autre numéro ? »

7, 8, 9 et 10 mai 2020

Message d’une femme proche d’un détenu de Saint-Mihiel : « Le centre de détention a mis en place des parloirs à partir du 11 mai avec port obligatoire du masque, des gants, et interdiction de tout rapprochement physique sous risque d’annulation et suspension immédiate du parloir pour la famille, et de quinze jours d’enfermement pour le détenu. La détention a-t-elle réellement le droit d’interdire tout rapprochement et de suspendre nos permis de visite pour ce motif ? »

Appel d’un détenu : « J’ai de la tension, je fais du diabète, des insuffisances respiratoires. J’ai fait une demande de mise en liberté, elle a été rejetée. J’ai fait appel, j’attends. Ici, on est à deux en cellule. Mon codétenu a 72 ans, il présente les mêmes pathologies que moi. On a demandé à être en cellule individuelle, pas de réponse. On ne fait que ça, demander une cellule individuelle à la direction, mais on n’a pas de réponse. J’ai une attestation des médecins qui disent qu’en cas de Covid, je ne pourrais pas être pris en charge correctement à l’unité sanitaire de la prison. En plus je suis malvoyant, j’ai besoin d’aide au quotidien. Mais rien ne bouge. Ici on est serrés comme des sardines, et en cours de promenade c’est carrément un parc à huîtres. »

Message d’un détenu de Nice : « Ici les parloirs vont reprendre à partir du 12 mai. Mais le directeur refuse que je voie ma femme qui va accoucher dans deux mois. Malgré les plexiglas mis en place dans les boxes, et alors que ma femme doit venir avec un masque et qu’elle est infirmière et connaît tous les gestes barrières… »

Message de la compagne d’un détenu en semi-liberté : « Il n’a aucune information en ce qui concerne les modalités de déconfinement dans les centres de semi-liberté. Lui a un contrat de travail à l’extérieur (un CDI) depuis mars. Depuis le début du confinement, il ne peut plus sortir du centre pour exercer son activité, alors que celle-ci est maintenue. Nous pensions qu’avec le déconfinement, il pourrait reprendre à partir du 11 mai. Mais nous avons appris en début de semaine que ce ne serait pas le cas : malgré les multiples demandes de son employeur, il ne pourra toujours pas sortir. La semi-liberté est donc “annulée”… Est-ce légal ? Nous ne comprenons pas que l’établissement refuse la reprise de son activité alors que les surveillants vont et viennent chaque jour. »

Message de la mère d’un détenu de Lille-Sequedin : « Est-ce que je peux y aller pour un parloir, sachant que j’habite à 250km ? »

Message d’une proche d’un détenu de Meaux : « Les parloirs, qui étaient interdits, vont reprendre. Alors comme tous les proches de détenus, j’ai essayé de contacter le numéro vert pour prendre un rendez-vous, mais depuis deux jours, et malgré mes appels très très fréquents, personne ne répond. »

Message de la compagne d’un détenu : « Mon compagnon étant incarcéré à plus de 100km de mon domicile, je souhaiterais savoir si l’on peut me verbaliser, ou si ça passe comme motif familial impérieux – qui en est un pour ma part, comme pour toutes les personnes incarcérées j’imagine. Y a-t-il un texte ou un décret qui nous couvrirait en cas de contrôle ? »

Message de la mère d’un détenu de Toulouse-Seysses : « J’ai très peur pour lui, il n’a ni masque, ni gel hydroalcoolique. Et il a dû changer plusieurs fois de cellule, alors que celles-ci ne sont pas désinfectées. Chaque jour, il sort une heure en même temps que d’autres détenus (et ils sont bien plus de dix). La distance d’un mètre n’est pas du tout respectée. Mon fils a très peur, mais il n’a pas le choix… »

Message de la compagne d’un détenu d’Uzerche : « On nous dit que les parloirs vont reprendre à partir du 11 mai, mais il y a cette distance des 100km. J’habite en Charente. Personne ne nous dit si on peut quand même se déplacer, et avec quel document officiel. »

Appel de la compagne d’un détenu de Rennes : « Désolée pour le bruit de fond, j’essaye en parallèle de joindre les parloirs. C’est complétement saturé. En plus, le standard n’est ouvert que de 9h à 12h et de 14h à 17h le lundi, et uniquement le matin le jeudi et le vendredi. J’ai peur de ne pas réussir à les joindre ce matin. Est-ce que c’est possible de réserver un parloir en ligne ? Moi en plus je suis à 250km de la prison, je ne sais pas comment faire. »

6 mai 2020

Appel de la mère d’un détenu : « Est-ce que vous pourriez demander que les détenus aient l’autorisation de porter un masque en cour de promenade ? Vu que maintenant, le port du masque est obligatoire dans les lieux publics. Mon fils ne veut pas descendre en cour de promenade, il a peur. Il n’y a pas de distanciation… Ils sont trois dans la cellule, c’est déjà très dangereux. Un de ses codétenus sort deux fois par jour, un autre est auxi restauration et il est en contact avec tout le monde. Dans cette prison, ils n’ont pas libéré des détenus qui avaient un certificat médical et qui sortaient de réanimation, c’est inhumain ! On aimerait juste qu’ils aient la permission de mettre des masques qu’ils fabriqueraient eux-mêmes, ou qu’on leur fabriquerait. S’il était à la maison et qu’il pouvait se faire soigner facilement, je ne serais pas inquiète, mais là, les conditions dans lesquelles ils sont, ça me fait peur. »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Pourquoi on envoie les enfants à l’école, mais on leur interdit de voir leur papa ? Personne n’a su me répondre pour le moment. Notre médecin traitant, que j’ai consulté parce qu’elle pleurait beaucoup son père, m’a dit qu’il ne voyait pas de raisons à ce qu’elle ne le voit pas vu qu’elle n’a pas de problème de santé particuliers et qu’elle pourrait porter un masque. Est-ce qu’on peut porter plainte pour atteinte aux liens familiaux ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Muret : « Quand va-t-on pouvoir se revoir ? Ça n’est pas ma faute s’il a été transféré à 500km… Tous les gestes barrières on les connaît, on ne va pas se jeter dans la gueule du loup ! »

Appel d’un détenu : « Ce n’est pas normal que les enfants n’aient pas le droit de visite, c’est vraiment dur. Est-ce qu’on ne pourrait pas faire une heure avec la compagne, une heure avec les enfants ? Ici, les auxis n’ont pas droit à un masque ou à des protections, alors qu’ils l’ont demandé. Et on s’est plaint plusieurs fois des surveillants, parce qu’ils ne portaient pas le masque (depuis hier c’est réglé). Ils ne respectent pas les distances, ils jouent aux cartes tous ensemble. »

Appel d’un détenu : « Ici, les auxis ont quelques masques chirurgicaux, et des gants. Moi je suis considéré comme une personne à risque, donc je suis le seul à avoir un masque en cours de promenade, ça fait des jaloux. »

5 mai 2020

« Je suis infirmière en prison. Je suis très surprise, pour ne pas dire choquée, tout comme les personnes incarcérées : à compter du 11 mai, les détenu·e·s, qui étaient jusque-là confiné·e·s et épargné·e·s par le Covid-19, vont recevoir des parloirs, retourner aux diverses activités proposées, et le tout sans masques ! Alors qu’un atelier confection masques en tissus semble se mettre en place au sein de l’établissement, mais seulement pour couvrir les surveillants et les soignants… Et alors que la ville prévoit de fournir des masques à chaque habitant·e. Mais qu’en est-il pour les détenu·e·s ? »

Appel d’un détenu de La Santé : « Je regrette qu’on ait dû attendre une pandémie pour qu’on atteigne un taux d’occupation de 100% en prison, alors que c’est prévu dans la loi pénitentiaire de 2009. Mais j’ai peur qu’à la fin du confinement, il y ait de nouveau une augmentation des incarcérations. Et je crains que les détenus soient testés juste pour pouvoir de ne pas respecter l’encellulement individuel. Sinon, est-ce que vous savez si les centres scolaires vont rouvrir le 11 mai ? Est-ce qu’on va pouvoir passer nos examens ? »

Appel d’une proche d’un détenu de Rennes : « J’ai eu le secrétariat de la prison : ils m’ont dit que l’attestation de déplacement pour “motif familial impérieux” ne serait pas suffisante pour venir au parloir si on habite à plus de 100km. Et la prison refuse de donner des autorisations à chaque famille. Est-ce que c’est vrai ? Est-ce qu’il faut se tourner vers le juge ? »

Appel d’un détenu de La Santé : « Ça fait un mois et demi que je ne suis pas sorti de cellule. Je ne veux pas aller en promenade, j’ai trop peur de tomber malade. J’ai entendu parler de bâtiments qui sont confinés… »

Message de la compagne d’un détenu de Saintes : « Je suis actuellement enceinte de six mois, donc considérée comme vulnérable. Mon conjoint est incarcéré depuis décembre. Le 11 mai, les parloirs reprendront leur cours, mais je viens d’être informée que les femmes enceintes ne pourront pas y aller. Est-ce vrai ? Cela fait presque deux mois que je ne l’ai pas vu, et assumer une grossesse seule n’est pas facile… »

Message de la compagne d’un détenu de Châteauroux : « Mon mari est incarcéré depuis l’automne. Nous avons cinq enfants. Depuis le 13 mars, nous n’avons eu aucun parloir. La cabine permet d’avoir des nouvelles, mais c’est vraiment très cher… Lui, il n’a plus de suivi psy, plus aucune activité, les demandes d’aménagement de peine sont en attente à cause du Covid. C’est vraiment dur. »

Appel d’un détenu : « Avant j’étais à Uzerche, j’ai été transféré ici après la mutinerie. Ça fait plus d’un mois que je suis au quartier arrivants, en régime fermé, alors que je suis en centre de détention [régime ouvert]. En plus, depuis le transfert, il me manque plus de la moitié de mes affaires. J’ai reçu tous les paquets, mais dedans des affaires ont été enlevées. J’ai fait la liste des affaires manquantes à la direction, mais rien, je dois tout racheter. En plus, il manque des choses qui avaient une valeur sentimentale, comme des photos, des courriers… »

4 mai 2020

Message de la mère d’un détenu de Brest : « J’habite à Rennes. Brest, c’est à 250km. Savez-vous comment va se passer la reprise des parloirs ? Au Spip, ils ne savent rien. Est-ce qu’on peut compter sur le bon vouloir des forces de l’ordre pour considérer le motif familial, si je vais voir mon fils au parloir ? »

Appel de la conjointe d’un détenu de Réau : « Est-ce que les enfants seront autorisés après la reprise des parloirs ? »

Appel d’un détenu : « J’étais hospitalisé à cause du Covid, j’ai failli mourir. Je viens de sortir de l’hôpital, avec un certificat médical attestant que mon pronostic vital est engagé à court terme. Pourtant, j’ai été renvoyé en prison ! Je veux lancer une procédure contre le ministère, contre la pénitentiaire, contre l’Agence régionale de santé. »

Appel de la mère d’un détenu de Fresnes : « Sur quel site est-ce qu’on peut prendre rendez-vous pour un parloir ? Parce qu’à Fresnes, c’est très compliqué d’avoir le service des parloirs par téléphone. »

Appel d’un ami d’un détenu de Bois d’Arcy : « Lors de notre dernier parloir, j’avais emporté tout son linge… C’était il y a deux mois. Heureusement que son codétenu fait la même taille que lui, il peut lui emprunter des vêtements. Est-ce que vous en savez plus sur la reprise parloir et le dépôt de linge ? Le SPIP est injoignable depuis deux mois. »

« Pouvez-vous me dire la date de reprise de parloirs ? J’essaie de les appeler mais personne ne répond. J’essaie aussi sur le site Internet, ça ne marche pas non plus. »

Message de la compagne d’un détenu de Saint-Quentin-Fallavier : « Il est incarcéré depuis début mars. Il a fait une demande d’aménagement de peine dès son arrivée. Avant, dehors, il avait un CDI. Mais aujourd’hui, avec le Covid-19, son employeur ne peut plus s’engager à la garder à sa sortie. Nous avons peur que sa demande d’aménagement soit refusée, s’il n’a plus d’emploi… »

1, 2 et 3 mai

Notre permanence téléphonique est fermée le week-end : nous publions ici les messages laissés sur notre répondeur ainsi que les messages reçus par email.

Message du frère d’un détenu de Bourg-en-Bresse : « Normalement mon frère devait bénéficier des mesures liées au coronavirus car il est diabétique au niveau le plus élevé, et il ne lui reste que quelques semaines à effectuer. Le problème c’est que son dossier n’a pas été transmis au juge qui devait prendre la décision de sa libération. Un de mes frères a appelé la prison et a appris que mon frère avait arrêté l’insuline pour contester… et personne ne s’en soucie ! Que pouvons-nous faire ? »

« Vu que les parloirs reprennent progressivement, peut-on venir sur place pour réserver ? Je ne sais pas où aller sur Internet. »

Message de la compagne d’un détenu de Saint-Martin-de-Ré : « Pour l’instant personne n’est capable de me donner une réponse concrète. Mon mari a été transféré il y a quelque mois à la citadelle de Saint-Martin-de-Ré. Il était prévu que je déménage pour me rapprocher, mais avec le confinement ça ne s’est pas fait, et je me retrouve à plus 450 km de lui… Comment faire ? J’imagine que je ne suis pas la seule dans cette situation, il est très rare que les familles de détenus, surtout ceux en centrale, soient à moins de 100km de la prison… »

Message de la compagne d’un détenu de Riom : « À la reprise des parloirs, est-ce que je pourrai aller en UVF [unité de vie familiale] avec ma fille de six mois pour qu’elle voie son papa ? »

30 avril

Appel de la cousine d’une détenue de Fleury-Mérogis : « Ma cousine est à Fleury depuis le 13 avril. Est-ce que je peux lui envoyer un colis de vêtements, puisque je n’ai pas le droit de lui déposer de linge ? J’ai appelé la prison, mais je n’arrive pas à avoir de réponse. »

« Mon compagnon est incarcéré, est ce que vous avez plus d’infos sur la reprise des parloirs ? »

Appel d’un détenu des Baumettes : « Je devrais sortir demain, et ils ne me font pas sortir. J’ai fait appel, je me suis désisté, et normalement avec les remises de peine exceptionnelles, je devrais sortir demain. Mais ils me disent qu’ils n’ont pas reçu de papier de la Cour d’appel, et donc que je suis toujours prévenu, et donc je n’ai pas le droit aux remises de peine.  Et sans, ma date de libération c’est dans un mois… »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Vous en trouvez, vous, de la farine en rayon à l’extérieur ? Car à Réau on leur dit qu’il y a des pénuries de farine, de sucre, etc. Et il y a de gros problèmes de cantines. »

Appel d’une détenue de Joux-la-Ville : « Ici, on est toutes perplexes. On nous a offert 40€ de téléphone en avril, est-ce que ça sera renouvelé ? Et pour la télé ? Et les débats contradictoires, quand vont-ils reprendre ? On a regardé le Premier ministre à la télé, mais il n’a rien dit sur les prisons… »

Appel d’un détenu de La Santé : « Savez-vous quand le centre scolaire va rouvrir ? J’imagine que ça ne va pas être le 11 mai, n’est-ce pas ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Muret : « Le téléphone est sans arrêt en panne là-bas ! Ça devient infernal, c’est le seul moyen de communication qu’il lui reste… »

29 avril 2020

« Pouvez-vous me dire à quelle date les parloirs reprennent et si on peut fournir des masques et des gants à nos détenus pour plus de sécurité pour eux ? »

Appel de la mère d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Mon fils est atteint d’une maladie auto-immune, et son traitement est en totale contradiction avec les symptômes du Covid. Plusieurs certificats l’attestent. Il est plus fragile et très exposé, mais ses trois demandes de libération ont été refusées. Ils disent que les gestes barrières et autres mesures de prévention sont mis en place à Fleury… Mais ce n’est pas vrai ça ! Les surveillants qui rentrent et qui sortent peuvent les contaminer. Ils font toujours des fouilles. Les prisonniers n’ont ni gants, ni masques, et ne peuvent pas respecter les distances de sécurité. »

Appel de la mère d’un détenu de Villepinte : « Savez-vous quand les parloirs vont reprendre ? Et est-ce qu’ils ne peuvent pas mettre un système en place pour qu’on puisse remettre du linge propre aux détenus ? Ils ont mis en place des laveries mais ça ne marche pas, il y a trop de vols. En plus ils ont peur du Covid et on leur dit de mettre leur linge dans des machines collectives ! Ce n’est pas possible, ils ne comprennent pas. Ils lavent leur linge à la main, ce n’est vraiment pas l’idéal… Mon fils manque de vêtements, et plein d’autres détenus sont dans ce cas. Moi, mon fils est prévenu, je ne comprends pas qu’il n’ait pas pu être libéré dans le contexte actuel. »

Message de la femme d’un détenu : « Dans cette prison, il y a des rats et des souris partout. Il doit dormir avec. Il y a une semaine, il a été isolé car suspecté de Covid dans une cellule où il faisait très froid. Pour qu’il n’ait pas de fièvre, lui a-t-on dit… Il a dû mettre tous les habits qu’il avait sur lui. Il a demandé s’il serait testé, on lui a répondu que non. En sept jours, on lui a pris seulement une fois la tension et la température. Pendant ces sept jours, il a été privé de ses droits élémentaires, comme accéder au téléphone et sortir en promenade deux fois par jour. »

Appel de la mère d’un détenu de Rennes-Vezin : « Il a demandé une libération conditionnelle, il devait passer en commission la semaine prochaine. Mais personne n’a su me dire si c’était reporté, si oui à quand… Édouard Philippe a parlé hier, mais il n’a rien dit sur les prisons ! Rien sur les parloirs… C’est dur, j’ai vraiment peu de nouvelles. Je n’ai vu mon fils que trois fois depuis décembre. J’habite à Saint-Brieuc donc je ne peux pas y aller tous les jours. Il m’appelle de temps en temps, mais le téléphone, c’est compliqué. Ils n’ont pas de gel, rien pour désinfecter… Et ils sont deux en cellule alors qu’il devrait être seul. Vous savez quand ils vont nous dire, pour la reprise des parloirs ? »

Appel de l’ami d’un détenu de Perpignan : « Sur les parloirs, ils n’ont rien dit ? Je trouve ça vraiment scandaleux ! On parle des écoles, de tout le reste… Les prisonniers, même s’ils ont commis des délits, sont en train de payer, et ils méritent qu’on les traite comme des êtres humains. C’est inadmissible, je suis bouleversé. La ministre de la Justice aurait pu dire ne serait-ce que deux mots… Je corresponds avec mon ami par téléphone. Heureusement qu’ils ont maintenu ça. Mais il faut arrêter de dire que les gens ont le téléphone en cellule, c’est faux : lui, à Perpignan, il n’a pas de téléphone en cellule, il doit faire la queue à la cabine avec les autres. »

Appel de la mère d’une détenue de Bapaume : « Ma fille est auxi, elle fait le ménage et distribue le repas en prison. Depuis le début du confinement, on lui a imposé de faire les douches toutes les heures au lieu de tous les matins. Sans masque et sans gants. Quand ma fille a demandé pourquoi ce changement, on lui a répondu que c’était pire à l’extérieur, et qu’elle n’avait pas à se plaindre. Et puis les surveillants qui rentrent et qui sortent, sans protection, ça inquiète tout le monde, ils risquent de les contaminer… » Juste après sa mère, appel de la fille, depuis la coursive : « Je ne lâcherai rien par rapport à mes droits, ce n’est pas normal ! »

Message du père d’un détenu de Toulouse-Eysses : « J’aimerais savoir si je peux aller chercher mon fils avec sa mère au cas où il aurait la permission de sortir après le 11 mai, sachant que nous sommes à plus de 600km de la prison. Cette permission lui est accordée tous les trimestres pour aller voir sa femme et son fils qui vivent loin. »

28 avril 2020

Appel de la conjointe d’un détenu de Réau : « Savez-vous comment va se passer la reprise des parloirs ? J’habite à plus de 400km de la prison où est mon mari : si les déplacements hors-région sont interdits, comment faire ? »

Appel d’un détenu de Fleury-Mérogis : « J’ai été incarcéré fin mars. En ce moment je suis en observation médicale car suspecté d’avoir le Covid. J’ai été testé négatif, mais je suis toujours isolé. Dehors j’ai un contrat de travail, un logement : je voudrais faire des demandes d’aménagement mais je ne suis pas accompagné, je n’ai pas d’avocat, et tout est repoussé à cause du Covid… »

Appel d’un détenu : « J’étais à Uzerche, j’ai été transféré après la mutinerie, il y a plus d’un mois. Je n’ai toujours pas récupéré mes affaires. Avec-vous des nouvelles ? »

Appel d’un détenu de Bois d’Arcy : « Ici les détenus n’ont pas reçu les deux mois de remise de peine exceptionnelle pour le Covid, et les CPIP répondent rarement. Je ne sais pas comment faire : je n’ai pas d’interlocuteur, je ne sais pas si ma demande a été traitée, on n’a aucune information… Et pour les parloirs, vous savez comment ça va se passer ? »

« Quand les parloirs vont-ils reprendre ? Ce n’est pas normal, personne n’en parle, on dirait que tout le monde s’en fout ! Après ils ont l’air surpris qu’il y ait des mouvements dans les établissements, mais on les coupe du monde, alors il ne faut pas s’étonner… »

Appel d’un détenu de Poitiers-Vivonne : « Avez-vous des statistiques sur les aménagements de peine accordés selon les régions ? Je me demandais s’il valait mieux demander un transfert pour la région parisienne, j’ai l’impression qu’il en a plus là-bas. Comment faire pour demander un transfert ? Et les remises de peine exceptionnelles Covid, comment en bénéficier ? »

Message de la compagne d’un détenu de Toulouse-Muret : « Mon compagnon est incarcéré depuis plus de cinq mois. Pour diverses raisons, il n’a toujours pas pu voir son avocat. Son moral n’est pas terrible, notamment à cause de cela. La suppression des parloirs n’est pas pour arranger les choses. Il y a là-bas pas mal de désordres, je l’entends lorsqu’il m’appelle. C’est une personne très introvertie et tout cela m’inquiète fortement. Je vais vous poser une question qui est un lieu commun, mais je la pose quand même car j’ai beau chercher un peu partout, je n’ai pu trouver aucune réponse : savez-vous à quelle date a été fixée la reprise des parloirs ? »

Message de la compagne d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Mon mari est en mandat de dépôt. Il a plusieurs certificats médicaux qui attestent qu’il ne peut pas rester en maison d’arrêt et que son organisme ne pourrait pas tenir face aux coronavirus, mais le juge refuse sa sortie. Sa santé est en danger, il a des infections graves, et les traitements qu’on lui donne en prison ne fonctionnent pas. »

Message de la compagne d’un détenu : « Mon compagnon depuis cinq mois en mandat de dépôt. Il a été incarcéré juste après une opération, et aujourd’hui, la plaie suppure encore, et le traitement qu’il devrait recevoir en lui est pas donné. Alors maintenant, avec le Covid-19, je crains encore plus pour sa santé… Une demande de mise en liberté a été faite fin avril, et refusée. Pourtant il a un certificat du médecin de la prison qui dit qu’il doit subir une nouvelle intervention et qu’il doit être suivi par un infectiologue. »

Message de la sœur d’un détenu : « Il est en détention provisoire. Je viens de recevoir une lettre alarmante de lui. Il souffre de myopie très sévère et me dit ne pas avoir de lunettes, et porter les mêmes lentilles non désinfectées depuis plus de vingt jours. Il m’a également renvoyé par courrier tous ses bons de cantines, refusés par les surveillants pour des raisons que j’ignore. »

27 avril 2020

Appel d’un détenu : « Je suis bibliothécaire ici. Évidemment, depuis le confinement, je n’ai plus de travail. Habituellement, je reçois ma paye le 27 du mois. Ce matin, j’ai demandé si celle pour le mois écoulé (du 20 mars au 20 avril) avait bien été versée, mais rien pour le moment. Je redemanderai demain pour vérifier. Mais si je ne reçois rien alors que je suis en chômage contraint, qu’es-ce que je peux faire ? Ce n’est pas de ma faute si la bibliothèque est fermée ! Le mois dernier, je n’ai travaillé que deux semaines avant le confinement, et pourtant j’ai touché l’intégralité de ma paye. Je ne sais pas si c’était une erreur ou si c’était intentionnel… »

Appel d’un détenu de Bois d’Arcy : « J’ai 23 ans, je suis incarcéré depuis trois mois, pour outrage, et libérable en novembre. Est-ce que les remises de peine exceptionnelles annoncées par la ministre sont automatiques ? Je suis à l’isolement presque depuis le début, est-ce que ça peut me porter préjudice pour obtenir ces remises de peine ? J’ai fait une demande d’aménagement, du coup est-ce j’ai intérêt à aussi demander les remises de peine ? Je pensais vraiment que c’était automatique… »

25 et 26 avril 2020

Notre permanence téléphonique est fermée le week-end : nous publions ici les messages laissés sur notre répondeur ainsi que les messages reçus par email.

Message de la compagne d’un détenu de Béthune : « J’aimerais savoir si les parloirs vont reprendre. Et est-ce que vous avez des informations sur les grâces accordées pour le Covid ? Mon compagnon n’a toujours rien reçu, comment faire ? Il est incarcéré pour conduite sans permis en récidive, je sais que c’est une faute, mais avec ce qu’il se passe en ce moment, j’ai peur pour mon compagnon. Un homme a encore essayé de se donner la mort la semaine dernière là-bas, c’est insoutenable pour lui, je ne sais plus comment l’aider. »

Message de la compagne d’un détenu d’Uzerche : « Mon compagnon est incarcéré en Corrèze, j’habite en Charente. Je voudrais savoir si après le 11 mai les parloirs pourront reprendre normalement. »

Message de la compagne d’un détenu d’Aiton : « Il est incarcéré depuis un peu plus de deux ans, et sa sortie est prévue cet été. Il s’était pourvu en cassation, alors en tant que prévenu, il n’avait pas droit aux remises de peine exceptionnelles liées au Covid. Il a annulé son pourvoi pour pouvoir en bénéficier. Quand est-ce que cela sera pris en compte ? A-t-il une chance de sortir avant la date prévue ? »
Message du père d’un détenu de Châteaudun (en anglais) : « Je voudrais des informations sur la santé de mon fils, à cause du coronavirus. Nous sommes étrangers, nous ne vivons pas en France. Nous avons été informés qu’il était désormais dans cette prison, mais est-ce qu’il va bien ? Quand son retour ici est-il prévu ? »

Message de la compagne d’un détenu de Nanterre : « Je voulais savoir si vous aviez des informations sur les dates de reprise des parloirs. »

Message de la mère d’un détenu de Bois d’Arcy : « Mon fils a été condamné à une peine criminelle se terminant début 2021. Bénéficiera-t-il d’une réduction de peine supplémentaire Covid promise par la garde des Sceaux ? »

Message de la compagne d’un détenu de Guéret : « Y a-t-il des transferts de détenus actuellement ? Cela fait plus de deux ans que mon compagnon demande son transfert.  Est-ce vrai qu’il n’y a plus de parloir jusqu’à septembre ? »

Message de la compagne d’un détenu de Tarascon : « Avez-vous une date pour la reprise des parloirs familles dans les prisons, notamment celle de Tarascon ? Et dans quelles conditions ? »

Message de la femme d’un détenu de Borgo : « Mon mari est dans une situation médicale critique par rapport au Covid-19. J’aurais besoin de conseils. Pouvez-vous me rappeler ? »

24 avril 2020

« Je voudrais savoir à quelle date les parloirs vont reprendre. »

Appel d’un détenu : « J’étais à Mende. Cette prison elle est horrible, il faut la faire fermer. J’ai été transféré il y a quelques jours : ils m’ont collé une “incitation à l’émeute” parce que j’ai incité des détenus à porter plainte contre leurs conditions de détention devant des surveillants. Je suis passé en commission de discipline sans avocat. Pour l’instant, ici, je suis au quartier arrivants, mais j’ai peur qu’après ils m’envoient au QD [quartier disciplinaire]. Est-ce que la sanction prononcée à Mende va me suivre ici ? J’ai peur, je suis stressé, je ne suis jamais allé au mitard… »

Appel d’une détenue de Fleury-Mérogis : « Je viens d’apprendre que ma sœur et ma mère avaient été testées positives au Covid. Elles ont la garde de mes deux enfants. Que va-t-il leur arriver ? Il me reste huit mois à faire, est-ce que je peux obtenir des remises de peine exceptionnelles, vu le contexte ? »

Appel d’un détenu confiné dans un centre de semi-liberté : « Ici, on a le droit d’avoir un téléphone portable. Alors j’ai fait des démarches et j’ai trouvé un emploi en intérim. Je dois commencer lundi ou mercredi. Mais il faut que j’obtienne une autorisation de sortie, et impossible de joindre les CPIP. Ça me rend fou. Je risque de perdre mon emploi ! »

Appel de la compagne d’un détenu de Saint-Maur : « Est-ce que vous savez quand les parloirs vont reprendre ? J’ai envoyé un colis à mon compagnon avec des masques et du gel hydroalcoolique, il m’a été retourné, sans explication. Là-bas, les surveillants sont équipés de masques. On ne comprend pas pourquoi ils les refusent aux détenus. »

23 avril 2020

« Je vous appelle pour savoir si vous avez une date pour les parloirs, savoir quand ils vont reprendre ? Vous n’avez vraiment aucune date ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Apparemment les détenus d’Île-de-France auront droit à des visites de personnes venant d’Île-de-France uniquement. Moi j’habite à Lyon, je fais comment ? J’ai besoin de voir mon mari, et ma fille, elle a besoin de voir son père ! »

Appel d’un détenu de Lille-Annoeullin : « Depuis le confinement, on n’a plus rien, plus de sport, plus coiffeur. Les promenades sont devenues très dures : horaires décalés, etc. Plus de riz, plus de cordon bleu. Les yaourts il n’y en a presque plus. Les cantines sont restreintes. Certains prix, notamment sur les légumes, sont devenus exorbitants. Le prix des pommes de terre a explosé. On n’a plus de travail, donc plus de salaire, alors si on n’a pas de famille pour envoyer un mandat… Avant, je faisais des cantines de 40 € par semaine, là c’est passé à 46, 49 €. On n’a aucune viande, ni dans les cantines, ni dans les gamelles. Les surveillants ont des masques, mais nous on n’a rien. Même les détenus malades, vulnérables n’ont pas de masques. Alors qu’il y a eu des cas de Covid dans la prison ! Moi je suis asthmatique, j’ai fait une crise. J’ai fait une demande de mise en liberté, mais ça a été rejeté. Tous les obèses, les asthmatiques, les diabétiques ont pourtant reçu un papier disant qu’ils étaient prioritaires pour les sorties, mais ça ne marche pas. Et les CPIP ne sont pas là, ils ne répondent plus. Quand on a besoin de quelque chose, on est obligé de se débrouiller. Depuis un mois, c’est devenu grave… »

Appel d’un détenu de Réau : « Ici les cantines ordinaires fonctionnent, même s’il y a parfois des problèmes sur quelques produits, mais on nous a prévenus d’éventuelles pénuries. Par contre, les cantines exceptionnelles ça ne fonctionne pas du tout. J’ai par exemple cantiné du Scotch et de la colle en mars, mais je ne les aurai qu’en juin. Les 40 € pour le téléphone, on ne sait pas s’ils seront renouvelés en mai. Idem pour la télé. Et on ne sait pas pour la reprise des parloirs, la reprise des activités… Et les transferts ? Ici beaucoup de détenus sortent du CNE [centre national d’évaluation, qui permet de décider dans quel type d’établissement les détenus purgeront leur peine] et sont en attente de transfert, mais on ne sait pas quand ça pourra avoir lieu. Ce sont des questions auxquelles personne ne peut répondre. Plus globalement, c’est très pénible, depuis janvier plusieurs détenus attendent leurs cartons, et ils ne sont toujours pas arrivés. »

Appel de la sœur d’un détenu d’Aix-Luynes : « On voudrait lui envoyer de l’argent. Comment faire ?  Il a été incarcéré il y a quelques jours, il est en détention provisoire. On ne sait pas de combien il a besoin, combien coûte la vie en prison ? Est-ce qu’il a le droit de téléphoner ? Il faut demander au juge ? Mais on ne sait pas qui est le juge ! J’ai essayé d’appeler le CPIP de la prison, mais personne ne répond. Et pour le linge, ça fonctionne comment ? Avec le Covid, je ne peux pas lui en apporter c’est ça ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Villenauxe-la-Grande : « Ça part en cacahuète, là-bas. Ils n’ont pas de droits, et avec le Covid c’est encore pire. Il y a eu des fuites d’eau qui venaient des canalisations, les eaux usées avec les excréments remontaient. Ils ont changé de bâtiment depuis. Les téléphones dans les cellules ne fonctionnent pas, et les téléphones dans les couloirs, ils n’y ont pas accès tout le temps, il y a des queues interminables pour y accéder… Ils ne peuvent quasiment rien cantiner à manger. Dernièrement, il n’y avait que des féculents. Pas de viande, ni rien. Et le ramadan commence demain : il n’y aura rien, ça va être compliqué… »

« Bonjour, je vous appelle pour savoir si vous avez des nouvelles pour la reprise des parloirs ? Il y a des prisons qui nous disent que ça sera réservé aux personnes qui viennent de la même région. »

Appel d’un détenu de Villeneuve-lès-Maguelone : « On n’a pas eu d’information sur la messagerie vocale mise en place pour nos proches. On ne sait pas comment ça marche, combien ça coûte, etc. Vous avez plus de renseignements ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Caen : « Il travaillait aux ateliers, mais les ateliers sont fermés, il ne travaille plus. J’ai vu qu’il existait une indemnisation pour les personnes qui ne travaillaient plus, comment ça se passe ? Ça marche en prison aussi ? »

Appel de la sœur d’un détenu de Grasse : « Les surveillants n’ont pas tous des masques. Et le pain est distribué à mains nues, sans gants. »

Appel de la mère d’un détenu de Nice, en pleurs, très inquiète : « Est-ce que vous savez quand les parloirs vont reprendre ? Mon fils ne m’a pas appelée depuis quelques jours, la dernière fois qu’il m’a appelée il était malade, il avait mal à la tête et il toussait, et son codétenu aussi… il ne lui reste que quatre mois à faire. La CPIP ne répond quasi jamais, est-ce que vous savez s’ils font encore sortir des détenus ? il est là-bas parce qu’il a des problèmes d’alcool et de shit, mais ce n’est pas un dealer… J’ai déjà perdu son père à cause de tout ça. Il a juste besoin d’être soigné. »

22 avril 2020

Appel d’un détenu d’Arras : « Je suis confiné pour suspicion de Covid. On est quatre, confinés dans la même cellule, c’est n’importe quoi. On a droit à des promenades dans la cour du QD [quartier disciplinaire]. Au changement de cellule, pas mal de nos affaires ont disparu. »

Appel d’un détenu de la Santé : « J’ai appris que les délais de réponse à une demande de mise en liberté avaient été allongés avec le Covid. Je voulais consulter le code pénal, mais on n’a plus accès à la bibliothèque. »

Appel de la mère d’un détenu : « Mon fils est en détention provisoire, et il est gravement malade. Il a des rectocolites hémorragiques, il est très immunodéprimé. Alors là, avec le Covid… Je suis très inquiète. Une demande de mise en liberté a été déposée mais je n’ai pas de nouvelles. »

« Savez-vous quand les parloirs vont reprendre ? »

Appel de la femme d’un détenu de Réau : « Je viens de découvrir votre association et votre page Internet sur le Covid en prison. Merci beaucoup pour votre travail et ce que vous faites pour les détenus. Est-ce que vous savez quand les parloirs seront de nouveau autorisés ? »

Appel d’un détenu : « Je suis au quartier d’isolement. C’est un calvaire. Je ne savais pas que les détenus sans ressources pouvaient avoir 40 € avec la mesure Covid. Je n’ai même pas reçu de kit d’hygiène, et quand on m’a changé de cellule je n’ai pas eu d’eau de Javel pour nettoyer. »

Appel d’un détenu de Meaux : « Je suis auxi-maintenance. Quand les parloirs ont été suspendus, on nous a demandé de repeindre les parloirs. J’ai refusé, j’avais trop peur d’attraper le virus. Je voulais continuer à travailler comme d’habitude à la maintenance, sauf qu’on n’a quasiment plus de travail, puisqu’il faut limiter les déplacements dans la prison à cause du Covid. Alors au début, ils continuaient à me réveiller le matin pour me faire signer la feuille de présence, puis je retournais en cellule, sans avoir travaillé. Maintenant on ne me réveille même plus pour signer la feuille. Et je viens de recevoir ma fiche de paie : zéro euro. Est-ce que comme dehors, les détenus en chômage technique vont avoir droit à quelque chose ? »

Message de la compagne d’un détenu de Rouen : « Je voudrais comprendre ce système de libération pour assignation à résidence. Mon conjoint est incarcéré depuis juin, il doit sortir début juillet. D’après le SPIP, il sera éligible à ce dispositif à partir de mai. Mais j’aimerais savoir comment ça se passe, quelle est la procédure. Personne ne me dit la même chose. »

Message de la mère d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Mon fils est en mandat de dépôt depuis novembre. Il souffre d’une grave maladie auto-immune qui, si par malheur il venait à être contaminé par le Covid-19, lui serait fatale. Il a demandé une liberté provisoire qui lui a été refusée, alors que son cas est très sérieux. Même le médecin de la prison lui a établi un certificat qui confirme qu’il est en danger. Il a 33 ans, il est père de cinq enfants. Aidez-le s’il vous plaît. »

21 avril 2020

Appel d’un détenu de Muret : « Quand est-ce que les activités et les parloirs vont reprendre ? Est-ce que le forfait téléphone sera maintenu en mai ? C’est compliqué d’être dans le flou, de pas savoir… J’ai vu une émission à la télé où ils annonçaient que les parloirs ne reprendraient que deux mois après la fin du confinement. »

Appel de la compagne d’un détenu de Muret : « Mon conjoint m’a dit que d’après le chef de bâtiment, les parloirs reprendraient le 19 mai. Mais quand j’appelle la prison, ils disent n’avoir aucune info. Ils ouvrent les écoles, mais ils ne prévoient rien pour les détenus. Mon conjoint il ne travaille plus, il a perdu sa paye, c’est moi qui doit lui envoyer un mandat. »

Appel d’un détenu de La Santé : « Comment vont se passer les examens scolaires de fin d’année, bac et DAU, en prison ? Si c’est un contrôle continu, c’est injuste pour les détenus, on n’a eu aucun cours pendant deux mois ! Et est-ce que vous savez quand est-ce que l’école en prison va reprendre ? »

Appel d’un détenu de Roanne, qui ne parle pas très bien français : « Je suis indigent, et j’ai des problèmes avec les sommes qui doivent être versées en ce moment à cause du Covid, pour le téléphone et les cantines. En mars, j’avais signé tous les papiers pour être transféré, mais c’est repoussé. Et comme j’ai du mal à écrire, je ne peux pas écrire au juge pour tout ça. J’ai demandé à voir l’écrivain public, mais ça n’est pas évident de le rencontrer en ce moment… »

Appel de la mère d’un détenu : « Mon fils est incarcéré depuis trois ans. Il n’a jamais eu de permission, elles lui sont toutes refusées. Je voulais qu’il soit libéré dans le cadre des ordonnances, mais il n’a pas été visé. Il devait être jugé en avril, finalement c’est en septembre, mais j’ai peur que ce soit à nouveau reporté… Il vient d’être placé au quartier disciplinaire, est-ce que c’est possible, pendant le Covid ? »

Appel d’un détenu des Baumettes : « Quand est-ce que les parloirs vont rouvrir ? »

Appel de l’amie d’un détenu : « Les gardiens ont des masques, mais la plupart ne les portent pas. Ils ont même trouvé un masque au sol dans le cours de promenade. On fait comment, si les gardiens contaminent les détenus ? Même la directrice ne porte pas de masque ! La semaine dernière un surveillant est arrivé avec une visière, il a dû l’enlever, sur ordre de la directrice. Pourquoi est-ce qu’elle ne protège pas son personnel ? Nous on est pénalisés, parce qu’on n’a plus de parloir, et les détenus sont pénalisés puisqu’ils ne peuvent plus travailler. En plus, mon ami a été privé de parloir avant les autres parce que je suis un public à risque, j’ai plus de 70 ans. »

« Est-ce que les parloirs vont rouvrir ? Et les avocats, est-ce qu’ils peuvent entrer en prison ? »

Appel d’un détenu d’Auxerre : « J’ai pris une peine criminelle de quinze ans, que j’ai purgée, mais entre temps j’ai repris des peines correctionnelles. Sauf que la juge m’a dit que je ne pouvais pas bénéficier des remises de peine exceptionnelles parce que j’étais condamné à une peine criminelle, alors que je l’ai déjà exécutée ! Je n’ai plus que six semaines à faire, ma sortie est prévue début juin, mais la juge refuse les aménagements de peine, parce que la commission ne peut pas se réunir à cause du Covid… »

Message de la compagne d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Est-il normal qu’il ne puisse pas avoir de renouvellement de sa Ventoline ? Il est asthmatique. De plus, avez-vous des remontées concernant la reprise éventuelle des parloirs ? »

Message de la compagne d’un détenu de Saint-Pierre-de-la-Réunion : « Il a été placé en détention provisoire en février, et condamné à quatre mois en mars. L’état sanitaire actuel me fait craindre le pire pour sa santé : il a une double hernie discale qu’il ne peut pas soigner en prison, et surtout il souffre également d’une pathologie qui ne peut plus être suivie et qui peut dégénérer en cancer. Les attestations médicales ont été transmises à la prison, sans que celle-ci ne donne suite. Vous connaissez les conditions de détention et de promiscuité qui règnent là-bas… Nous sommes très inquiets. »

20 avril 2020

Message de la compagne d’un détenu : « Mon compagnon a été réincarcéré il y a quelques mois pour une vieille affaire. Je cherche à savoir s’il existe un service que je pourrais appeler pour un soutien psychologique. La situation n’était déjà pas facile entre nous avec son retour en prison mais là, avec le virus dans la prison, je ne dors plus, je me sens tellement impuissante. »

Message de la compagne d’un détenu de Meaux : « Avez-vous des informations quant à la réouverture des parloirs ? La Garde des sceaux a-t-elle donné une estimation de la date ? Je ne trouve aucune information à ce propos et la prison par téléphone ne peut pas me répondre. J’imagine bien qu’aucune date n’est fixée mais si déjà vous pouviez me donner un ordre d’idée de la durée qu’il me reste à patienter, cela m’aiderait beaucoup étant donné que je n’ai plus aucun contact avec mon conjoint depuis des semaines. »

Message d’un détenu de Bonneville : « J’ai des problèmes de santé : je suis diabétique, en surpoids, j’ai fait un infarctus… Je suis ici pour une courte peine, je voudrais pouvoir porter un masque. »

Appel d’un détenu : « On est plusieurs à s’être fabriqué des masques artisanaux. Mais les surveillants m’ont demandé de l’enlever et m’ont menacé de rédiger un compte-rendu d’incident si je le gardais. »

Message d’un détenu de Carcassonne : « Je suis en mandat de dépôt depuis un an et demi. Mon mandat venait juste d’être renouvelé pour les derniers six mois. Mais le juge a profité de l’ordonnance pour encore ajouter six mois de plus derrière, qui visiblement démarreront fin septembre Je ne suis pas une personne dangereuse… Je suis à bout. »

Message de la compagne d’un détenu de Saint-Pierre de La Réunion : « Il est en détention provisoire. Les conditions de détention là-bas sont très difficiles, et bien pire encore depuis la pandémie actuelle. Il n’y a même plus de blanchisserie, ils doivent laver leur linge dans des bacs d’eau. Mon mari souffrant d’asthme sévère, je m’inquiète vraiment pour lui : si par malheur il était contaminé par ce virus, la conséquence serait dramatique. La juge vient de renouveler son mandat de dépôt malgré un certificat médical. »

Appel de la conjointe d’un détenu de Nanterre : « Mon compagnon est en détention provisoire. Je trouve ça complètement dingue de priver les gens de tous liens comme actuellement. Je lui écris, mes lettres sont tâchées de larmes. Mais je ne les envoie pas car je ne sais pas si elles ont une chance de lui parvenir. C’est une double peine… Ça fait quatre jours que je n’ai pas eu de ses nouvelles, c’est terrible pour les familles. Il ne va pas à la cabine téléphonique, c’est trop compliqué, mais il y a un téléphone occulte qui circule entre les détenus. J’ai appris que depuis ce matin les visites étaient à nouveau autorisées dans les Ephad mais pour les prisonniers, rien ? Personne ne s’en soucie. Il a fait une demande de mise en liberté il y a quatre semaines mais il n’a plus de nouvelles de l’avocat, le CPIP ne répond pas. Et pour cette histoire de linge, comment faire ? Le 17 mars, jour de notre dernier parloir, j’ai récupéré tout son linge sale pour le laver. Depuis, les parloirs ont été suspendus et il n’a pas de vêtements de rechange, alors il en emprunte à ses codétenus. Ce n’est pas un indigent mais là, il se sent tout comme. Et puis la semaine dernière il est tombé malade, une grosse grippe. Il est resté en cellule, le médecin est venu tous les jours, et puis ils ont amené dans sa cellule un autre détenu malade aussi, qui toussait beaucoup. »

18 et 19 avril 2020

Notre permanence téléphonique est fermée le week-end : nous publions ici les messages laissés sur notre répondeur ainsi que les messages reçus par email.

« Bonjour, je suis tombée sur votre site par hasard, savez-vous ce qu’il en est pour les parloirs ? Je vois que les visites vont pouvoir reprendre dans les Ehpad, alors je me demande quand nous pourrons leur rendre visite, nous aussi. »

Message de la mère d’un détenu : « Pensez-vous que Mme Belloubet va faire sortir les prévenus qui sont à six mois de leur libération au lieu de deux mois ? Mon fils est incarcéré depuis près d’un an, il a pris 18 mois. Je n’arrive pas à calculer sa date de sortie. Pouvez-vous m’aider ? »

Message d’un détenu de Meaux : « Je suis en détention provisoire (mandat de dépôt correctionnel) depuis décembre. Les conditions sont précaires, ça fait quatre mois que je dors sur un matelas par terre, je n’ai pas d’espace vital. J’ai peur de mourir en prison, vu la crise sanitaire… Ici les gestes barrières sont impossibles à respecter ! Et ma détention provisoire a été renouvelée automatiquement de trois mois, sans débat contradictoire, sans visio-audience, sans rien. »

Message d’un visiteur de prison : « Est-ce que vous savez si les détenus qui ont été contraints d’arrêter leur travail seront indemnisés ? Je parle de la majorité d’entre eux qui n’ont pas de contrat et qui, en principe, ne sont pas éligibles au chômage partiel. On entend parler d’indemnisation en tous genres, il ne faudrait pas les oublier… »

Message de la compagne d’un détenu : « Il est reconnu handicapé à plus de 80%. Il est en fauteuil roulant, et porteur d’une pathologie dégénérative qui évolue rapidement (sclérose en plaques). Il est incarcéré depuis près de deux ans et libérable à la fin de l’été. Ses conditions de détention sont lamentables, il n’a pas les soins dont il aurait besoin et il se voit mourir à petit feu. Avec le Covid, la ministre a pris des mesures concernant les détenus malades ou en fin de peine mais à ce jour, mon conjoint n’a bénéficié de rien, alors qu’il est en détention pour un délit mineur (conduite en état d’ivresse et refus d’obtempérer), qui a fait ressurgir des peines du passé. J’ai peur pour lui, avec la rapidité à laquelle l’épidémie se propage… Son état se dégrade de jour en jour. »

Message d’un détenu en semi-liberté : « Je suis ici depuis le début de l’année. Je suis diabétique insulino-dépendant, et depuis le confinement je n’ai plus aucun suivi médical : je n’ai plus le droit de sortir pour aller chez le médecin ni même pour aller chercher mon traitement mensuel (insuline). Il y a trois semaines, ma CPIP m’a contacté pour faire une demande de conditionnelle, mais je n’ai aucune nouvelle depuis. Par ailleurs, je ne peux pas cantiner car je ne fais pas partie de la maison d’arrêt mais du centre de semi-liberté, et de toute façon je ne dispose d’aucun moyen pour cuisiner, puisque la plaque chauffante est interdite ici. Je dois donc manger la gamelle, mais on ne me propose pas de viande hallal. Je me questionne car beaucoup de détenus sont sortis alors qu’ils avaient encore de longs mois à effectuer… Je suis moralement très mal, j’ai le sentiment que je vais mourir en prison, c’est horrible. Je suis exténué, je me sens en insécurité avec le virus. Ici, aucune mesure de distanciation sociale n’est appliquée correctement. »

Message de la femme d’un détenu de Villepinte (en portugais) : « Je n’ai plus de nouvelles de mon mari depuis début février. Même lorsque le gouvernement a donné des crédits pour le téléphone, il ne m’a pas contactée. Et depuis, j’ai entendu que trois détenus avaient été testés positifs au Covid-19… Je suis très inquiète, parce qu’il travaille en prison. »

Message de la femme d’un détenu de Tarascon : « Mon mari est incarcéré depuis huit ans et après enfin avoir trouvé un CDI dehors, sa demande de bracelet est gelée (ce que je peux comprendre). Mais à quand la reprise du travail des juges, à quand la reprise des parloirs ? Pourquoi aucune info ne nous est donnée ? Auriez-vous des réponses à ces questions, qui sont pourtant récurrentes chez toutes les familles ? »

Message de la femme d’un détenu de Perpignan : « Il a des problèmes de santé, bronchite chronique, asthme et surpoids, mais il n’a plus aucun suivi médical, nous avons très peur. On lui refuse toute demande de mise en liberté… »

Message d’un détenu d’Aix-Luynes : « J’ai pris un an de prison ferme, j’ai bénéficié de trois mois de remise de peine. J’en suis à quatre mois de prison, il me reste donc cinq mois. Je suis papa d’un petit garçon d’un an et demi et d’une petite fille qui est née la semaine dernière. Ma femme est seule, mon avocat a fait une demande d’aménagement de peine en urgence il y a trois semaines, mais je n’ai toujours pas de nouvelles. Qu’est-ce que je dois faire pour rejoindre ma famille le plus rapidement possible ? »

17 avril 2020

Appel d’un détenu de La Santé : « Je suis en détention provisoire. J’ai fait une demande de mise en liberté il y a presque un mois mais je n’ai toujours pas de réponse. Est-ce qu’elle a pu être prolongée automatiquement ? »

Message d’un détenu à Belfort : « Ici, 40 % des surveillants sont en arrêt maladie, et la direction est en stand by. Qu’est-ce qu’on va devenir, nous ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Fresnes : « Mon conjoint est incarcéré depuis plus de dix ans, il avait fait une demande de libération conditionnelle, il a donc été envoyé en CNE [centre national d’évaluation] à Fresnes. Du coup, à cause du confinement, il est bloqué là-bas, loin de nous (on habite dans le sud). Il souffre beaucoup des conditions de détention très dégradées et de n’avoir aucune info sur la suite des événements. C’est très compliqué de se parler. À Fresnes, les cabines ne fonctionnement pas l’après-midi. C’est le calvaire, on ne peut se parler que trois minutes parce que quelqu’un attend derrière. Et je n’ai toujours pas reçu une lettre qu’il m’a envoyée le 20 mars… Il pensait rester quinze jours sur place, alors il n’a pas beaucoup de linge, et pas des vêtements adaptés. Parce qu’il fait plus froid là-bas que chez nous ! Quand il est arrivé, sa cellule était envahie de cafards. Ils n’ont que dix minutes de douche chaude, après l’eau devient froide. Il a écrit au directeur pour savoir quand il sortirait du CNE mais il n’a toujours pas de réponse. S’il n’y avait pas eu le confinement, il serait déjà sorti… »

Appel de la compagne d’un détenu d’Argentan : « J’ai appris que mon UVF [unité de vie familiale] était reportée à fin mai : est-ce que vous savez quand les parloirs vont reprendre ? »

Message de la compagne d’un détenu : « Est-ce que les mandats de dépôt peuvent être renouvelés automatiquement et sans débat ? La détention provisoire de mon mari a déjà été renouvelée une fois, elle termine mi-juin. Cela fera dix-huit mois ! Ont-ils le droit de la renouveler encore, sans même l’écouter ? »

Appel du père d’un détenu d’Orléans : « Est-ce qu’il va bien ? Je m’inquiète terriblement pour sa santé depuis le début de l’épidémie. »

Appel d’un détenu de Nantes : « Il me reste moins de deux mois à faire. Est-ce que je peux bénéficier des remises de peine exceptionnelles annoncées ? Je suis asthmatique, en plus. »

Appel d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Je dois sortir début mai. Est-ce que je pourrai prendre le TGV pour rentrer chez moi ? »

Message de la compagne d’un détenu : « Mon mari a une longue peine. Il a déjà fait presque dix ans, il a eu droit à plusieurs permissions. Il y a quelques jours, il aurait dû avoir un rendez-vous pour un contrat de travail et en mai, il devait passer en commission pour être placé sous bracelet cet été. Mais avec le confinement, tout a été annulé. Il n’a plus aucune nouvelle ni de son avocat, ni de sa CPIP. Et il pète les plombs, car dedans il n’y a aucune précaution, pas de masques, pas de produit désinfectant pour les détenus, alors que les promenades se déroulent comme d’habitude… Il n’y a plus de parloirs, plus rien, et certains comme mon mari sont coupés du monde. Ils ont la peur au ventre. C’est bien de faire sortir les petites peines, mais il faudrait aussi faire le nécessaire pour protéger ceux qui sont encore dedans. Et ce n’est pas avec 40€ de téléphone qu’ils vont être protégés… »

Appel d’un détenu des Baumettes : « A partir de quand est-ce qu’on pourra bénéficier de remises de peine exceptionnelles annoncées ? Et est-ce que tout le monde y aura droit ? »

Appel de l’avocat d’un détenu : « Mon client est atteint d’un cancer, il est en situation de déficience immunitaire, En plus, il souffre d’un trouble bipolaire, il a été condamné pour des faits qui ont eu lieu un mois après sa sortie de l’hôpital psychiatrique. Il a été incarcéré en novembre dernier, et est libérable fin 2020. Il devait y avoir une expertise pour constater son état de santé mais à cause du confinement, elle n’a jamais été faite. J’avais de toute façon déposé une demande d’aménagement de peine, et puis avec le Covid j’ai fait une demande de suspension de peine. Il devrait y avoir une audience en mai, mais j’ai peur qu’elle ne porte que sur la suspension de peine, alors qu’on devrait en théorie arriver à la fin du confinement, et qu’il pourrait obtenir un aménagement : il aura fait la moitié de sa peine et il a un bon projet de réinsertion. La CPIP trouve la situation médicale inquiétante, elle regrette que ça mette autant de temps pour se débloquer. Moi aussi je suis étonné, habituellement, j’interviens dans une autre maison d’arrêt et là-bas, la situation des personnes dont la fin de peine est en 2020 est systématiquement étudiée, et les personnes en déficience immunitaire sont traitées en priorité… »

Message d’un proche de détenu : « Il est question dans la presse de détenus qui se sont groupés pour porter plainte pour non-assistance à personne en danger, à cause du Covid. J’ai aussi entendu que vous aviez fait un recours pour la mise en place de mesures sanitaires dans les établissements pénitentiaires. J’ai un proche incarcéré qui voudrait en savoir plus, et qui voudrait savoir comment rejoindre ces requêtes. »

16 avril 2020

Appel d’un détenu d’Uzerche : « Ça fait un an que je demande un transfert dans un établissement où je pourrai suivre la formation que je souhaite, j’ai fait les tests, j’ai reçu un avis favorable, mais il ne se passe rien. Tout le monde me dit qu’il faut attendre. Mais je n’en peux plus d’être ici. Les conditions de détention sont désastreuses. L’établissement a été détruit suite aux mutineries, tout a brûlé. La direction ne tient plus l’établissement, il n’y a pas d’écoute. Avant les mutineries, on était 540, maintenant on n’est plus que 170. Tout tourne au ralenti. Deux bâtiments, entièrement brûlés, sont fermés, inhabitables. C’est la première fois que je vois ça. Tout le monde est tendu. Et on ne peut pas s’exprimer. Alors je fais des courriers, j’utilise cette voie-là parce que c’est la seule légale à ma portée. Je ne me vois pas tenir encore des années ici. On est en train de souffrir. Pourtant j’en ai fait de la prison, mais ici, c’est la poubelle des prisons. Ils serrent la vis. Ça a pété parce que c’est très dur psychologiquement ici, on ne donne aucun sens à la peine, alors on perd nos moyens. Ici, c’est un établissement où il y a des chats et on a la possibilité de les avoir en cellule. La direction dit que c’est pour nous apaiser. Mais moi je m’en fous de chats, ce n’est pas de ça dont j’ai besoin. Ils disent que c’est à cause de la suppression des parloirs que ça a pété, mais ici il y a pas mal d’étrangers, qui n’ont pas de visites. Ce n’est pas ça. C’est juste que c’est intenable, et ils ne veulent pas l’entendre. »

Appel de la compagne d’un détenu de Valenciennes : « Là-bas, avec la crise sanitaire, les détenus ont le droit à deux douches par jour, dans la foulée des promenade, matin et après-midi. Hier, mon compagnon n’est pas allé en promenade et du coup, la douche lui a été refusée, ce qui n’était pas le cas jusque-là. Quand il m’a raconté ça, j’ai appelé la direction, ils m’ont confirmé ce que disent les surveillants : il faut se forcer à aller en promenade pour avoir le droit à une douche. La direction a ajouté que selon les surveillants sur lesquels on tombait il se pouvait que l’on puisse aller à la douche sans aller en promenade mais que pour être sûr, mieux valait se forcer à y aller. »

Appel d’un détenu de Bonneville : « Ici, il y a eu beaucoup de changements et de déplacements pour permettre le confinement. On sort en promenade division par division, mais on partage la même cour, je crains la contamination : on ne sait pas si les cabines et le mobilier de la cour sont désinfectés entre chaque promenade. En revanche, les poignées des portes de cellule le sont deux fois par jour. La situation est vraiment difficile à vivre. Je pensais que les parloirs seraient restreints mais qu’ils seraient maintenus au moins une fois par semaine : les surveillants entrent et sortent, alors quelle est la différence avec les proches ? »

Message de l’amie d’un détenu de Perpignan : « Nous correspondons régulièrement par courrier et je n’ai rien reçu depuis le début du confinement mi-mars. Je me pose des questions… Avez-vous des renseignements qui pourraient m’éclairer ? Peut-être ne peut-il pas poster ses lettres ? »

15 avril 2020

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Est-ce qu’avec les annonces de Macron, les parloirs vont être à nouveau autorisés ? La tension monte de plus en plus chez les détenus, ils n’en peuvent plus de n’avoir plus d’activités et de parloirs à cause du Covid. »

Message de la sœur d’un détenu de Perpignan : « Lors du discours de Macron lundi, rien n’a été dit au sujet des prisons. Savez-vous à quoi on peut s’attendre pour la reprise des parloirs ? J’ai contacté ce matin la prison, mais au standard ils ne savent strictement rien. Mon frère est en détention provisoire, pour l’instant il n’a pas le droit d’appeler. On me dit qu’on peut s’écrire, ce que je fais depuis un mois et je suis persuadée qu’il fait la même chose de son côté, mais je n’ai rien reçu. À l’extérieur, on parle d’entraide et d’astuces pour tenir, mais les détenus, en prison, sont complètement oubliés. Comment demander à l’administration de reprendre impérativement les parloirs le 11 mai ? Et au passage, leur demander s’ils peuvent enfin nettoyer les parloirs complètement insalubres ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Saint-Maur : « L’allocation annoncée pour les indigents vaut-elle pour les détenus qui travaillaient habituellement ou étaient en formation professionnelle, et qui ont perdu tout revenu avec la cessation d’activité liée au Covid ? En tout cas à Saint-Maur, ils n’ont rien reçu. À la centrale, les détenus ont le sentiment d’être complètement oubliés en ce moment. L’ambiance commence à être très tendue. Pour les indigents, 40€ c’est insuffisant notamment pour les fumeurs, et le manque de tabac commence à générer de grosses tensions. Là-bas, les détenus continuent à pouvoir aller en promenade toute la journée quand ils le souhaitent, ainsi que dans les “gourbis” [pièces de vie collective]. Les cours de promenade sont pleines de détenus qui ne respectent pas les distances de précaution, et si la plupart ne se serrent plus la main, ils se checkent en se touchant la main quand même. »

Appel d’un détenu de Lille-Annœullin : « Je suis en détention provisoire. Je fais de l’hypertension et j’ai un souffle au cœur. Je suis inquiet par rapport au Covid, il y aurait quatre cas dans ma coursive. Lundi, il y a eu un gros orage pendant la promenade alors on s’est tous entassés sous le préau, on était quatre-vingt, les uns contre les autres, j’ai peur d’avoir attrapé le virus. L’unité sanitaire ? Aux abonnés absent, à part l’infirmière pour la distribution des médicaments en cellule, et parfois un médecin. Pour la nuit, j’ai un appareil respiratoire. Mon avocat a déjà déposé une demande de mise en liberté, mais elle a été rejetée. Est-ce qu’on pourrait en faire une nouvelle, pour raisons médicales ? »

Appel de la compagne d’un détenu (cf. 6 avril) : « Mon mari a de gros problèmes de santé, il a été opéré et il devait l’être à nouveau, mais depuis le Covid il n’a plus de suivi médical. Je voudrais qu’il sorte, mais la CPIP m’a dit que pour un aménagement de peine il fallait attendre après le confinement, que pour l’instant ils ne pouvaient rien faire. Alors que mon mari a vraiment besoin de soins médicaux ! S’il ne peut pas sortir, ça veut dire qu’elle dit n’importe quoi la ministre. »

Appel d’un détenu confiné dans un centre de semi-liberté : « Ici on n’est plus très nombreux, les autres sont sortis. Moi, ils n’ont pas voulu me laisser sortir car ils disent que je suis SDF, pourtant j’ai trouvé un boulot et j’aurais pu me loger avec le salaire… Tout déconne ici. On a juste une cour de promenade mais j’hésite à y aller car c’est des bagarres en permanence pour le shit et les cigarettes. On ne nous donne pas les produits de première nécessité. On ne peut pas faire de photocopies pour nos démarches, on n’a pas accès à des livres (je ne regarde pas la TV). Si au moins on avait le droit de sortir une heure par jour à l’air libre comme les confinés du dehors, ça irait mieux. Là ça devient de plus en plus tendu, ça va péter. »

Appel de la compagne d’un détenu de Béziers : « Je m’inquiète, je n’ai pas de nouvelles depuis un mois. Il n’avait pas fait de demande d’accès au téléphone puisque je venais le voir au parloir trois fois par semaine. Mais du coup, avec le Covid… J’ai appelé le SPIP pour avoir des nouvelles, on m’a juste dit qu’il allait bien. Est-ce que vous savez quand la situation va se débloquer pour les parloirs ? »

Appel de la femme d’un détenu d’Albi : « Là-bas, malgré le Covid, ils n’ont droit qu’à trois douches par semaine. Mon mari est dans une cellule avec deux codétenus. Le kit d’hygiène ne leur a pas été fourni. »

Appel de la compagne d’un détenu de Fresnes : « J’appelle pour savoir si vous avez des informations sur quand les parloirs vont à nouveau être autorisés, c’est très dur de ne plus se voir. Je suis inquiète car il a des problèmes de santé, une opération était prévue mais apparemment c’est reporté. »

Message de la femme d’un détenu : « Je vous écris pour mon mari et au nom de plusieurs familles qui sont dans le même cas que moi, pour vous faire part du calvaire que nos enfants, frères, maris vivent en prison durant le confinement. Dans l’établissement où se trouve mon mari, ils sont tous mélangés en promenade, aucune règle d’espace entre eux, ils ont été en contact avec des détenus et des surveillants ayant des symptômes et d’autre testés positifs au Covid-19 mais ils ne bénéficient pas de test pour qu’on puisse savoir s’ils l’ont eux-mêmes contracté. Une atmosphère de panique gagne la prison, me dit mon mari. Madame Belloubet a permis de libérer des détenus en fin de peine mais concernant les personnes en détention provisoire, elle n’a rien voulu faire, alors qu’ils sont présumés innocents. Au contraire, elle a ordonné que leur détention soit prolongée sans débat contradictoire. Il y a des personnes en détention provisoire depuis plus de deux ans, leur dossier est clos, l’instruction est terminée, ils sont simplement en attente d’une date de jugement que les tribunaux ne sont pas en capacité de fixer en ce moment. Ils sont dans des bâtiments surpeuplés, à plusieurs dans des cellules, mais aucun désengorgement n’est prévu malgré les gros risques de propagation du virus. Pourtant, nombreuses sont les alternatives possibles. Nous avons terriblement peur. »

Message de l’ami d’un détenu de Grasse : « Les dispositions prises pour faire face au Covid sont extrêmement faibles, voire inexistantes, et cela effraie les détenus. Le personnel n’est pas suffisamment équipé, et en plus ils continuent les gestes physiques qui les amènent à toucher les détenus. Et le peu de “confort” sanitaire n’est plus maintenu : le ramassage du linge est très aléatoire, et il n’y plus aucun médecin pour les autres problèmes que le Covid (dents, blessures, etc.). »

14 avril 2020

Appel de la mère d’un détenu de Saint-Étienne : « Mon fils a fait une demande d’aménagement, mais ils ne lui ont pas donné ses remises de peine exceptionnelles parce qu’il a été au QD [quartier disciplinaire]. Son avocat ne répond plus du tout. Ça fait deux semaines que les cabines sont installées en cellule, mais elles ne fonctionnent pas. À quoi bon ? Avec le virus, ça fait un mois que je n’ai pas de nouvelles de mon fils. Il y a des mamans qui sont allées jeter du gel, des masques et des gants par-dessus le mur de la prison pour protéger leurs enfants. Vous vous rendez compte des risques qu’elles sont obligées de prendre ? Elles ont été attrapées en plus ! »

Appel d’un détenu d’Aix : « Certains surveillants ont des gants et des masques, d’autres pas : ils disent qu’ils ne les mettent pas pour être solidaires avec nous. Seuls les détenus suspectés d’être contaminés ont des masques. Je ne comprends pas pourquoi ils ne permettent pas les parloirs hygiaphones… »

Appel du concubin d’une détenue (cf. 11-12-13 avril) : « Elle est incarcéré depuis mi-mars. C’est sa première incarcération, et elle est censée sortir mi-juin. Elle a demandé à être placée sous bracelet, mais ça n’est pas possible en ce moment. Je sais qu’elle ne mange pas, ne dort pas, n’a aucune activité physique. Et elle n’a qu’une seule culotte qu’elle doit laver tous les jours. Surtout, elle a une bronchite chronique aiguë, elle est invalide, on a des certificats médicaux. Elle ne peut pas recevoir son traitement habituel en prison. Son état de santé est très préoccupant, et elle ne me donne plus de nouvelles depuis deux semaines, ni courrier ni téléphone. »

Appel d’un détenu de Nantes : « J’ai été transféré ici après le mouvement à Uzerche. Mais je n’ai récupéré qu’à peine la moitié de mes affaires, et certaines ont été dégradées. On est plusieurs dans ce cas. »

Appel d’un détenu en semi-liberté à La Santé : « Ici c’est catastrophique : au quartier de semi-liberté, il y a déjà eu deux tentatives de suicide. On n’est pas du tout informés des mesures Covid applicables à la semi-liberté (s’il y en a), c’est comme s’il y avait un gros flou autour de la situation des détenus en semi. Toutes nos demandes sont ignorées, on a des problèmes de cantines, et on ne reçoit plus nos virements. Comme on a le droit d’avoir des téléphones portables ici, on n’a pas reçu les 20€ comme tous les détenus, sauf qu’on doit quand même payer notre forfait. Et puis on n’a pas tous un portable, en plus… On n’a droit à aucune compensation, aucune mesure spécifique, on est enfermés toute la journée, même pas autorisés à sortir à l’extérieur pour prendre l’air. Et aucun signe de vie des CPIP… »

Appel de la compagne d’un détenu d’Orléans : « Fin mars, il a envoyé les documents pour obtenir une libération anticipée à cause du Covid. Depuis, rien n’a bougé. Aujourd’hui, on apprend que le juge n’a pas reçu le rapport du CPIP, et celui-ci ne répond ni par mail ni par téléphone, on n’a plus aucun contact avec lui. Pourtant, il y a des détenus qui ont été libérés ici… »

Message de la mère d’un détenu de Meaux : « Là-bas, il y aurait un cas de Covid, mais je n’ai pas plus d’information. Quand est-ce que les parloirs vont rouvrir ? Mon fils est dans une cellule à trois, je suis inquiète pour la propagation du virus, surtout qu’il n’y a pas de tests. »

11, 12, 13 avril 2020

Notre permanence téléphonique est fermée le week-end : nous publions ici les messages laissés sur notre répondeur ainsi que les messages reçus par email.

Message de la mère d’un détenu de Poitiers : « Malgré nos démarches, nous n’avons eu aucun appel de notre fils depuis le début du confinement, pourquoi ? Est-ce qu’il n’y a pas assez de cabines téléphoniques en prison ? Est-ce que l’accès n’est pas facilité en ce moment ? Nous sommes inquiets, sans nouvelles de lui ni par téléphone ni par courrier depuis le dernier parloir, début mars. Est-il privé de communication avec ses propres parents ? Est-il puni ? Est-il au mitard ? Nous n’avons jamais rompu les liens avec lui et en trois ans, nous l’avons visité régulièrement, chaque visite s’est bien passée, aucun incident… »

« Je voudrais savoir quand reprennent les parloirs. Merci. » (Fresnes)

Message de la femme d’un détenu : « Il est incarcéré depuis trois mois. Sa sortie est prévue pour janvier prochain. Il est en prison pour défaut de permis de conduire et d’assurance, et pour non-respect d’une assignation à résidence. Mais j’aimerais qu’il sorte assez rapidement… J’ai accouché récemment, je suis seule avec trois enfants en bas âge, et je m’inquiète pour lui car il a une maladie et doit recevoir un traitement par perfusion. En général, après la perfusion, il est très affaibli. Alors à cause du virus, les médecins ont décidé de retarder la perfusion. Du coup, sans traitement, tous les symptômes de sa maladie refont surface… Comment le faire sortir ? J’ai une promesse d’embauche pour lui. Le SPIP ne me répond pas, et l’avocat est absent. Que peut-il faire ? »

Message de la mère d’un détenu d’Argentan : « Mon fils doit sortir fin avril. Je n’ai pas le permis, et ma fille est jeune conductrice, le trajet lui paraît long toute seule. Puis-je l’accompagner ? »

Message de l’ami d’une détenue de Roanne : « J’ai cherché en vain à contacter la régie des comptes de la prison afin d’approvisionner son compte téléphonique. Pouvez-vous me communiquer la marche à suivre pour effectuer cette opération ? Sans le téléphone, nous n’avons plus de contact, le courrier n’est plus distribué. »

Message de la mère d’un détenu de Nanterre : « Je veux juste témoigner du fait que les détenus vivent à mon sens une double, voire triple peine, dans l’indifférence générale. Mon fils, c’est sa première incarcération. Il y est depuis début mars, pour huit mois. Il devait reprendre des études en prison, mais aujourd’hui tout est suspendu pour de longues semaines. Pas de parloir, pas de linge, le courrier avec la famille est très ralenti, pas de possibilité d’avancer des recherches pour un projet d’insertion à la sortie. À cause du Covid, il a peur de sortir de la cellule. Ils sont à trois dans une cellule de deux. Il ne sort même pas pour téléphoner à la cabine. Et moins les démarches sont possibles, moins les chances d’insertion se profilent… Pas d’espoir ni de projection possible. Quel est alors le sens de cette peine ?  Je me sens impuissante. »

Message de la tante d’un détenu de Condé-sur-Sarthe : « Je n’ai pas de nouvelles de mon neveu. Après tout cette histoire de virus, j’aimerais savoir comment il va. Il m’a écrit l’année dernière, depuis plus rien. Et mon frère, qui est son père, s’inquiète. »

Message d’un détenu de Maubeuge : « Ma santé se détériore, et malgré les certificats médicaux, mes demandes de remise en liberté sont systématiquement rejetées. Je ne marche quasiment plus, je suis parfois alité pendant une semaine. »

Message de la compagne d’un détenu : « Je vous écris comme on jette une bouteille à la mer : je m’inquiète de la santé de mon conjoint incarcéré début mars, sa fin de peine est début juin. Peu après son incarcération, il s’est blessé à la main, elle est bleue et gonflée, on lui donne du paracétamol et la radio qui était prévue a été annulée… Je comprends que c’est compliqué avec l’épidémie, mais il a mal ! »

« Je vous contacte car je souhaiterais savoir quand les parloirs vont reprendre. » (Saint-Mihiel)

Message du concubin d’une détenue : « Elle est incarcérée pour outrage depuis mi-mars. Elle a presque 50 ans, et est reconnue invalide à 80 %. On a un certificat du médecin jugeant son état incompatible avec la détention, et encore moins avec cette crise sanitaire. Que faire ? »

Message de la compagne d’un détenu de Toulon : « Personne ne se rend compte de ce que les détenus endurent actuellement, sans parloirs depuis quatre semaines. Cela fait quatre semaines que je n’ai pas vu mon conjoint – et pour ceux qui ont des enfants c’est encore plus difficile – et cela va encore durer un mois : c’est très dur. Concernant l’aide de 40€ pour les indigents, il faut savoir qu’en prison tout est payant, la télé, le frigo… et le reste c’est pour se faire plaisir : café, sucre, Tahiti douche, dentifrice, papier toilette – et oui du papier toilette même ça ils doivent l’acheter ! Je viens d’être mise au chômage partiel, je me demande si je pourrai continuer à lui envoyer l’argent que je lui envoie tous les mois. Les familles subissent aussi leur incarcération. »

10 avril 2020

Appel de la femme d’un détenu de Fleury : « Il y est depuis deux mois, et il doit sortir fin septembre. Ces derniers jours, au SPIP, j’ai eu quatre interlocuteurs différents : trois m’ont dit qu’il pourrait sortir en juin grâce aux remises de peine exceptionnelles, et le quatrième m’a dit que ces remises de peine n’étaient pas encore mises en place donc que sa sortie restait bien prévue en septembre. Mon mari a de l’asthme et de gros problèmes de santé à cause du stress. Comment le faire sortir ? Comment savoir ? »

Appel de la compagne d’un détenu : « Mon compagnon est indigent. Il reçoit donc 20€ chaque mois. À la mi-mars a reçu 40€ supplémentaires correspondants au crédit exceptionnel pour le téléphone. Mais pour avril, n’a toujours rien reçu sur son compte. Il en a besoin pour cantiner son tabac. La directrice lui a dit qu’il devrait attendre le 23 avril pour recevoir son virement. Comment faire pour qu’il reçoive au plus tôt au moins ses 20 euros d’indigence pour son tabac ? Par ailleurs, sa fin de peine est en 2024, mais il est permissionnable que depuis fin 2019. Il a constitué un dossier de demande d’aménagement de peine très bien ficelé, avec un logement, et une promesse d’embauche en vue. Mais c’était dans le domaine des assurances, avec la crise sanitaire il y a moins de sinistres, des agences ont dû fermer, j’ai peur que ça fragilise son dossier… »

Appel de la compagne d’un détenu : « Il paraît qu’il a déposé son linge sale à la blanchisserie de la prison en début de semaine dernière mais qu’il n’a jamais pu le récupérer : on lui dit qu’il a été perdu. Comment faire pour qu’il le récupère, ou au moins que je puisse lui en apporter du nouveau ? »

Appel de la compagne d’un détenu de La-Roche-sur-Yon : « Il y a de gros problèmes d’hygiène. Le personnel ne porte ni masque, ni gants, les cantiniers non plus. Les bacs de nourriture ne sont pas couverts et sont donc trimballés à l’air libre. Les portions de nourriture sont restreintes, et lorsque mon conjoint demande un peu de rab, on lui répond “tu as ce que tu as et rien d’autre”. Là-bas, depuis les ordonnances de la ministre, il y a eu pas mal de libérations. Mon conjoint est là pour défaut de permis, il répond aux critères pour une libération anticipée, on a vite envoyé un dossier, mais il est toujours là-bas… »

Appelle d’un détenu de Coutances (cf. 7 avril) : « Ici, c’est une maison d’arrêt atypique, car il n’y a que neuf cellules pour quarante détenus, en ce moment. On est par douze, par dix ou par six en cellule. Moi je suis dans la plus petite, où on est deux ou trois. Si un détenu venait à être contaminé, on devra lui laisser notre cellule puisque c’est la plus petite et qu’il y a une douche. Actuellement, il y a un cas suspect, il est isolé dans une cellule pour une personne, mais sans douche. Ici il n’y a plus de nouveaux arrivants, la prison est trop petite, ce serait trop risqué. Le personnel est doté de masques et de gants mais ils ne les portent pas tout le temps. Le jour de livraison des cantines a été décalé du mardi au vendredi, du coup pendant dix jours on n’a pas eu de cantines. L’eau du robinet n’est pas buvable, il y a beaucoup de résidu et on n’a pas de filtre : on l’utilise seulement pour le café. »

Appel d’un proche d’un détenu des Baumettes : « J’ai le fils d’un ami qui est en préventive depuis plus d’un an. On a entendu parler d’un plan de libération des prévenus, avec le Covid. C’est vrai ? »

Message du neveu d’un détenu : « Sa peine finit en 2020 mais il a déjà fait plus de la moitié de sa peine, il a un bon comportement, il travaille. Il a presque 50 ans, sa santé empire de jour en jour, il prend des médicaments pour le cœur plusieurs fois par jour et la nuit il dort avec un appareil, le médecin a même déclaré qu’il ne pouvait plus travailler. Est-ce qu’avec le Covid-19 et sa mauvaise santé je peux demander des mesures spéciales ? Il est comme un père pour moi, il pourrait venir chez moi. J’habite à côté de la gendarmerie, je ne sais pas si ça peut aider… Je ne sais pas quoi faire. »

9 avril 2020

Appel d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Je bénéficie d’une sortie anticipée grâce au Covid, je viens d’apprendre que je sortais dans trois jours. Mais j’habite à 800 km de Fleury, et je n’ai pas un sou pour un billet de train ! J’ai écrit au CPIP pour demander une aide mais je n’ai pas de réponse, et personne ne peut me renseigner ici… »

Appel du frère d’un détenu de la Santé [il a des sanglots dans la voix] : « J’ai envoyé une carte postale à mon frère avec mon numéro de téléphone dessus pour qu’il puisse m’appeler, mais je n’ai pas de nouvelles. Comment savoir si la carte est bien arrivée ? Je suis très inquiet, j’espère qu’il va bien… Je regrette de ne pas avoir été plus présent pour lui, avec le Covid j’ai tellement peur que l’un de nous meure sans que l’on ait pu se revoir. »

Message de la compagne d’un détenu de Bois d’Arcy : « Je suis malentendante, je ne peux pas téléphoner, alors je communique par SMS. Mon conjoint est sourd aussi, on ne peut pas s’appeler, et les parloirs sont suspendus. C’est très très dur, avec nos surdités. Nous avons deux petits garçons qui ont besoin de voir leur papa. Mon conjoint devrait terminer sa peine en juin. Beaucoup de détenus ont pu sortir à cause du conoravirus, je me demande pourquoi lui ne pourrait pas rentrer à la maison. Comme il est sourd, il doit être noyé, ne rien comprendre et ne communiquer avec personne… Je m’inquiète tellement, comment faire ? »

Appel d’un détenu de Villepinte (qui appelle régulièrement ces derniers temps) : « On ne nous dit rien, on a peur de crever. Ici il y a un nouveau cas possible de Covid chez un détenu qui était auxi. Il a été emmené on ne sait pas où, en confinement, à l’hôpital, personne ne veut nous dire… Mon codétenu se plaint d’avoir très mal à la tête. Aujourd’hui, on a appelé les surveillants pour qu’il voie l’unité sanitaire, mais on nous a dit qu’il devait écrire, et que de toute façon ce ne serait pas avant mardi ! »

Appel d’un détenu en semi-liberté à Grenoble : « Il me restait trois mois à faire, mais j’ai été assigné à domicile à cause du Covid. Et là je viens d’apprendre que ma peine était suspendue le temps du confinement, mais que je devrais ensuite retourner au centre de semi-liberté pour finir ses trois mois. Sauf que je ne suis pas sûr d’avoir encore un boulot à la fin du confinement, et sans boulot, j’ai peur de ne pas être accepté en semi et d’être renvoyé en détention normale. Est-ce que je peux contester cette suspension de peine et avoir un autre aménagement ? »

Appel hebdomadaire d’un détenu de Nantes : « Je suis confiné au quartier arrivants pour suspicion de Covid. Ici, l’unité sanitaire passe tous les jours pour prendre la température et relever le taux d’oxygène dans le sang de chaque détenu. Auxis et surveillants portent des masques. L’administration censure les journaux, par exemple certains qui ont des articles sur le Covid et la prison, ou celui qui parlait du détenu mort dans l’incendie de sa cellule – celui-ci n’a pas été distribué. On a bien reçu le crédit de 40 € pour le téléphone mais au début, c’était compliqué car tous les détenus voulaient appeler, alors qu’il n’y avait qu’une cabine par étage. Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés mais en trois jours, ils ont fait installer le téléphone dans les cellules ! Maintenant c’est mieux. »

Appel de la part d’une détenue de Rennes (cf. 7 et 8 avril) : « Elle ne peut plus vous appeler directement car elle n’a plus de crédit téléphonique. En plus, avec le Covid et la suppression des parloirs, il y a énormément de demandes de détenues pour le téléphone, du coup l’administration a restreint les horaires et la durée de appels. Avez-vous eu des réponses concernant ses démarches ? »

Appel d’un détenu de Bedenac : « Je suis confiné car suspecté d’être infecté. Mais on ne nous donne aucun produit d’hygiène, je n’ai même pas de savonnette ! »

Appel d’un détenu : « Ça ne va pas bien, je suis en détresse. J’ai de gros problèmes de santé, aux poumons, j’ai déjà été hospitalisé trois fois, et je suis sous Ventoline. J’ai des certificats médicaux pour avoir une couverture et des draps spéciaux, mais ici on me les refuse. Plusieurs fois, j’ai dit que je n’étais pas bien et que j’avais du mal à respirer… À mon arrivée ici il y a deux mois je suis resté deux jours privé de Ventoline et de mes autres médicaments. Mes produits d’hygiène ont également été confisqués quand je suis arrivé, parce que je ne les avais pas cantinés ici. »

Message d’un proche de détenus de Châlons-en-Champagne : « J’ai à ce jour le témoignage de sept détenus m’indiquant que leurs conditions de détentions sont insoutenables. Ils m’ont tous fait part du non-respect du port du masque par les surveillants. Leurs douches, trois fois par semaine, se déroulent au milieu des moisissures, et aucun nettoyage des parties communes n’est fait. Les promenades sont effectuées par groupes de trente ou quarante détenus, dont des malades. Depuis les mesures prises par la ministre, il n’y a eu que très peu de sorties, et ils sont trois, voire six par cellule, ce qui ne permet pas de se prémunir contre le virus. »

Appel d’un détenu de Niort : « On nous dit de bien nettoyer les cellules, de bien nous laver et d’aérer souvent, mais la fenêtre de la cellule est en hauteur et on ne peut pas l’ouvrir. Je suis indigent, je n’ai pas de gant de toilette et qu’une toute petite serviette. Les seuls produits donnés par l’administration sont une dose de Javel diluée par mois, du produit vaisselle, de la lessive pour le linge et une petite savonnette. Aux repas, on ne nous donne plus de fruits et légumes frais car ça coûterait trop cher. Hier, pendant la promenade, des détenus nous ont balancé de l’urine dessus par la fenêtre. J’ai demandé à pouvoir prendre une douche mais le surveillant a refusé car ce n’était pas le jour de la douche : “Tu n’as qu’à te laver en cellule.” Et en cuisine, les détenus qui préparent les repas le font souvent sans porter gants et masques. On a peur. »

Appel de la grand-mère d’un détenu : « Mon petit-fils est passé en commission de discipline car lors d’une fouille de sa cellule, ils ont trouvé de la levure pour gâteaux et du papier aluminium – ça c’est moi qui lui ai apporté au parloir, parce qu’il aime faire des gâteaux – un câble de téléphone, trois cachets pour les maux de gorge, des élastiques et une poêle non règlementaire. Son avocat s’est présenté à la prison pour l’assister mais il n’a pas pu accéder à la commission de discipline à cause du virus. »

Appel d’un détenu de Fresnes : « Depuis la suppression des parloirs, on doit laver et faire sécher notre linge comme on peut, dans la cellule. Est-ce qu’il n’y a pas d’obligation pour l’administration d’assurer le lavage ou l’accès à une lingerie ? À Fresnes on n’a rien de tout ça. »

Appel d’un détenu des Baumettes : « Ici, les surveillants ont un masque chirurgical par jour, ou pas de masque du tout. Pour les détenus, rien : pas de gel, pas de gants, pas de masques. Il n’y a pas de machine à laver : depuis huit mois, je fais ma lessive dans la douche, par terre, c’est un carnage pour le linge. On a une seule cabine téléphonique pour trente détenus, on ne peut pas la désinfecter alors qu’on passe les uns après les autres, il y a une queue pas possible. La nourriture, c’est pire qu’avant, ce qu’on nous apporte périme toujours ce jour-là, et souvent ça a été cuisiné trois jours avant. Les cantines, on n’en reçoit que la moitié, et une partie est périmée. On ne peut pas faire remplacer les produits, alors il faut les commander à nouveau, c’est cher, et il faut attendre un mois supplémentaire… Quand on sonne, ça ne répond plus, les détenus mettent feu à la fenêtre pour attirer l’attention… »

Appel d’un détenu d’Aiton : « On se fait avoir : on n’a pas reçu les remises de peine promises par la ministre. On nous dit que ça va être fait aux prochaines commissions d’application des peines, mais elles sont annulées ! Je vois des types en fin de peine, ils sont encore là. Moi, ma peine est aménageable depuis 2011. L’entreprise de nettoyage dans laquelle je devrais travailler fonctionne, je devrais y être, mais ils vont finir par annuler mon contrat si ça continue, et il va falloir que je fasse des démarches pour le renouveler. C’est difficile de vous contacter parce que votre numéro a disparu du panneau d’affichage, alors qu’ici c’est n’importe quoi. On ne sait plus vers qui se tourner. Il n’y a que vous qui nous répondiez, et on nous enlève le numéro… Ça commence à grogner aux fenêtres, ça ne va pas tarder à dégénérer. Moi je vais porter plainte contre la prison, et contre Belloubet, même si je sais qu’on n’écoute pas les taulards. »

Appel : « Je suis une simple citoyenne. J’ai une pensée pour tous les prisonniers, confinés parmi les confinés. Que pouvons-nous faire pour les aider, pour qu’ils puissent rester en contact avec leurs proches ? Nous parlons beaucoup de tous ceux qui sont en première ligne en ce moment, mais dites-leur que nous pensons aussi à eux. »

8 avril 2020

Message de la mère d’un détenu de Villepinte : « Mon fils a été incarcéré le 13 mars. Il a 18 ans, c’est sa première incarcération, il est en détention provisoire. Nous avons mis une semaine pour savoir où il était, car le tribunal était fermé, et il n’y avait personne au téléphone pour répondre à nos questions. Quand on a su qu’il était à Villepinte, il n’était plus possible de lui apporter des vêtements, à cause de confinement. Depuis, j’ai écrit à mon fils, mais aucune réponse à ce jour, pas d’appel de sa part non plus, et comme il est majeur, on me dit que je dois attendre qu’il me contacte. C’est aberrant ! Vous pouvez imaginer ce qui se passe dans la tête d’une maman ? »

Appel d’une détenue de Rennes (cf. 7 avril) : « Est-ce que je peux demander une libération conditionnelle ? J’étais au centre de semi-liberté, maintenant je suis au quartier maison d’arrêt. » [Elle pleure]

Message de la compagne d’un détenu de Lorient : « Mon conjoint est incarcéré pour la deuxième fois. À sa sortie, il était sous bracelet, mais il a été arrêté pour conduite sans permis et réincarcéré début mars. Pendant sa première incarcération, je le voyais chaque semaine au parloir, on pouvait se téléphoner, et les virements que je lui faisais étaient effectifs. Mais depuis sa réincarcération, je suis sans nouvelle de lui. J’ai eu une autorisation de visite, mais apparemment le directeur lui a dit que nos parloirs mais aussi nos échanges téléphoniques étaient interdits, et les virements suspendus. Nous sommes dans une impasse incroyable, sachant qu’il n’y a jamais eu de soucis lors de nos parloirs, mon conjoint a toujours eu une bonne conduite. Là, on nous prive de tout moyen de communication, en pleine crise sanitaire. Je suis profondément inquiète concernant son état de santé, et à cause de ses menaces de suicide. On a un enfant de 4 ans qui réclame son papa, qui aimerait au moins pouvoir entendre sa voix… Je m’inquiète vraiment, et surtout je suis dans une incompréhension totale. Quelles sont les solutions possibles, et quelles sont les raisons, surtout ? »

Appel d’un détenu d’Aix-Luynes : « Ici, le confinement n’est pas respecté, et les surveillants ne mettent pas les masques. Les auxi travaillent et ont des masques, mais pas les autres détenus. On nous a donné du savon et de la Javel, mais seulement une fois. C’est censé être chaque semaine, non ? Moi, quand je vais à la cabine, je désinfecte avec une lingette et de la Javel. Pour avoir les médicaments, on doit aller à l’unité sanitaire, ils ne viennent pas en cellule. Mais là-bas, il y a au moins vingt détenus dans la salle d’attente ! »

Message de la compagne d’un détenu de Châteauroux : « Mon compagnon est asthmatique. Nous avons demandé une suspension de peine pour raison médicale il y a deux semaines, mais toujours rien. J’espère qu’il va avoir les deux mois de remise de peine annoncés par la ministre… Il a un très bon dossier, il n’a pris que quinze mois, il en est à son septième, il est auxi et a un bon comportement. Ce qui m’inquiète, c’est son état de santé face à ce virus derrière les murs : il est régulièrement en contact avec les autres, c’est lui qui touche les grilles pour les ouvrir. Je suis très inquiète et j’espère qu’il sera libre bientôt. C’est très long d’attendre une réponse, le temps passe au ralenti… »

Appel d’un détenu de Villepinte (cf. 2 avril) : « Je voudrais avoir des nouvelles de mon ami Monsieur B., il était incarcéré ici mais il a été déplacé à cause de suspicions de Covid, et on ne sait pas s’il est hospitalisé, en réa, à l’isolement… La prison ne nous donne aucune info, il paraît qu’il y a vingt-sept confinés ici, mais on ne sait rien ! En plus, tous les surveillants ne portent pas de masques, et on n’a que trois douches par semaine. Ils pourraient au moins nous accorder une douche par jour, en ce moment. J’ai un nouveau codétenu qui vient d’arriver dans ma cellule, mais il n’a pas été dépisté. »

Appel de la compagne d’un détenu de Caen : « Selon mon compagnon, même si des masques ont été reçus il y a plusieurs jours, les surveillants et les personnels de la direction n’en portent pas quand ils sont en coursive. Aucun dépistage n’a été organisé, et beaucoup de personnes sont dans l’attente d’une décision concernant un aménagement de peine ou une libération anticipée. »

Appel d’un détenu de Grasse : « Il me reste trois mois à faire, mais je ne sais pas si je suis éligible aux réductions de peine supplémentaires annoncées. Ici, vingt détenus sont sortis depuis le début du Covid, mais moi je n’arrive pas à récupérer les informations. »

Message de la compagne d’un détenu d’Uzerche : « Il y a eu une mutinerie, à la suite de quoi mon conjoint est passé en commission disciplinaire et a été placé en isolement pour trois mois. Pourtant, il conteste toute implication dans cette mutinerie. Mais rien ni fait, le chef d’établissement le suspecte, sans avoir de preuves. Les surveillants refusent de lui donner sa cantine, et il n’a pas accès à ses affaires personnelles, notamment les photos de son fils… Mais ce qui lui paraît encore plus étrange c’est qu’il ne peut pas faire appel de la décision de placement à l’isolement, on lui refuse. Est-ce normal ? Que pouvons-nous faire ? »

Appel d’un détenu d’Uzerche : « J’ai été transféré dans une autre prison, de nuit, manu militari. Ils nous ont traité comme des moins que rien. Nous, on n’y était pour rien dans la mutinerie. Mais ils n’ont pas cherché à comprendre… Depuis, je n’ai jamais reçu mon paquetage. Il contenait un appareil dentaire, des produits d’hygiène et des aliments, il y en avait pour 200€ de cantine environ. J’ai déjà écrit plusieurs fois à la direction, mais les surveillants me demandent de refaire des listes à chaque fois. »

Appel d’un détenu de Nantes : « Je suis à l’isolement au quartier arrivant pour suspicion de Covid. On est une quarantaine comme ça. On m’a fait passer un test, c’était négatif, mais à mon avis ce n’est pas fiable. D’ailleurs, j’ai encore des problèmes respiratoires. Aussi, je devais passer en commission d’application des peines dans quelques jours, mais je ne sais pas si c’est maintenu. Pourtant, il me reste moins de six mois à faire, j’espère pouvoir sortir. Sinon, est-ce que je pourrais tenter un recours, vu les ordonnances de la ministre ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Je vous appelle pour vous signaler qu’il y a un retard de livraisons des cantines depuis deux jours. Mon compagnon a demandé à parler à la responsable des cantines, on lui aurait répondu que “c’est parce qu’il n’y a plus à manger dehors”… »

Appel d’un détenu de Saint-Quentin-Fallavier : « J’ai déposé une demande d’aménagement de peine il y a quelques mois, mais tout est gelé. La CPIP m’a dit que j’étais libérable sous contrainte en août, est-ce que je pourrais sortir plus tôt dans le cadre des ordonnances de la ministre ? Ici, je suis auxi, je me sens exposé, alors je nettoie tout à la Javel. Au début du confinement, au moment de remonter de promenade, un groupe de détenus a demandé au surveillant de changer les gants avant de les palper, à cause du corona. Moi je n’étais pas dans ce groupe, mais j’ai quand même reçu un avertissement disant que j’avais refusé de réintégrer. »

7 avril 2020

Appel d’un détenu de Coutances : « Ici, on est dans des cellules de neuf à douze personnes. Les surveillants ne portent pas les masques tout le temps, et certains ne les mettent pas du tout. Le pire c’est les petites prisons, personne ne s’occupe de nous… On est environ 40 ici [66 selon les chiffres au 1er janvier]. Il n’y a plus de parloirs, la seule activité c’est le foot, donc si tu n’en fais pas tu es 24h/24 en cellule. Et on vient de passer une semaine sans eau chaude. »

Appel d’un détenu d’Orléans : « Je suis passé en commission de discipline [CDD] pour tapage (que je n’ai pas fait). J’ai demandé à être assisté d’un avocat commis d’office : un avocat a bien été désigné, mais il n’a pas pu venir à cause du Covid. Je suis donc passé en commission sans avocat. Elle était présidée par le chef de détention, et il n’y avait pas de témoin extérieur : j’ai pris quatorze jours de QD [quartier disciplinaire]. On est plusieurs à être passés en CDD comme ça, sans avocat. J’ai peur de perdre mes remises de peine, ça va peser dans ma demande d’aménagement… En plus, comme j’étais au QD, je n’ai pas pu appeler ma femme pour son anniversaire. Psychologiquement, c’est dur. J’ai fait deux tentatives de suicide. »

Appel d’un détenu de Longuenesse (cf. 2 avril) : « Avez-vous une piste d’hébergement pour moi, pour que je puisse sortir ? De mon côté toutes les demandes que j’ai faites ont été refusées, à cause du Covid. Est-ce que vous pourriez contacter le bailleur social ? Je leur ai déjà écrit deux fois, mais je n’ai pas de réponse. Je sais qu’ils ont des appartements d’urgence. »

Appel de la compagne d’un détenu de Gradignan : « Ça fait sept mois qu’il est incarcéré. Avant il était à Uzerche, mais sa cellule a été saccagée pendant la mutinerie et il a été transféré en urgence à Gradignan le 23 mars. Il n’a pu prendre aucune affaire. À Uzerche, il avait commencé des démarches pour demander un aménagement de peine. Mais je n’arrive pas à joindre les SPIP, je ne sais pas qui le suit désormais, et ils me disent qu’ils sont submergés de boulot et qu’ils n’ont pas le temps de me renseigner. »

Appel d’une détenue de Rennes : « Il me reste moins de six mois à faire, est-ce que je peux être libérée ? Mon avocat me dit que je dois passer en audience devant la juge d’application des peines, mais aucune date ne m’a été donnée, je ne sais pas du tout où en est mon dossier. »

Appel d’une inconnue : « Est-ce que la page de votre site qui recense les cas de contaminations en prison est bien à jour ? Je suis inquiète pour la maison d’arrêt de Meaux. »

Appel de la compagne d’un détenu : « Quelle est la situation dans cette prison, par rapport au Covid-19 ? J’ai vu que des détenus étaient libérés plus tôt. La fin de peine de mon compagnon est dans un an mais à partir de cet été il sera éligible à une libération sous bracelet. Actuellement ils sont trois dans une cellule pour deux, il dort par terre. Il a une hépatite B, il devait prendre un traitement mais il n’a pas encore d’ordonnance, donc elle n’est pas traitée. Et il a aussi besoin de soins dentaires parce qu’il a un abcès qui l’empêche de manger et dormir. Il les réclame depuis novembre, mais rien. »

Appel de la compagne d’un détenu d’Uzerche : « Il a été transféré suite aux incidents, mais je ne sais pas où. Et la prison d’Uzerche ne répond pas aux appels. »

Message de l’avocat d’un détenu de Bapaume : « Mon client était en module de respect, jusqu’à ce que la direction lui reproche un incident avec un surveillant (que mon client conteste). En raison du Covid-19, aucune commission discipline ne peut se tenir. Et mon client est passé en milieu fermé, pour une durée indéterminée : cette décision ressemble à une sanction alors même qu’aucune décision de culpabilité n’a été prise… Quel recours avons-nous ? »

6 avril 2020

Appel du cousin d’un homme en détention provisoire : « Il a 58 ans et des problèmes de santé sérieux. Il a trois hernies au niveau de l’aine et on lui a découvert, lors d’un examen médical récent, une tâche noire sur le foie, peut-être une tumeur. En tout cas il faudrait faire des examens supplémentaires. Vu la situation, je m’inquiète beaucoup pour lui. Est-ce qu’il ne pourrait pas bénéficier d’une libération provisoire, vu son état de santé ? »

Appel de la compagne d’un détenu : « Il est incarcéré depuis un peu plus d’un an, et il lui reste moins de six mois à faire. Je suis très inquiète car il a de gros soucis de santé. Et la prise en charge que son état nécessite est défaillante depuis son incarcération. Normalement, il faut qu’une infirmière passe tous les jours. Après quelques mois en prison, il a dû se faire opérer à nouveau et en février dernier, il a appris qu’il devait à nouveau se faire opérer. Depuis, normalement il aurait dû être extrait toutes les trois semaines pour des soins, mais il n’a jamais été extrait. La dernière fois que je l’ai vu, avant la suspension des parloirs, il allait très mal, ça s’était infecté, et il avait une boule à l’aine qui était apparue. Depuis le confinement, les soins quotidiens dont il bénéficiait se sont arrêtés et on ne lui a prescrit que du désinfectant et des calmants. Comment faire pour qu’il sorte ? »

Message de la sœur d’un détenu de Bapaume : « Mon frère a fait plus que la moitié de sa peine. On fait tout ce qu’on peut pour essayer de le sortir, mais c’est très difficile. Aujourd’hui, avec le coronavirus, nous avons très peur. Lui, en prison, dès le 16 mars il a refusé de travailler parce qu’il n’avait ni gants, ni masque, alors il a été puni. Et deux jours plus tard, le travail était suspendu dans toutes les prisons ! Pouvez-vous nous aider ? »

Appel de la compagne d’un détenu : « J’avais tout envoyé le 30 mars au SPIP pour une demande de libération de mon conjoint dans le cadre des ordonnances de la ministre. J’étais étonnée de ne toujours pas avoir de nouvelles alors que plusieurs détenus de cette prison ont déjà été libérés, et que son dossier est béton. Mais malgré plusieurs tentatives, impossible de joindre la CPIP de mon conjoint. J’ai fini par réussir à joindre le service d’application des peines, qui n’avait pas reçu le dossier. Finalement, le JAP l’a eu aujourd’hui, mais c’est incroyable, si je ne m’étais pas méfiée, le dossier n’aurait toujours pas été transmis ! Et si le SPIP avait fait son travail correctement, mon conjoint serait peut-être déjà dehors… »

Message de la compagne d’un détenu de Melun : « La prison a installé des téléphones en cellule mais malgré les diverses demandes de réparation, rien est fait, ça ne marche pas. De ce fait, ils sont nombreux sur un même téléphone, dans la coursive, alors que des cas de coronavirus ont été déclarés dans cette prison. Je m’inquiète pour mon mari… Que faire pour que les téléphones dans les cellules soient réparés ? »

Week-end des 4 et 5 avril

Notre permanence téléphonique est fermée le week-end : nous publions ici les messages laissés sur notre répondeur ainsi que les messages reçus par email.

Message de la compagne d’un détenu de Villenauxe-la-Grande : « Mon compagnon est diabétique et fait de l’hypertension, mais tous les jours il doit sortir de sa cellule et passer dix portes pour arriver à la pharmacie et récupérer ses médicaments. Tout cela sans masque ni gants. Et le téléphone de sa cellule marche un jour sur deux. Je m’inquiète beaucoup pour sa santé, c’est très frustrant en ce moment de ne pas avoir de ses nouvelles tous les jours, d’autant que j’ai entendu qu’il y avait des cas à Villenauxe. »

Message de la mère d’un détenu de Caen : « Mon fils est incarcéré depuis juin, il a pris dix-huit mois. Nous avions fait une demande de bracelet électronique avant la pandémie mais il manquait un document : une nouvelle audience est fixée cette semaine. Mon fils m’a indiqué qu’avec ses remises de peine, sa date de sortie était début juillet. Il a tout ce qu’il faut pour sortir, un domicile – en l’occurrence le mien – et un travail. Je vous avoue que j’ai du mal à comprendre, il lui reste donc trois mois à purger, c’est sa première incarcération, et c’est un détenu modèle. Est-il possible qu’il puisse sortir ? Je m’inquiète énormément du niveau sanitaire des prisons et du moral de mon fils. Merci de me répondre car je ne dors plus, j’ai peur de ne plus revoir mon fils, avec ce virus. » Message d’un détenu : « Je voudrais savoir si je pouvais porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. Les mesures prises en milieu carcéral sont très modestes et tardives. Très récemment, la CGT pénitentiaire a porté plainte, je pense que les détenus sont dans le même bateau que les surveillants. Pourriez-vous m’indiquer les procédures à suivre ? »

Message du père d’un détenu du Havre : « J’ai appris qu’il y avait plusieurs cas de Covid-19 au centre pénitentiaire du Havre, alors depuis plusieurs jours, j’essaye de téléphoner à la prison pour avoir des nouvelles de mon fils. Mais je tombe toujours sur une messagerie qui ne prend aucun message car elle est surchargée. Comment puis-je le contacter ? »

Message de l’ami d’un détenu de Meaux : « Depuis deux semaines, je n’ai plus aucune nouvelle de lui. Il m’avait écrit une lettre mais je ne l’ai jamais reçue, et il craignait qu’elle n’ait jamais été envoyée. Y a-t-il un moyen pour établir un contact téléphonique avec lui ? » Message de la femme d’un détenu de Nanterre : « J’ai peur pour mon mari, il fait des crises. Normalement une infirmière lui distribue des médicaments tous les matins et tous les soirs mais je n’ai plus de nouvelles depuis la suspension des parloirs le 14 mars. Je ne sais pas s’il va bien, s’il prend bien ses médicaments… Ils sont quatre en cellule, sans gants ni masque, aucune hygiène, et impossible de garder un mètre de distance entre eux. Je voudrais qu’il soit confiné à la maison, il serait plus en sécurité. Il a pris une petite peine, il faut les libérer, c’est dangereux pour les détenus et pour les gardiens. »  Message de la femme d’un détenu de Perpignan : « Mon mari a des troubles psy. Il est incarcéré depuis sept ans et la prison lui a tourné la tête. Normalement il sort en novembre, mais j’espère que sa peine sera suspendue avant. J’ai entendu qu’il y avait des cas à Perpignan, j’ai peur. Son avocat, ça fait longtemps que je n’ai plus de ses nouvelles… Est-ce que le juge de l’application des peines peut faire quelque chose ? J’ai entendu que la ministre allait suspendre des peines, est-ce que mon mari peut en bénéficier ? »

Message de la compagne d’un détenu de Metz : « Je ne sais plus vers qui me tourner. Mon compagnon devait passer en débat contradictoire en avril ou mai pour avoir un bracelet, mais là, avec le confinement, on nous dit que ça sera reporté. Il lui reste vingt-deux mois à faire, j’ai peur qu’il attrape le virus. Il est obèse, mais pas assez pour qu’il soit considéré par le SPIP comme à risques… Qu’est-ce que je peux faire pour qu’il sorte de là ? »

Message de l’ami d’un détenu de Bar-le-Duc : « Mon ami est en détention provisoire, il ne présente aucun danger pour la société, et a une fille atteinte d’un diabète grave. Il voudrait être assigné à domicile en attendant son jugement pour pouvoir être présent pour sa fille. Il a fait plusieurs demandes de mise en liberté dans l’attente de son jugement, mais elles ont toutes été refusées très rapidement : même en situation de crise, ses demandes sont systématiquement jugées irrecevables. Dans le contexte actuel, il n’y a aucune humanité pour les personnes présumées innocentes. »

Message de la compagne d’un détenu de Châteauroux : « Je m’inquiète énormément pour lui, il est asthmatique… Nous avons deux filles, une de 9 ans, l’autre de bientôt 4 ans qui réclame son père tous les jours. Il est inquiet pour nous car je suis seule avec les enfants, et parce que je suis moi aussi asthmatique, tout comme notre cadette. Il voudrait juste être auprès de nous et pouvoir nous aider, et surtout qu’on soit tous moins inquiets. »

3 avril 2020

Message de la sœur d’un détenu : « Je vous ai appelés la semaine dernière car je n’avais pas de nouvelles de mon frère. Là j’ai réussi à en avoir, mais ça fait très peur. Ils sont trois en cellule, il y a des gros problèmes d’hygiène, il me dit que la tension monte à cause du manque de shit. Je m’inquiète pour lui, je ne dors plus, je ne mange plus… Je ne comprends pas pourquoi rien n’est fait pour les mandat de dépôt. Ma vie est complètement perturbée, j’ai l’impression d’être condamnée à sa place. »

Message de la compagne d’un détenu de Bois d’Arcy : « Avez-vous des informations concernant les mesures qui peuvent être adoptées suite à l’audience de ce matin au Conseil d’État ? Mon copain est dans une cellule avec deux autres détenus, les cantines arrivent au compte-goutte, l’hygiène n’est pas respectée. Il est là-bas depuis novembre, il lui reste quatre mois à faire, mais il n’y a pas de sortie anticipée pour lui : son avocat a fait une demande de libération anticipée pour motif médical il y a maintenant une semaine et demi, nous n’avons toujours pas de nouvelles. Le temps commence à être long et l’inquiétude augmente de jour en jour. Il voit plein de détenus remis en liberté à qui il restait plus longtemps, mais pas lui. C’est l’incompréhension la plus totale… »

Message de la tante d’un détenu d’Uzerche : « Mon neveu était incarcéré à la prison d’Uzerche et suite à la mutinerie, il a été transféré dans une autre prison. Depuis, nous n’avons aucune nouvelle de lui. Sa femme essaie en vain d’en avoir mais personne ne lui en donne. Pourriez-vous s’il vous plaît apaiser nos cœurs et nous donner de ses nouvelles ? »

Message de la sœur d’un détenu : « Mon frère a été placé en détention provisoire en octobre. Des permis de visite nous ont été octroyés, à moi et mes parents. Par ailleurs, malgré deux relances au juge d’instruction, aucune autorisation de téléphoner ne lui a été délivrée. Avec l’appui de notre avocat, et au regard de la crise sanitaire que nous traversons, nous avons relancé le juge d’instruction à maintes reprises pour que mon frère puisse communiquer avec nous, sa famille. Nous n’avons plus de nouvelles de lui depuis le 14 mars, date de notre dernier parloir. Nous lui avons écrit quelques lettres qui sont restées sans retour. Étant très fragile psychologiquement, et ayant tenté de mettre fin à ses jours, il a été placé au SMPR [service médico-psychologique régional] en janvier ; ce placement doit prendre fin à la mi-avril. Nous espérons, plus que tout autre chose, qu’il sera maintenu au sein de ce service. Nous vivons dans une inquiétude et une angoisse permanente et n’osons pas imaginer l’état de notre frère, notre fils, enchaîné avec ses démons, coupé de toute relation avec l’extérieur. La situation n’est plus vivable, nous avons peur, jour et nuit. »

Message de la compagne d’un détenu de Melun : « Mon fiancé à une maladie depuis plusieurs mois, il doit sortir fin juin, mais il a très peur pour sa santé. J’ai écrit à tout le monde, je ne sais plus quoi faire. Il se plaint de douleurs constamment, il maigrit… »

2 avril 2020

Appel de la compagne d’un détenu de Rennes : « Quand les parloirs ont été suspendus à cause du Covid, mon mari ne l’a pas supporté, il a fait deux tentatives de suicide. Il a peur d’attraper le coronavirus, il dort par terre sur un matelas, ils sont trois en cellule. »

Appel d’un détenu de Longuenesse : « J’ai fait les deux tiers de ma peine, j’ai eu les deux mois de remise de peine supplémentaire annoncés, donc maintenant je peux sortir… à condition d’avoir une adresse. Mais je n’ai pas de famille qui peut m’héberger, et toutes les structures que j’ai contactées – et j’en ai contacté beaucoup – me répondent qu’elles ne peuvent pas accueillir de nouvelles personnes à cause du Covid-19. J’ai aussi contacté la maison départementale de la solidarité, mais je n’ai pas de réponse… »

Appel de la mère d’un détenu de Villepinte : « Je suis sans nouvelles de mon fils depuis quinze jours. Le téléphone en cellule ne marchait pas, et puis il a été changé de cellule, maintenant il est dans une cellule à trois, alors qu’il y a l’épidémie. Je lui ai écrit, mais les délais sont encore plus long à cause du confinement, je ne suis même pas sûre qu’il reçoive tous mes courriers. Il a pris une peine de moins de cinq ans, et il est libérable en décembre, il pourrait éligible à une libération sous contrainte. La CPIP a évoqué la possibilité d’un placement à domicile, mais elle n’a pas le temps de faire le rapport. Moi je voudrais que mon fils vienne en confinement chez moi, quitte à ce qu’il retourne en prison après… »

Appel du frère d’un détenu de Nanterre : « Tous les détenus sont prêts à porte plainte. Là-bas, les mandats de dépôt veulent faire une pétition et déposer un recours contre l’allongement des détentions provisoires. »

Appel de la compagne d’un détenu de Seysses : « Il est en prison depuis novembre et depuis le début, il réclame une machine respiratoire de nuit, qu’on lui a prescrite depuis 2015. Mais il ne l’a toujours pas, et son cas s’aggrave, il en fait des insomnies. C’est encore pire avec le Covid, il est à risques. En plus, ils sont trois en cellule. Je suis inquiète. Que puis-je faire ? »

Appel de la sœur de détenus à Fleury-Mérogis : « Mes deux frères ont été incarcérés juste avant le confinement, en détention provisoire. L’un des deux a les symptômes du Covid, et le deuxième, nous n’avons plus de nouvelles, on sait seulement qu’il a vu le médecin deux fois. Qu’est-ce que je peux faire ? »

Appel d’un détenu placé en centre national d’évaluation (CNE) : « L’évaluation devait se terminer, je devais rejoindre mon établissement d’origine, mais les deux dernières semaines d’évaluation [sur 6] ont été annulées à cause du confinement. Les synthèses seront faites sur la base des rendez-vous déjà faits, et elles seront rendues tel quel au magistrat. C’est injuste, on risque d’avoir des synthèses négatives parce qu’elles sont incomplètes ! »

Appel d’un détenu de Villepinte : « Un détenu aurait le coronavirus ici. Certains disent qu’il est en réanimation et d’autres à l’isolement. On voudrait avoir des nouvelles de lui. »

Message de la sœur d’un détenu : « Mon petit frère est incarcéré depuis le 13 mars. On a pu discuter avec lui la semaine dernière, il était inquiet, on le faisait dormir à même le sol sans aucune distance avec son codétenu qui avait des quintes de toux et qu’il se plaignait de douleurs. J’ai prévenu son avocat, qui a alerté le directeur de la prison, mais rien n’a été fait. Et hier nous avons appris qu’il avait été contaminé : il est maintenant porteur du Covid-19, il a changé de cellule… Nous sommes déboussolés et désemparés, nous avons très peur pour l’avenir. Pouvez-vous nous expliquer les démarches à suivre pour le sortir de là et pour qu’il se fasse soigner au plus vite ? »

Appel de la compagne d’un détenu : « Mon compagnon était en cellule avec un codétenu. Il a demandé à être seul en cellule, mais on l’a changé de cellule pour une cellule plus petite avec un autre codétenu. Je ne comprends pas pourquoi on le change de cellule en plein coronavirus ! »

1er avril 2020

Appel d’un détenu de Bedenac : « Aucun produit n’a été distribué. Il n’y a aucune coordination entre les membres de la direction, le personnel et les détenus : impossible d’obtenir une information claire et fiable sur la situation. Le médecin avait préparé un protocole à afficher en détention à l’attention des détenus, avec des pictogrammes pour ceux qui ne savent pas lire. Elle l’a transmis à la direction, mais une semaine plus tard rien n’était encore affiché : il a fallu qu’elle vienne le constater et qu’elle alerte la direction pour que ça le soit. »

Appel d’un détenu de Châteaudun : « J’avais déposé une demande d’aménagement de peine il y a quelques mois, mais vu la situation, j’ai fait une nouvelle demande pour une suspension de peine pour raison médicale. J’ai peur ici. Il n’y a plus de cantine, et les repas se réduisent. Je me demande comment ils vont faire pour nous nourrir, si ça continue. Heureusement que vous êtes là, quand je vous appelle ça me remonte le moral. »

Appel de la mère d’un détenu d’Orléans : « Mon fils n’a plus que cinq mois à faire. Il y a deux jours, la CPIP m’a dit qu’avec les annonces de la ministre, il serait dans les premiers à sortir. Mais quand j’ai rappelé hier pour connaître la date exacte de sa sortie, je suis tombée sur un autre CPIP qui m’a dit que désormais c’était lui qui s’occupait de mon fils, et qu’il ne sortirait que le 21 septembre 2020. Je ne comprends pas… J’ai 78 ans, je suis diabétique, asthmatique, je n’en peux plus. »

Appel d’un détenu de Villenauxe-la-Grande : « Je me sens en danger. La prison c’est comme les maisons de retraite, si le virus arrive, il se propage rapidement. Je n’ai pas envie de mourir ici. Je reste calme, je ne vais pas en promenade. Normalement ma peine pourrait être aménagée seulement en 2024, mais j’ai quand même fait une demande de mise en liberté, à cause du Covid. »

Appel de la compagne d’un détenu de Réau : « Je m’inquiète pour mon mari. C’est un détenu longue peine, je sais que rien n’est prévu pour eux, je suis un peu désespérée… Il est asthmatique, j’ai appelé l’unité sanitaire pour leur rappeler qu’il avait besoin d’une attention particulière au vu de la situation. Heureusement, depuis samedi les surveillants portent des masques. »

Message de la mère d’un détenu : « Mon fils est incarcéré depuis début février, il devrait être libéré début mai. Il a une maladie auto-immune, il doit avoir des injections toutes les six semaines, il est une personne à risques. Je suis très inquiète. L’avocat a demandé une sortie anticipée, mais à ce jour, rien ne bouge. Comment faire ? »

Appel d’un détenu du Havre : « Je ne comprends pas les mesures prises en interne. On a droit à la promenade et d’y jouer au foot. Le créneau du sport est maintenu, le terrain est accessible mais on n’a pas le droit d’y jouer au foot, seulement de faire du cross fit, alors qu’on a le droit d’y jouer en cour de promenade. Ici les surveillants entrent et sortent sans arrêt, alors qu’on nous a supprimé les parloirs pour éviter les contaminations. Si les surveillants dormaient sur place, on comprendrait et accepterait mieux la suppression des parloirs. Mais là, c’est très frustrant. Et le virus, c’est par les surveillants qu’il arrivera. »

31 mars 2020

Message de la fille d’une détenue de Fresnes : « Ma mère est détenue depuis le mois de février mais ça fait une semaine déjà que je n’ai pas eu de nouvelles d’elle. Ma sœur et moi on s’inquiète beaucoup, j’ai 16 ans, je sais qu’elle a fait une erreur et elle mérite une sanction mais j’aimerais bien savoir comment elle va en ce moment. Avec le Covid-19, je m’inquiète encore plus. Son absence, c’est vraiment l’enfer pour nous, on n’est que deux… »

Message d’un détenu de Mulhouse : « J’ai la peur au ventre de mourir ici. Je suis diabétique de type 1, les surveillants ouvrent la porte et donnent les repas sans gants ni masque. Je ne veux pas être retrouvé dans un sac comme un déchet… ça ne va vraiment pas du tout, je suis très mal. »

Appel de la compagne d’un détenu de Grasse : « Je n’ai plus de nouvelles. Peut-être qu’il n’a plus de crédit téléphonique ? Les crédits arrivent bien le premier de chaque mois, n’est-ce pas ? Est-ce qu’il y a des cas de Covid à Grasse ? »

Appel de la compagne d’un détenu de Nancy : « Mon conjoint est très malade. Rien n’est fait, les rendez-vous à l’unité sanitaire sont annulés. Les surveillants sont passés vendredi pour lui dire que c’était parce qu’il n’y avait “plus de thermomètres”… C’est une blague ?! Il présente des symptômes du coronavirus, il voudrait être examiné, mais personne ne répond, rien n’est fait, personne ne se déplace pour aller le voir. »

Appel d’une détenue de Joux-la-Ville : « Plus personne ne nous répond, il y a beaucoup de choses qu’on ne comprend pas. Il y a des gens à qui il reste un mois, on ne leur donne pas leurs remises de peine, on ne comprend pas. Il n’y a aucune communication, rien n’est fait pour nous expliquer la situation. On n’a aucun correspondant. On ne sait pas si on peut déposer des permissions pour le mois de juin, ou de mai. Idem pour les aménagements de peine. Ma CPIP me reproche à longueur d’année de faire mes démarches toutes seules, mais là elle ne répond plus. Il me reste un an, on devait déposer une demande en mai, mais là je ne sais plus rien, je ne sais même plus si j’ai un employeur dehors, s’il a fait faillite ou pas. On a aussi de gros soucis avec les téléphones en coursive, ils nous disent que c’est parce qu’il y a trop de gens qui téléphonent en même temps… »

Appel de la mère d’un détenu en semi-liberté à Metz : « J’essaie de me renseigner partout pour savoir si on peut le faire sortir, mais tout le monde me renvoie des numéros et moi je ne parle pas très bien français. Est-ce que la ministre de la Justice fait sortir les gens en semi-liberté ? »

Message de la compagne d’un détenu de Toul : « Je suis très inquiète, je n’ai pas de nouvelles. Je sais qu’il y a des cas dans la ville, les surveillants viennent de l’extérieur et n’ont pas le matériel de protection. J’ai eu un appel du SPIP me disant que mon compagnon devait sortir dans les jours à venir, ça m’a rendue très heureuse mais depuis, rien. J’appelle la prison… et là on me dit que mon compagnon ne sort pas maintenant parce qu’ils doivent observer son comportement ! Pourtant, il répond à tous les critères, il lui reste moins de deux mois, je suis seule avec mon fils, ma famille est loin. Si j’attrape le virus, comment je fais pour mon fils ? »

Appel d’un détenu : « J’ai fait une demande de suspension de peine à la JAP. J’ai envoyé un courrier à mon avocat avec les papiers, il n’a rien reçu. Et les CPIP sont injoignables, j’ai envoyé cinq lettres, je n’ai pas eu de réponse. J’avais aussi fait une demande d’aménagement il y a sept mois, ça devait être examiné dans pas longtemps, mais je n’ai plus de nouvelles. Depuis, un médecin m’a fait un certificat, je dois être soigné à l’extérieur. »

Appel de la mère d’un détenu : « Mon fils est au centre pour peine aménagée, mais il est gravement malade, il a une hernie discale invalidante. Il devait être opéré, il avait déjà rencontré le chirurgien et l’anesthésiste, mais l’opération a été annulée à cause du Covid-19. Il souffre atrocement, il ne peut pas marcher. Le lit à la prison lui fait mal. Est-ce qu’il existe une procédure d’urgence ? Il souffre à en hurler, les surveillants eux-mêmes sont choqués qu’on le laisse dans la prison alors qu’il hurle de douleur. »

Appel de la femme d’un détenu de Fleury-Mérogis : « Mon mari a été incarcéré début février. Il arrivera à mi-peine fin mai, et sa sortie est prévue pour septembre. Il a commencé une formation, il n’a aucun problème en détention. Il fait de l’asthme, il a fait une vingtaine de crises depuis son incarcération. Il a envoyé un courrier à la CPIP, mais personne ne lui répond. Et depuis quatre jours, il y a trois malades à son étage… »

Appel de la sœur d’un détenu d’Osny : « Je vous appelle car je suis très inquiète, j’ai lu un article sur Osny. Ils n’ont pas de cantines. Depuis une semaine, pratiquement rien n’est livré, son réfrigérateur est vide. Dans la liste des produits cantinables, il n’y a aucun produit frais, rien du tout. Mais pour lutter contre le virus, il faut une bonne alimentation ! Les mesures d’hygiène, c’est la cata. Les douches, le linge… Heureusement lui est dans une cellule individuelle, pour l’instant. »

Appel d’un détenu de Melun : « Quand on travaille en détention, comment ça se passe au niveau des salaires ? Je travaillais pour un concessionnaire mais depuis le confinement, les ateliers sont fermés : est-ce que je serai indemnisé, type chômage partiel ? Et aussi, le téléphone en cellule marche une fois sur 40… »

Appel d’un détenu d’Orléans : « Je voulais savoir pourquoi avec le coronavirus ils nous font encore des fouilles de cellule. Je ne suis pas contre les fouilles d’ordinaire, mais pour moi, durant le confinement, ils ne devraient pas faire de fouille : on nous dit qu’on est pas en danger en prison car le coronavirus n’y rentre pas, mais s’ils nous transmettent le virus pendant une fouille ? »

Appel d’un proche d’un détenu placé en centre de semi-liberté : « Il a peur, car le centre de semi-liberté est quasiment vide, les autres ont été libérés pour être confinés à domicile. Il est confiné au centre, il n’a plus le droit de sortir du tout. Pour les soins, c’est très difficile, il faut avoir un justificatif pour aller consulter à l’extérieur. Est ce qu’ils ont le droit de le renvoyer en détention normale ? »

Appel d’un détenu de Tours : « Il y a des cas à Tours, mais personne ne veut rien nous dire. Quand on demande, ils disent que c’est confidentiel, à cause du secret médical. Mais nous on sait qu’il y a déjà plusieurs cas dans la même aile. J’ai été en contact avec ces types, à la messe avant qu’elles soient suspendues, à la promenade, dans les douches. Pour les promenades on est cinquante dans une cour, et dans les douches c’est pareil, on est entassés. On voudrait des protections parce qu’au rythme où ça va, sur les deux cents il n’y aura plus personne… »

Appel de la compagne d’un détenu d’Avignon : « Mon petit ami est en détention provisoire, nous n’avons plus de nouvelles de lui depuis l’arrivée du virus, tous les liens sont coupés. J’ai entendu parler de gardiens contaminés au coronavirus, sa famille et moi-même nous avons très peur pour lui. De plus, il y a qu’un seul téléphone en cours de promenade qui n’est pas désinfecté. Comment faire pour avoir des nouvelles ? »

30 mars 2020

Appel d’un détenu de Châteaudun : « J’ai fait plusieurs tentatives de suicide depuis que je suis ici. Et là, avec le Covid… J’avais enclenché une demande d’aménagement de peine, mes parents avaient rendez-vous pour l’enquête pour l’hébergement mais le rendez-vous a été annulé, et ils n’ont pas de nouvelle pour un nouveau rendez-vous. »

Appel du père d’un détenu d’Orléans : « Mon fils est en détention provisoire depuis un an. Il a de gros troubles psy depuis plus de vingt ans, alors je me demande s’il peut bénéficier d’une mise en liberté, par rapport aux risques de Covid-19. »

Appel de la compagne d’un détenu de Nanterre : « Il est condamné à trois ans, il a déjà purgé vingt mois. Avec la surpopulation et la promiscuité, je m’inquiète des risques de contamination. Il avait déposé en novembre une demande d’aménagement de peine, mais on n’a plus de nouvelles. Et impossible de joindre le SPIP… »

Appel de la mère d’un détenu de Château-Thierry : « Là-bas, rien n’a été modifié dans le fonctionnement de la centrale avec le Covid. Le régime ouvert est toujours de mise. »

Appel d’un détenu de Toul, en régime ouvert : « Depuis quelques temps les surveillants m’interdisent d’aller prendre le café dans les cellules voisines, alors que tous les autres détenus le font. Ils me disent que c’est “le nouveau règlement”. »

Appel d’un détenu de Villepinte : « Les surveillants disent qu’il n’y aurait pas de cas de Covid ici, mais un détenu est confiné ici, ou a été envoyé à l’hôpital, on n’arrive pas à savoir. On est tous mélangés, et personne ne s’intéresse à nous sauf le pape Jean-Paul II, je l’ai entendu parler des prisonniers hier à la télé. On a deux heures de promenade quotidienne, on fait attention : on ne se serre plus la main, on se checke avec le poing. Mais il y a de nouveaux arrivants, transférés de Nanterre et d’Osny après les mouvements de protestation. Ils ont été placés au QD. »

Appel d’une proche d’un détenu de Bois d’Arcy : « Il n’y a toujours pas de solution pour le linge : on a le droit de rien apporter, ils ont dit qu’ils installeraient des machines à laver mais rien. Ils se foutent de nous, ils ne feront rien. Quand ils disent qu’ils vont arranger les choses, ça me fait bien tousser. »

Appel d’un détenu de Toul : « Les téléphones en cellule marchent très mal. Depuis deux jours, les surveillants ont des masques, et les auxis désinfectent les poignées de porte deux fois par jour. »

Appel d’un détenu d’Aix-Luynes : « On n’a même pas de savon, et l’eau n’est pas chaude. Je ne comprends pas pourquoi on n’est pas tous confinés, pourquoi les promenades sont maintenues, etc. »

Appel de la mère d’un détenu de Corbas : « À Corbas, ils confinent tous les anciens dans le même secteur. Il y a toujours des fouilles au corps. Ils sont deux ou trois en cellule. Comment voulez-vous qu’ils se protègent ? Selon les détenus, il y aurait des surveillants contaminés. Ils ont des masques depuis quelques jours. Mon fils, il lui reste six mois à faire, mais avec les remises de peine il devrait être libérable en juillet. L’avocat fait des démarches pour le faire sortir. Je suis très inquiète. »

Appel d’un détenu d’Aiton : « J’ai bien eu les 20€ pour téléphoner, et les 40€ en plus parce que je suis indigent, mais ils ont été versé sur mon compte téléphonique. Je n’ai personne à appeler, ça ne me sert à rien ! J’ai demandé à ce qu’ils soient basculés sur mon compte normal, mais ça n’est pas possible, car ce sont deux entreprises différentes… »

Message de la compagne d’un détenu de Lille-Annœullin : « Qu’est-ce que c’est, un aménagement de peine ? Plusieurs détenus sont sortis alors qu’il leur reste deux mois à faire, je ne comprends pas pourquoi mon compagnon ne sortirait pas rapidement lui aussi. Il doit sortir le 25 avril, et ce n’est ni un criminel, ni un violeur. »

Message du compagnon d’une détenue de Caen : « Ma compagne est en détention provisoire depuis deux semaines. Les parloirs sont suspendus, et sa demande de téléphone n’aboutit pas parce que le tribunal est fermé depuis le 16 mars. Nous recevons uniquement des lettres qui elles aussi, arrivent de façon sporadique du fait de la réduction du service postal. Les conditions de détention qu’elle nous décrit sont les suivantes : une cellule de 10 m² pour trois personnes, seulement trois douches par semaine sans rideau, deux repas par jour. Elle nous demande de lui apporter des sous-vêtements car elle n’en n’a pas en quantité suffisante (elle n’en a que deux ou trois avec elle), elle n’a pas de pyjama, elle n’a pas de tenue décente pour son audience prévue dans deux semaines. Mais les parloirs ont été suspendus dès le lendemain de sa mise en détention provisoire… Comme elle ne peut pas téléphoner, elle a acheté des carnets de timbres dès son arrivée, mais ils ne lui ont toujours pas été remis. Son avocat a finalement pu la contacter par téléphone après de nombreuses demandes, mais les parloirs lui sont refusés. »

Week-end du 28-29 mars

Notre permanence téléphonique est fermée le week-end : nous publions ici les messages laissés sur notre répondeur ainsi que les messages reçus par email.

Villeneuve-lès-Maguelone : « J’ai besoin de dire ce que vit mon mari. Il y a une semaine, son codétenu se sentait mal, il avait une angine. Après plusieurs appels à l’interphone, les surveillants ont refusé de venir. Le matin, ils sont venus les chercher tous les deux, sans savoir s’ils étaient positifs au corona, et ils ont été transférés dans l’aile avec les malades du Covid. Comme ils ne voulaient pas rester là-bas avec les gens contaminés, ils ont bloqué. Mon mari s’est retrouvé au mitard : depuis plus d’une semaine, il n’a pas pu changer ses habits. Il est déplacé à gauche à droite, sans savoir s’il est malade. Aucun surveillant n’a de protection. Parce qu’ils sont en prison, on va les laisser crever ? »

Seysses : « Je vous contacte pour en savoir plus : mon mari a été jugé il y a trois semaines, il a pris deux ans et demi. Nous avons un bébé de sept mois aujourd’hui. Mon mari a des problèmes de santé (problème de cœur, tachycardie et crises d’angoisse). Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis son incarcération, j’ai beau écrire des lettres, je n’ai pas de réponse… Il ne m’a jamais laissée sans nouvelles, je me fais beaucoup de soucis. Que faire ? »

Montmédy : « Je viens à vous pour vous raconter mon inquiétude face au virus et ce manque de précaution au centre de détention de Montmédy. Aucune mesure d’hygiène, pas de masque, et quand on leur pose la question les surveillants rigolent. Mon mari est incarcéré depuis six ans et j’aimerais qu’il sorte vivant et en bonne santé. Quel recours avons-nous ? Que peut-on faire, en tant que famille ? »

Neuvic : « J’aimerais savoir s’il est possible de porter plainte pour mise en danger d’autrui contre le gouvernement. Comment faire ? J’ai compris en entendant le discours de madame Belloubet que je n’aurais droit à rien puisqu’il me reste huit ans sur le papier… Tout est fait que pour les petites peines puissent sortir mais qui s’occupe de nous ? »

Saint-Mihiel : « Mon conjoint doit passer en commission au mois de mai pour ses remises de peine. Sa date de sortie est fin juillet, mais il n’a pas fait plus des deux tiers de sa peine. Il a un bon comportement en détention, il est auxi… Je voulais savoir si, avec la crise sanitaire, il pouvait bénéficier d’une sortie avant, sachant qu’il est asthmatique. Quelles sont les démarches à accomplir ? »

Villeneuve-lès-Maguelone : « Je viens vers vous car mon fils est incarcéré depuis fin janvier et sa date de libération est fin avril. Il n’a toujours pas été relâché à cause de Covid19, malgré les annonces de la ministre. C’est incompréhensible ! Que dois-je faire ? Il est très inquiet et reste confiné dans sa cellule. »

Brest : « Mon fils doit sortir début avril. Est-ce que je peux aller le chercher à Brest en étant accompagné ? Je ne conduis plus à cause d’un handicap. Je suis à La Rochelle, qu’est-ce que je dois cocher sur l’attestation ? Faut-il un justificatif de sortie ? »

Épinal : « Je suis très inquiète pour mon compagnon, j’aimerais savoir s’il va bien. Il est incarcéré depuis décembre, il a repris dix mois. Je ne peux pas l’avoir au téléphone, il ne nous donne pas de nouvelles, et le courrier n’en parlons pas : ça met quinze jours pour avoir une réponse, si on en a une. C’est horrible, on se sent impuissant. Je sais juste qu’il travaille en cuisine tous les jours de la semaine, il est donc en contact avec d’autres personnes. Je suis très inquiète pour lui… »

Avignon : « Mon fils a déjà passé huit ans en prison. Il a déposé une demande d’aménagement de peine. Il a une ablation de la rate, il a une santé fragile, mais il n’a pas été libéré, alors que son copain qui était incarcéré dans la même affaire a été libéré. Je suis dans la détresse totale, j’ai peur qu’il meure dans sa cellule. »

Toulon : « Mon compagnon a fait une demande pour m’appeler trois semaines avant le confinement, Aujourd’hui nous n’avons plus de parloir, ce qui peut être compréhensible, mais il n’a toujours pas de réponse pour l’autorisation de téléphone… Nous nous retrouvons sans nouvelles et inquiets, lui comme moi. Nous avons un bébé ensemble dont il ne peut même pas prendre de nouvelles ! J’ai appelé le tribunal qui ne peut pas me renseigner, pourtant je ne fais pas partie de l’affaire, je veux juste que mon conjoint puisse m’appeler… Mais pour eux ce n’est pas une priorité : c’est ce que l’on m’a dit. Il est privé de tous liens familiaux et craint pour sa santé, mais ce n’est pas une priorité. Même pour les familles, ils n’ont aucune compassion. J’aimerais les voir, eux, sans nouvelles de leurs proches en cette période, comment ils se sentiraient… »

Toul : « En tant que membre de la famille d’une personne détenue au centre de détention de Toul, je voulais vous avertir. Les parloirs y ont été supprimés et le seul lien que les détenus peuvent avoir avec leurs familles sont les communications téléphoniques. En début d’année, des téléphones ont été installés dans les cellules, censées fonctionner 24h/24. Malheureusement, ils sont régulièrement en panne, n’émettant aucune tonalité ou coupant en plein milieu des conversations. Personne ne bouge. Rien n’est fait pour remédier à ce dysfonctionnement. Certes, il reste les cabines dans les coursives mais dans le contexte actuel, les détenus préféreraient les éviter par rapport à une éventuelle contamination. Les détenus eux aussi ont droit à une protection. Ce sont des êtres humains comme les autres. »

Châlons-en-Champagne : « Ma conjointe est incarcérée, mais elle a une problème d’asthme et un problème de cœur. Avec l’épidémie du Covid19, qui dois-je contacter pour avertir de la situation ? Mon médecin m’a confirmé qu’en cas de contamination cela aurait de terribles conséquences pour elle, vu ses problèmes médicaux. Il m’a fait un certificat disant qu’elle faisait partie de la population à risques. »

Réau : « Mon conjoint est incarcéré, j’ai peur pour lui. On ne peut plus se voir, j’ai peur qu’il craque, je ne sais pas quoi faire. Il craint que les promenades soient bloquées. Moralement, il n’a plus aucun espoir et a très peur pour sa santé. Il devait se faire opérer des dents de sagesse fin janvier mais a été incarcéré juste avant, il en souffre énormément. De voir que dehors, on peut sortir pour un footing d’une heure, ils se disent qu’il n’y a qu’eux qui sont vraiment confinés et c’est très dur moralement. »

Avignon : « Il y a une seule cabine téléphonique qui fonctionne, elle se trouve en promenade. Un gardien a été détecté positif, et il n’y a pas de mesure d’hygiène, le combiné n’est pas désinfecté après chaque appel, le virus va très vite circuler. Ça va être une catastrophe. »

Villepinte : « Je tenais à partager mon angoisse concernant l’absence de nouvelle de mon fils depuis la suspension des parloirs depuis maintenant quinze jours. J’allais le voir deux fois par semaine. En plus, la dernière fois il n’allait pas bien depuis qu’on l’avait mis dans une cellule de trois, sans aucun motif. J’ai déjà appelé la prison, seule réponse : “Si on ne vous appelle pas c’est que tout va et qu’à ce jour aucun cas n’est déclaré.” Vraiment pas rassurant du tout, c’est plutôt anxiogène… Je ne sais plus quoi faire pour avoir des nouvelles, d’autant que le confinement va durer. Si vous avez une piste, je suis preneuse. »

Baumettes : « J’ai mon mari et mon fils en détention provisoire aux Baumettes. Les confrontations prévues courant mars ont été annulées et tout est resté en attente, bloqué… Les plateaux repas sont tripotés par beaucoup de monde avant d’être livrés, c’est un véritable nid à microbes où le Covid19 se régale. Les parloirs ont cessé, je ne vois plus mon mari ni mon fils, et mon fils ne peut pas voir sa femme et son bébé de dix-sept mois. Ils ne reçoivent donc plus de linge propre et aucune machine à laver ne fonctionne. Les cantines ne parviennent plus ou seulement en faible quantité et au bout de trois semaines. J’ai le sentiment que mon fils et mon mari se retrouvent comme des rats dans une cage en train de couler. Ils n’ont même pas été jugés ni condamnés, mais on les condamne à mort en les laissant ainsi entassés. Que puis-je faire ? »

Villefranche-sur-Saône : « Je suis confiné suite au Covid19, j’ai des douleurs, mais on ne me donne pas de médicaments. Et personne n’est venu me voir. »

« Je me permets de vous contacter car je ne sais plus quoi faire. Mon conjoint est détenu depuis bientôt cinq ans, il a été condamné à une peine de dix ans. Il a été incarcéré le jour de ses 18 ans, il a maintenant 22 ans. Je vois son état mental se dégrader de jours en jours. Une semaine tout va bien et la semaine d’après, je ne le reconnais plus du tout. Il me parle de choses complètement incohérentes, en détention ça ne se passe pas bien, il se renferme totalement, il ne veut plus sortir en promenade ou même en sport. Il en veut à la terre entière, donc cela s’en ressent sur son comportement avec les surveillants. En cette période de confinement, avec les parloirs suspendus, mon conjoint ne reçoit aucun courrier, je ne peux pas le voir pour le réconforter. Voilà maintenant deux semaines que je suis sans nouvelle de lui, j’ai essayé de joindre la détention mais personne ne répond. »

27 mars 2020

Appel de Monsieur G. incarcéré à Châteaudun (cf. 24 mars) : « Je voudrais remercier l’OIP d’avoir contacté mon avocat : grâce à vous, depuis ce matin, j’ai l’autorisation de l’appeler. Vous savez, on vit un calvaire en ce moment. Nos familles c’est tout ce que l’on a à l’intérieur, c’est ce qui nous fait tenir. Et dans cette situation, sans les parloirs, c’est très difficile. Merci à l’OIP du fond du cœur pour tout ce que vous faites pour les détenus. »

Appel de la compagne de Monsieur K., détenu à Muret (cf. 25 mars) : « Je suis très inquiète, mon compagnon m’a appelée hier pour me dire que son meilleur ami en détention avait été contrôlé positif au corona hier et placé en isolement. Ils sont en régime portes ouvertes, ils se côtoient tous les jours ! Si mon copain attrape le virus, il pourrait en mourir, à cause de sa maladie respiratoire. Mais on a refusé de lui faire un test. »

Appel de la compagne de Monsieur G., détenu à Avignon : « Mon conjoint est asthmatique. Un soir, en septembre dernier, il a eu une crise aiguë, il a appelé les gardiens par l’interphone, qui n’ont jamais voulu venir. Il a fini par appeler les pompiers avec un portable, qui lui ont répondu qu’ils ne pouvaient pas intervenir. Pour tout ça, il a pris quelques jours de mitard. C’était très dur pour lui, cette nuit-là il s’est vu mourir. Et il y a cinq jours, il a fait une nouvelle crise d’asthme, parce qu’il très stressé par la situation actuelle. En fait, il aurait besoin d’une assistance respiratoire qu’il n’arrive pas à obtenir, la ventoline ne suffit pas. Il souhaiterait porter plainte pour non-assistance en personne danger. Comment faire ? »

Appel de Monsieur B., incarcéré à Meaux : « J’ai été transféré ici il y a deux mois. Je n’ai plus aucune nouvelle de ma famille depuis la suspension des parloirs : mes deux filles de 14 et 16 ans, ma sœur, mon frère et mon père avaient tous un permis de visite, mais on n’a pas pu déposer de demande d’autorisation de s’appeler. » Nous avons pu joindre sa sœur : si Monsieur B. nous rappelle, nous pourrons le rassurer, toute sa famille va bien. Et la CPIP va essayer de leur obtenir une autorisation de téléphoner.

Appel de la femme de Monsieur P., incarcéré à Varennes-le-Grand : « Sa fin de peine est dans deux ans, mais il a fait les deux tiers de sa peine, et avec les RPS, sa fin de peine est aménageable. Il est passé en commission, il a un très bon dossier soutenu par CPIP : suivi psy, formation, comportement irréprochable, promesse d’embauche pour le début avril. Ça s’est bien passé, il devait être placé sous surveillance électronique, mais tout est reporté à dans deux mois car en Côte d’Or, il n’y pas de personnel disponible pour venir installer le boîtier. Je trouve ça inadmissible, d’autant plus dans le contexte actuel ! Ils auraient pu lui accorder un autre type d’aménagement. En plus, dedans, tout le monde a peur : les surveillants ne portent ni masque ni gants et ne respectent pas les distances. Et la communication est impossible, aucun téléphone ne fonctionne : ni cabine, ni en cellule, ni en promenade. »

Appel de la sœur de Monsieur C., détenu à Villepinte : « On est tous très inquiets, et dépassés. On a l’impression que l’on nous cache plein de choses. J’ai vu sur les réseaux sociaux qu’il y aurait des cas à Villepinte. On fait rentrer de nouveaux prisonniers, est-ce que c’est vraiment raisonnable ? Regardez ce qu’il s’est passé en Italie. On attend que ce soit l’hécatombe ?! » Juste après, appel de son frère, Monsieur C. : « Les conditions de détention sont très difficiles ici, et on est inquiets car personne ne porte de gants ni de masque. Les surveillants sont sous tension, et il y a de nouveaux détenus qui arrivent encore. On n’a plus de parloirs, et beaucoup de détenus n’osent plus aller en promenade. »

Appel de Madame C., détenue. Elle est en pleurs : « Ici on n’a pas de masques, on n’a pas de gants. Et on est palpées deux fois par jour. Je n’en peux plus, je suis à bout. Ils fouillent ma cellule toutes les semaines, c’est légal ça ? Je n’en peux plus, je suis ici pour conduite sans permis en récidive, j’ai pris 22 mois, il m’en reste six à faire. Est-ce que j’ai une avocate ? Oui, mais elle vient d’accoucher, elle est congé. [Les pleurs redoublent.] De toute manière, quand j’étais en semi-liberté ça s’est tellement mal passé que la juge ne voudra jamais aménager ma peine. Je suis à bout, j’ai perdu 10kg, le médecin m’a mis sous antidépresseurs. Ici il n’y a plus rien, plus d’activités, on voit plus le CPIP, plus de SMPR [service médico-psychologique régional], je peux plus parler à personne, je vais craquer. J’ai tout dehors : un travail, un appartement, une date pour passer le permis, j’ai tout bien fait, mais la juge ne me laissera jamais sortir. »

Appel de Monsieur R., incarcéré à Villeneuve-lès-Maguelone : « Ici ça a l’air d’aller, avec beaucoup de suspicions. Dès que quelqu’un change d’étage, on dit qu’il est malade : tout est matière à ragots. Mais on ne nous dit rien. Depuis deux jours, les surveillants viennent tous en col roulé, qu’ils relèvent quand ils nous approchent pour se protéger. Et depuis deux jours, l’ambiance a changé, c’est très étrange : on nous dirait qu’il y a eu un cas de diagnostiqué il y a deux jours qu’on le croirait sans peine. » [Un détenu de cet établissement a été testé positif le 20 mars.]

Appel de Monsieur H., incarcéré à Maubeuge : « J’ai de sévères problèmes de santé. J’ai un certificat du médecin qui dit clairement que mon état de santé est incompatible avec la détention, et qui précise aussi que je suis particulièrement vulnérable au Covid19. J’ai déposé une demande de mise en liberté mais la juge des libertés et de la détention a répondu que la prison n’était pas touchée par le coronavirus, donc que c’était moins risqué d’être en prison que d’être à l’extérieur actuellement. J’étais alité toute la semaine, je pouvais même pas me lever pour aller aux toilettes, il fallait me porter, je ne pouvais plus marcher… »

Appel de la compagne de Monsieur T., incarcéré à Valenciennes : « Mon copain m’a envoyé un courrier, il y aurait des détenus et des surveillants contaminés. Que faut-il faire pour qu’il sorte ? Il lui reste un an à faire. En plus, il a des problèmes de santé. »

Appel de Monsieur M., détenu à Toul : « Depuis l’installation des téléphones en cellule il y a un mois, ils ne fonctionnent pas. Du coup on appelle depuis la coursive, mais il y a la queue et beaucoup de bruit. Il faut débrancher et rebrancher le téléphone de la cellule pour espérer avoir une tonalité, et en général ça ne fonctionne pas. »

Appel quotidien de la mère d’un jeune homme détenu à Meaux : « Est-ce que vous savez quand les surveillants vont avoir des masques ? Parce que son fils a très peur de leur parler. En plus, il ne sort plus de sa cellule et se tient toujours éloigné de ses codétenus, dont un est auxi et sort de la cellule tous les jours. »

26 mars 2020

Appel de la fille de Monsieur M., détenu à Avignon : « Mon père a 62 ans. Il est diabétique, il fait de l’hypertension, et il a déjà fait deux AVC. Je voudrais écrire à quelqu’un, au préfet, à la première dame, n’importe qui, pour demander une grâce. À qui dois-je m’adresser ? »

Appel de la mère de Monsieur R., incarcéré à Moulins : « Madame Belloubet est très fière de donner des crédits téléphoniques aux détenus, mais à Moulins, le téléphone ne fonctionne pas. On a pourtant les téléphones en cellules, ils ont été installés il y a quinze jours. Ici, il y a beaucoup de détenus âgés, isolés, ils sont très souvent oubliés de la société. Mon fils me disait aussi qu’ils n’avaient pas d’eau chaude en ce moment. Il essaye de rester propre, mais c’est difficile… Le service médical est presque injoignable, et le suivi est encore plus mauvais que d’habitude. Belloubet, elle est aussi très fière de présenter ses aménagements de peine, mais comment faire alors que les CPIP sont absents et injoignables ? »

Appel de la compagne de Monsieur B., incarcéré à Rennes : « J’ai trouvé votre numéro sur internet, je ne sais plus qui appeler. Le jugement a été rendu mardi dernier, le 17 mars : mon mari devait être placé sous surveillance électronique. Mais rien n’a été fait. Et je n’ai plus de nouvelles depuis une semaine, il n’appelle plus. J’ai peur qu’il foute tout en l’air, même si ce n’est pas son tempérament. »

Appel quotidien de la mère d’un détenu de Meaux-Chauconin : « J’appelle pour avoir l’état du coronavirus dans les prisons françaises. À Meaux, est-ce qu’il y a quelque chose ? J’ai peur pour mon fils. Est-ce qu’il y aura assez de place pour placer à l’isolement les gens malades ? Est-ce que les gardiens seront systématiquement testés ? C’est eux, la porte d’entrée du virus en détention. J’ai tellement peur. Mon fils aussi est très angoissé. Ils sont trois dans sa cellule. En plus ils sont mal nourris, ils sont très faibles là-dedans, ils ne sont pas aussi résistants qu’à l’extérieur. »

Appel de la compagne de Monsieur D., incarcéré à la maison d’arrêt d’Agen : « Apparemment, il y a un cas de Covid19. C’est une femme dont le compagnon est à Agen qui me l’a dit. Les surveillants n’ont pas de protection, pas de masque, pas de gants, et ils viennent de l’extérieur… Et les 5 000 détenus qui vont être libérés, ça concerne qui ? Toute la France ? Mon compagnon il lui reste douze mois, est-ce qu’il est concerné ? Je suis enfermée avec mes trois enfants, je suis sous antidépresseurs, je n’ai pas de famille. »

Appel de la compagne d’un détenu de Bayonne : « Mon copain, il lui reste moins de deux mois à faire, est-ce qu’il pourra être libéré ? Sous quelles conditions ? Est-ce que c’est automatique ? A qui faut-il s’adresser ? »

Appel de la femme de Monsieur C., en détention provisoire à Fleury-Mérogis : « Je m’inquiète beaucoup, je n’ai plus de nouvelles de mon mari depuis que je ne peux plus aller aux parloirs. J’appelle les CPIP, ils ne répondent pas. Comme je venais le voir toutes les semaines, il n’a jamais demandé à inscrire mon numéro dans les numéros autorisés. Et puis même s’il pouvait téléphoner, je ne voudrais pas qu’il le fasse, les cabines sont bourrées de microbes ! Il est diabétique, est-ce qu’il est prioritaire pour les libérations ? Il devait être jugé lundi, mais ça a été reporté, au plus tôt en octobre. Vous imaginez son état mental ? On a peur pour lui, il a une santé très fragile. Il ne donne pas de nouvelles, on est tous super inquiets. »

Appel de la compagne de Monsieur E., incarcéré à Uzerche : « Ce n’est pas normal, ce qu’il se passe depuis la mutinerie ! Seulement deux bâtiment sur quatre sont fonctionnels, donc ils sont tous entassés dans deux bâtiments. Mon compagnon, depuis dimanche soir il est tout seul dans une cellule vide, il n’y a pas de matelas, juste une barre de fer accrochée au mur. On lui dépose la gamelle au sol. Pas de télé, il n’a plus ses affaires, plus rien. Pendant trois jours, il n’a pas eu de vêtements de rechange ni de douche. Hier, en fin d’après-midi, ils lui ont apporté un matelas et quelques affaires, mais pas de couverture. À Uzerche, il n’y a rien, que du froid, du brouillard… »

Appel de la compagne de Monsieur L., incarcéré au Havre : « Je vous appelle pour avoir des renseignements sur les aménagements de peine et les RPS. Les remises de peine, est-ce que ça concerne tout le monde, même ceux qui sont condamnés pour crime ? Est-ce que c’est automatique ? C’est-à-dire que cette année, il aurait le droit à cinq mois ? »

Appel de la femme de Monsieur K., incarcéré à Varces : « Mon mari a un cancer. Il est en prison depuis quatre mois, il a encore un an à faire. Mon permis de visite a été refusé, et il n’a pas vu ses enfants depuis son incarcération. Son état s’est dégradé, depuis deux mois il est sous morphine. Il devait faire des examens qui ont été repoussés à cause du Covid. Il avait fait une demande d’aménagement de peine en janvier, un médecin devait venir constater si son état était compatible avec la détention ou pas. Maintenant, à cause du confinement, j’ai peur qu’il ne vienne pas, ou qu’il vienne trop tard… »

Message laissé sur le répondeur par la compagne d’un détenu : « Bonjour, je vous contacte, car je suis femme de détenu et j’aurais voulu plus de renseignements sur l’accès aux soins en prison. En plus, mon mari devait bénéficier d’une conditionnelle en avril, mais il n’y a toujours pas eu d’enquête. Comment faire ? Sa CPIP m’a dit qu’il n’était pas dans la liste des personnes qui allaient sortir dans les prochains jours, je ne sais plus quoi faire. »

Appel de Mme O., dont le compagnon est incarcéré à Réau : « On vient d’informer mon compagnon que les cantines ne seraient pas livrées la semaine prochaine, car il n’y a plus de camion de livraison. C’est le chef de bâtiment qui lui a dit. C’est quoi ça ? Qu’est-ce qu’on attend pour agir ? »

Message laissé sur le répondeur par un détenu : « Bonjour, je suis malade, diabétique de type 2, je fais de l’hypertension. Les surveillants aussi font de l’hypertension en ce moment. Je suis malade, je ne me sens pas bien, ce matin j’ai vomi du sang. Comment faire pour sortir d’ici ? »

Appel de Monsieur G., incarcéré à Villeneuve-lès-Maguelone : « Je dois envoyer un recommandé au juge des enfants, c’est très urgent car il va statuer prochainement et décider si mes enfants peuvent venir me rendre visite ou non. Mais le vaguemestre m’a dit qu’on ne pouvait plus envoyer de recommandé car la poste est fermée à cause de l’épidémie. Alors j’ai mis mon courrier dans la boîte aux lettres du CPIP pour qu’il l’envoie par fax au juge, mais je ne sais pas s’il l’a reçu, s’il va le faire… Je suis très angoissé. »

Message laissé sur le répondeur par la mère d’un détenu de Réau : « Bonjour, je n’ai aucune nouvelle de mon fils. Avez-vous des infos sur Réau, est-ce qu’il y a des cas de coronavirus ? »

25 mars 2020

Appel de Monsieur L., détenu à Aiton : « Je n’ai plus qu’un an à faire, et dehors j’ai un logement et un travail en CDI. J’ai fait une demande d’aménagement de peine début février, j’attends. Je suis diabétique et je fais de l’hypertension, et mon suivi psy a été suspendu à cause du Covid. Le téléphone a été installé dans nos cellules il y a quelques mois, mais le réseau téléphonique est surchargé. Ce matin, la direction est passée pour dire qu’il y a le premier cas de corona confirmé dans l’établissement, mais bon je suis sûr qu’il y en a beaucoup d’autres. Le confinement n’est pas du tout respecté ici. Les douches sont communes, et il n’y a aucune désinfection. Ils envoient trois ou quatre personnes à la fois. L’hygiène, ça me fout une trouille phénoménale pendant le coronavirus… Il n’y a même pas de film plastique sur la viande, les plats sont encore servis dans des gamelles ouvertes en inox. Et la gamelle, elle passe de main en main, on ne sait pas qui l’a touchée. Moi, ça fait trois jours que je ne l’ai pas mangée. Je pense que ça va très mal finir cette histoire : ça va être infernal six semaines de confinement. Détenu c’est le pire de tout, on n’a accès à rien. »

Appel de Monsieur K., détenu à Arles : « Moi, j’ai appris la semaine dernière pour l’épidémie du Covid. Ça ne me change rien, puisque je reste toujours dans ma cellule. En portant les papiers de cantine à la boîte aux lettres, j’ai vu le papier affiché sur la porte avec marqué Covid-19 dessus, mais même pas le mot virus ! J’ai demandé au surveillant, il m’a dit : “Comment, tu n’es pas au courant ?!” Mais l’affichage est sur une porte, alors que les gens ne peuvent pas sortir… Le système de messagerie téléphonique ne fonctionne pas encore bien, et le courrier ne part qu’une fois par semaine. »

Appel de la compagne de Monsieur B., placé en détention provisoire il y a deux semaines : « Depuis son incarcération, je n’ai pas de nouvelles, je suis très inquiète à cause du Covid et de son état de santé : il a une fracture du talon et est sous anti-coagulants. Et la maison d’arrêt où il est incarcéré est insalubre et surpeuplée. J’ai appelé le SPIP pour avoir des nouvelles et savoir où en était la demande d’autorisation pour les appels, on m’a répondu : “Ne vous inquiétez pas, il faut être patiente…” »

Appel de la sœur de Monsieur E., en détention provisoire à Nîmes depuis quatre mois. Elle a des sanglots dans la voix : « Nous n’avons plus de nouvelles depuis le confinement. Je ne dors plus, je ne mange plus… Il a 24 ans, il est incarcéré pour pas grand-chose, et il va avoir une petite fille au mois d’avril. Son avocat s’est vu refuser sa demande de parloir. Ce n’est pas facile du tout. » Elle pleure.

Appel de la compagne de Monsieur P., détenu à Meaux : « Il a fait une demande d’aménagement il y a six mois, il devait passer en commission début avril, mais ça a été repoussé, nous n’avons pas de date. Sa sortie définitive est prévue pour mi-août mais il a un très bon dossier, et il est soutenu par le SPIP. Son avocat essaye de joindre l’établissement mais personne ne répond. Nous avons trois enfants, je ne vais pas pouvoir continuer comme ça. À qui s’adresser si personne n’est joignable ? »

Appel de la fille de Madame S., en détention provisoire à Lille-Sequedin : « J’allais la voir au parloir trois fois par semaine. J’ai fait deux demandes d’autorisation de téléphone, mais toutes deux ont été refusées. Parce que “le magistrat n’a pas l’habitude d’autoriser les appels avant que toutes les auditions aient eu lieu”… Du coup je m’inquiète, je n’ai plus aucune nouvelle depuis la suspension des parloirs. Et impossible de joindre le SPIP. »

Appel de la sœur de Monsieur F., détenu à Osny depuis six mois : « Depuis la suspension des parloirs, nous n’avons plus de nouvelles. Ma mère avait une autorisation de visite, on a demandé deux fois à ce que nos numéros de téléphone soient enregistrés mais ça a été refusé. Et notre troisième demande est restée sans réponse. Notre avocat a essayé d’appeler le tribunal pour en savoir plus, mais personne ne répond. »

Appel de la compagne de Monsieur G., détenu à Metz-Queuleu : « Il devrait sortir dans deux semaines. Il y a une semaine, son avocat a déposé une demande de remise en liberté immédiate, avec un dossier complet, comportement irréprochable. Mais nous sommes sans nouvelle du juge d’application des peines. Je n’ai plus de nouvelles directes de mon compagnon depuis la suspension des parloirs. Il est très difficile de s’appeler : il y a seulement un téléphone par coursive, et cinq coursives, en tout, pour environ 400 détenus. En plus, il travaille en cuisine, donc il n’a pas le temps de téléphoner. On a très peur pour eux, avec les surveillants qui entrent, qui sortent… Il est si proche de sa libération, je ne comprends pas qu’il ne soit pas déjà libéré ! Chaque heure, chaque jour est un combat pour nous. On a la peur au ventre. »

Appel de la compagne de Monsieur K., détenu à Muret : « Mon mari est libérable dans quatre mois et demi, mais il a des problèmes respiratoires. Il a peur, car s’il venait à contracter le virus ce pourrait être très grave… Hier, il m’a dit au téléphone qu’une demande de libération avait été déposée récemment. »

Appel de la compagne de Monsieur T., détenu à Toulouse-Seysses pour une courte peine : « Sa fin de peine est prévue pour septembre, mais elle est aménageable à partir d’avril. Son avocat a déposé une demande, avant l’histoire du Covid, mais il n’a toujours pas de nouvelles… »

Appel de Monsieur G., en détention provisoire, gravement handicapé à la suite de multiples blessures par balles (il lui manque un poumon, il a une poche pour ses besoins). Le médecin de l’unité sanitaire a fait un courrier au procureur expliquant qu’il est un cas à risque du fait de son état de santé, son avocat va déposer une demande de remise en liberté.

24 mars 2020

Appel quotidien de la mère d’un détenu de Meaux-Chauconin, rencontrée lors du dernier GAP (groupe action parloirs) à Meaux, et qui avait été la première à nous questionner et nous faire part de ses inquiétudes face au covid-19. « Mon fils est en cellule avec deux codétenus. Il ne sort plus en promenade depuis le début de l’épidémie, terrorisé par les risques de contamination. Il est d’autant plus inquiet que l’un de ses codétenus est auxi et sort tous les jours de la cellule, il croise du monde, détenus comme surveillants… »

Appel d’une amie d’un détenu de Fleury-Mérogis atteint du VIH : « Je suis très inquiète, il est très vulnérable. Il ne sort pas, sur les conseils de son avocat, c’est trop risqué pour lui, mais du coup il ne peut pas téléphoner depuis les cabines. Les cinq premiers jours il sortait, mais aucun bilan sanguin pour examen de sa charge virale n’a été fait, sachant qu’il a eu des contacts extérieurs et qu’il est particulièrement vulnérable. Il a fait une demande pour voir un médecin pour un bilan mais n’a aucune nouvelles. Il a fait une demande de mise en liberté mais n’a aucune nouvelles non plus. »

Appel d’un détenu de la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone qui nous alerte des problèmes de téléphone dus à la surcharge. La conversation est hachée : « Trop de détenus appellent en même temps, le son coupe, la tonalité est difficile à avoir. Et puis j’avais fait une demande de libération mais ma CPIP est confinée, je n’ai pas de nouvelles : elle m’a dit qu’elle se chargerait de ma demande “une fois rentrée”… Et dedans c’est très tendu entre les surveillants et les détenus, tout le monde craint une révolte. »

Appel d’une mère dont le fils est détenu à Bois d’Arcy : « Comme je ne peux plus lui apporter son linge, je lui ai mis 50€ en plus sur son compte pour qu’il puisse cantiner de la lessive. Mais ils ont prélevé 15€ sans explication et ses bons de cantines ont tous été annulés ! »

Appel de la femme d’un détenu d’Uzerche : « Il y a eu une mutinerie, des détenus ont endommagés des locaux, dont des locaux essentiels. Ils ont été transférés, mais ceux qui n’avaient pas pris part à la mutinerie sont restés sur place… Sauf qu’à cause des dégâts et du climat de tension, l’établissement a supprimé les cantines, la TV et le téléphone ! Je voudrais faire transférer mon mari mais les demandes sont gelées à cause du virus. Est-ce qu’on pourrait au moins s’assurer que les droits essentiels des détenus restés à Uzerche soient respectés ? »

Appel de la conjointe d’un détenu de La Santé : « Je voudrais savoir quelles sont les mesures prises en prison par rapport au covid, et ce qu’il en est des politiques de libération annoncées par la ministre. »

Appel de la conjointe d’un détenu : « En centre de semi-liberté, les sorties se font normalement, donc il y a des aller-retours : ils risquent de ramener le virus dans le centre de détention. Mon conjoint, lui, il refuse de sortir, mais la moitié des détenus sortent comme prévu… En plus sur l’autorisation de déplacement il n’est pas possible de justifier qu’un détenu en semi-liberté rend visite à sa famille, donc en fait ils risquent une amende s’ils continuent d’exercer leur semi-liberté normalement ! Et puis on a eu des informations contradictoires concernant le maintien des commissions pour les demandes de suspension de peine : le SPIP nous dit qu’elles sont maintenues malgré le covid, et les surveillants lui disent que c’est annulé… »

Appel du conjoint d’un détenu de Bois d’Arcy : « Je suis inquiet, les surveillants n’ont ni masques ni gants pour éviter la propagation du virus alors qu’ils font des aller-retours dans et à l’extérieur de la prison. Par ailleurs, les bons de cantines ont été annulés : l’établissement parle d’une rupture de stocks… Et nous, à l’extérieur, on ne peut rien leur livrer. Le SPIP avait parlé de mettre en place des machines à laver pour que les détenus lavent leur linge, mais ça n’est pas encore le cas. »

Appel de la conjointe de Monsieur B., qui était incarcéré à Fresnes : âgé de 80 ans, il a été libéré jeudi dernier sous contrôle judiciaire suite à la mise en place du protocole COVID.

Appel de la conjointe d’un détenu de Béziers : « La prison, c’est un véritable nid à microbes dans lequel on enferme les détenus ! Il n’y a aucune précaution, ni gants ni de masques, c’est dangereux pour les surveillants et pour les détenus. Les cantines sont bloquées, les détenus n’ont accès qu’à l’eau, les pâtes, le riz et le coca. La direction et le SPIP sont injoignables et même les surveillants n’ont plus accès aux étages de la direction… »

Appel d’un détenu du Havre, qui s’inquiète de ne pas voir les surveillants équipés de gants et de masques et voulait des renseignements sur le régime de libération applicable aux personnes placées en détention préventive dans le contexte covid.

Appel de Monsieur G. détenu à Châteaudun : « Je suis sous traitement et suivi à l’UHSA [unité hospitalière spécialement aménagée] pour tentatives de suicide et schizophrénie. Je ne supporte plus la détention… J’avais une audience prévue pour un aménagement de peine mais elle a été annulée à cause du virus. Je vois un psy une fois par semaine, ça ne suffit pas, je craque… »

« Mon fils est détenu à Corbas. Aucune mesure barrière n’est respectée. Les gardiens n’ont pas de gants, pas de masques, les détenus sont plus de 80 en promenade, collés-serrés… C’est grave, on s’inquiète pour nos proches. Mon fils m’a dit qu’en rentrant de promenade, le gardien le collait épaule contre épaule. Il lui a dit de laisser un mètre de distance, ça n’a servi à rien. »

23 mars 2020

Message sur le répondeur laissé lundi 23 vers 8 heures : « Je suis à Uzerche, il faut faire quelque chose. Après la mutinerie hier on est tous bloqués en cellule, on n’a pas eu de repas hier soir, on n’a pas pu aller à la douche, et ce matin toujours pas de distribution de nourriture. »

Appel de la compagne d’un détenu de Châteauroux : « Mon conjoint doit sortir dans un an et deux mois. Je m’inquiète pour lui à cause du covid-19, je voudrais savoir si une libération anticipée est envisageable. J’ai appelé le SPIP pour savoir à combien de remises de peine il peut prétendre au total et pour connaître les mesures de précaution mises en place pour les détenus, mais on m’a envoyée balader. Mon conjoint me raconte que les surveillants rigolent de la situation des détenus et font des blagues pas drôles du tout, du genre : “Vous allez chopper le coronavirus à cause de nous, ah ah ah !” »

Appel d’un détenu de la maison d’arrêt de Dijon : « Je suis en maison d’arrêt, avec les remises de peine je dois sortir dans trois mois. Est-ce que je pourrais être libéré plus tôt par rapport au covid ? »

Appel de la mère d’un détenu de Meaux : « Mon fils est en détention provisoire depuis plus d’un an. Je suis très inquiète de la situation en général pour les prisonniers, et pour mon fils en particulier. Je ne comprends pas qu’aucune mesure ne soit prise pour libérer certains détenus. Mon fils est en cellule avec deux autres gars, deux d’entre eux dorment sur un matelas au sol. Il a déjà vu le juge d’instruction une fois pour demander une libération provisoire, il devait le revoir la semaine prochaine mais le rendez-vous a été annulé. Heureusement j’ai mon fils une fois par jour au téléphone. »

Appel de Monsieur G. : son frère est à Fleury-Mérogis, en détention provisoire depuis dix mois. Il est très inquiet, son frère est asthmatique, tous les tests pour le covid ont été refusés, la promenade l’inquiète. Il est aussi inquiet pour sa belle-sœur, ils ont deux enfants en bas âge et elle a de sérieux problèmes de santé, mais elle ne peut pas se rendre à l’hôpital. Leur avocat a déposé une demande de mise en liberté qui a été refusée la semaine dernière – il a fait appel.

Appel de Monsieur. D., détenu dans à Villenauxe : « Cinq détenus sont soupçonnés d’avoir été contaminés. Ils ont été placés au quartier arrivants par des surveillants qui portaient des masques et des gants mais ça m’inquiète, car ils travaillent aussi en détention normale. Moi je suis seul en cellule et je suis auxi-cantinier, sans aucune protection. »

Appel de Monsieur X., 65 ans, détenu à Bois d’Arcy. « J’ai fait quatorze fois le tour de la terre, mais je n’avais jamais vu des conditions de vie telles que celles-ci ! Il n’y a plus de gardien d’étage depuis des mois, plus d’eau chaude dans les cellules depuis un moment. Des rats, des pigeons, des mouettes, c’est infernal. Les jeunes engrangent une haine terrible. C’est une fabrique à bombe humaine. » Juste après, un appel de la sœur de Monsieur X. elle était inquiète car n’avait pas de ses nouvelles depuis quelques jours.

Appel de Monsieur A., incarcéré dans à Lille-Sequedin, qui veut dénoncer l’insalubrité de l’établissement : « Depuis avril, je suis dans une cellule crasseuse, avec dix centimètres d’eau stagnante dans la douche. Je l’ai signalé plusieurs fois, et finalement on m’a changé de cellule ce matin mais : c’est toujours aussi crade, les toilettes sont immondes et le matelas sent l’urine. »

Appel de Mme B., compagne d’un homme incarcéré dans le sud de la France et qui a encore plus de dix ans à faire. Elle s’inquiète du sort des longues peines pendant cette crise sanitaire. Selon son compagnon, aucune mesure sanitaire n’est prise, les douches sont collectives, etc. Son avocat a déposé une demande de confinement sanitaire à domicile, ils attendent de voir ce que ça va donner.

Appel de la compagne de Monsieur H., détenu dans le sud de la France. Il y aurait eu des cas de coronavirus au quartier arrivants. Il ne peut plus aller à l’infirmerie à cause de ça car il a une très mauvaise santé. Il n’a presque plus de soins, alors qu’il est diabétique. L’unité sanitaire est au courant de son état de santé et essaye de faire au mieux. De son côté, l’avocat a écrit trois fois au juge en une semaine pour demander une libération pour raisons médicales en urgence en expliquant l’état de santé de Monsieur H. et l’arrêt des soins, mais il n’a reçu aucune réponse.

Appel de la femme de Monsieur S., qui est dans un centre de détention du centre de la France. Il est auxi-cantine, mais il est pas du tout équipé pour faire face au coronavirus : ni masque, ni gants. Il se demande s’il peut refuser de distribuer les repas sans risquer de perdre son emploi. Selon lui, l’ambiance dans le centre de détention est très tendue, certains surveillants refuseraient d’amener les détenus aux cabines, les cantines fonctionnent mal et ils manquent de tabac.

20 mars 2020

Appel de la mère d’un détenu de Bois d’Arcy : « Mon fils de 20 ans est en cellule à trois. Avec le covid, est-ce qu’ils vont libérer des détenus ? Mon fils n’a plus que trois mois à faire. Ses deux précédentes demandes d’aménagement de peine ont été refusées, mais son avocate va retenter le coup. »

Appel de la mère d’un détenu des Baumettes, qui a une pathologie cardiopulmonaire, elle s’inquiète pour le covid-19.

Appel de la mère d’un détenu de Villepinte : « Il va avoir 18 ans demain. Est-ce qu’il va être balancé du jour au lendemain du quartier mineurs chez les majeurs, dans un quartier surpeuplé ? »

Appel de l’amie d’un détenu de Fleury, inquiète par rapport au covid car son ami est séropositif.

Appel du père d’un détenu d’Amiens, son fils est incarcéré pour une courte peine. Il s’inquiète du covid car ils sont trois en cellule. « Est-ce que le fait qu’un de ses codétenus fume du shit ne présente pas un risque supplémentaire pour la propagation du virus ? »

Appel de Mme L., femme de détenu, qui déplore que personne ne dise rien sur les longues peines : « Mon mari étant asthmatique, l’avocat va quand même tenter une demande d’aménagement de peine. »

Message de Monsieur F., en semi-liberté dans les Hauts-de-France (cf. 19 mars) : ils sont toujours tous confinés au CSL, et on lui a refusé de sortir pour faire les courses pour sa mère malade qui garde sa fille.

Appel de la femme d’un détenu d’Angers : « Je voudrais bien qu’il sorte, il ne lui reste que quatorze jours à faire ! J’ai essayé de nombreuses fois de joindre le CPIP et la prison, personne ne répond. J’ai finalement eu l’antenne extérieure du SPIP, ils m’ont dit qu’eux ne pouvaient rien faire, et que “de toute façon en quatorze jours ils n’auraient pas le temps d’aménager la peine”. »

Appel d’un détenu de Villeneuve-lès-Maguelone : « Les cabines téléphoniques sont toutes dégradées, et il y a de gros problèmes de distribution du courrier aux détenus. »

19 mars 2020

Appel de Madame B. dont le fils est détenu à Bois d’Arcy, elle est très énervée par la suppression des parloirs : « Quatre nouveaux détenus ont incarcérés, ils ont été placés à l’isolement, ils ont peut-être le covid… Cette prison est vraiment vétuste, il n’y a aucune hygiène, des rats dans les cours de promenade, et on ne peut même plus apporter de linge ! »

Appel de la compagne d’un détenu de Salon-de-Provence : « On attend la décision du juge pour un placement sous surveillance électronique, annoncée pour le 25 mars. Est-ce que ça va être maintenu ? J’essaie d’avoir le CPIP, mais ça ne répond pas. »

Appel de la sœur d’un détenu diabétique de type 1, inquiète par rapport au covid.

Appel de la mère d’un détenu de Seysses : « Mon fils devait sortir demain matin en PSE [bracelet électronique] mais le greffe l’a prévenu que la mesure est reportée au 30 mars. Comme il pensait sortir demain, il n’a plus d’argent, son compte nominatif a été clôturé, et il a donné l’essentiel de ses affaires à des codétenus. J’ai contacté le greffe du service d’application des peines qui m’a expliqué que la mesure de report avait été décidée pour protéger la santé des poseurs de bracelet… J’ai aussi contacté la CPIP, elle m’a dit de ne pas m’inquiéter, que l’administration pénitentiaire lui donnait à manger et lui trouverait quelques vêtements… »

Appel de Monsieur D., détenu à la maison d’arrêt de La Santé : « J’ai entendu que les hôpitaux manquaient de sang, je voudrais donner le mien. Comment faire ? »

Appel de la fille d’un homme en détention provisoire au Pontet depuis trois semaines, inquiète : « Mon père a des problèmes cardiaques, il a un stent. » Elle n’a pas encore de permis de visite, et le juge n’a toujours pas signé l’autorisation de téléphoner, elle n’a donc aucun contact direct avec son père.

Appel d’une femme d’un détenu de Perpignan : « Les parloirs sont supprimés, et mon mari n’a pas demandé d’accès au téléphone parce qu’on n’a pas les moyens. Du coup, tant qu’il n’écrit pas, je n’ai aucune nouvelles… J’ai essayé de joindre le SPIP, mais ça ne répond pas. »

Appel de la compagne d’un détenu de Fresnes : « Il doit passer mardi en commission d’application des peines. Il est asthmatique sévère, et la date de sa fin de peine est encore dans un an et demi. Est-ce que la commission va être maintenue ? Impossible de joindre le CPIP et le service d’application des peines… »

Appel de Monsieur F., en semi-liberté dans les Hauts-de-France : « On a interdiction de sortir. Ma mère est gravement malade, elle ne peut pas sortir de chez elle, et c’est elle qui garde ma fille tant que je suis ici. J’ai demandé à pouvoir sortir juste pour leur faire des courses pour manger car elles n’ont personne d’autre, et aucune aide, mais la CPIP refuse. »

Appel de Monsieur G., détenu à Saint-Quentin-Fallavier : « Compte tenu de l’épidémie du corona, est-ce que les petites peines vont être libérées ? Et les mandats de dépôt ? »

18 mars 2020

La compagne d’une personne détenue à Châteauroux, asthmatique sévère, a entrepris des démarches pour faire sortir son mari. Le médecin a fait un certificat médical établissant les risques par rapport au Covid, qu’elle a transmis à l’avocat et au juge de l’application des peines (JAP). « Mais le TJ est fermé, le JAP absent et toutes les audiences annulées. Le SPIP lui-même ne sait pas ce qu’il va se passer. »

Appel d’un homme dont le frère est détenu à Privas, vieille prison insalubre : « Les détenus ont demandé à avoir accès aux douches tous les jours parce qu’ils n’ont qu’un lavabo avec eau froide en cellule, mais la direction a refusé. » Les familles de détenus vont faire une pétition sur tous les problèmes d’hygiène et de vétusté.

Appel de deux femmes dont les conjoints sont détenus à Bois d’Arcy, cherchent à savoir si les parloirs sont maintenus aujourd’hui : « Personne ne répond quand on appelle la prison. »

Le conjoint de l’homme détenu à Bois d’Arcy nous informe qu’un mouvement de détenus est en cours : « À 14h, les détenus restés en cellule n’avaient toujours pas eu leur repas. » Il a toujours de grosses difficultés pour joindre le SPIP et savoir comment déposer du linge depuis la suppression des parloirs. « On m’a répondu que le linge n’était plus accepté car les sacs en plastique règlementaire (cabas de supermarché) sont en plastique et peuvent porter du covid. Ils disent qu’ils réfléchissent à une solution alternative, peut-être acheter des machines à laver. »

Appel du père d’un détenu tout récemment incarcéré à Nanterre : « Je n’arrive à joindre personne à la prison : comment on fait pour le permis de visite et le linge ? » Il va essayer d’aller à la maison d’arrêt demain pour en savoir plus.

Appel de la compagne d’un détenu de Châteauroux : « Il est prévenu, et le juge n’a pas encore donné d’autorisation pour le téléphone. J’appelle le SPIP pour avoir des nouvelles, mais personne ne répond. Je n’ai plus aucun moyen d’en avoir. »

Appel de la femme d’une personne détenue en semi-liberté à Gagny : « Quelles sont les consignes concernant le covid pour les centres de semi-liberté ? Je n’arrive à joindre personne. »

Appel de la mère d’un détenu à Grenoble : « Mons fils sort de prison, je dois aller le chercher, mais qu’est-ce que je dois indiquer sur l’autorisation de déplacement ? »

17 mars 2020

Appel de la maman d’un homme détenu à Joux-la-Ville. Elle est en possession d’une lettre de son fils destinée à l’OIP, mais, dans l’Yonne, elle « ne parvient pas à trouver une poste ouverte pour nous le poster ». Elle est très inquiète : son fils est sous assistance respiratoire. Un aménagement de peine a été demandé.

Appel du conjoint d’un homme détenu à Bois d’Arcy : « Est-ce que les parloirs sont maintenus ? Je voudrais rendre visite à mon compagnon et lui porter du linge demain, est-ce possible ? »

Appel d’une femme dont le mari détenu au centre de détention de Melun est en permission jusqu’à demain : « Il devait pointer à la gendarmerie hier mais elle était fermée, alors on a tenté de se rendre dans une autre, fermée elle aussi. Quand on a fini par en trouver une ouverte, les gendarmes ont refusé de nous recevoir. » L’homme doit rentrer en prison demain, ils craignent d’avoir des difficultés pour se rendre jusqu’à la prison.

Appel d’un garçon qui souhaite que l’on transmette « ses amitiés et son soutien à tous les prisonniers de France ».

Appel d’un homme détenu à Villeneuve-lès-Maguelone : « Depuis deux jours, pas de distribution de courrier, les cantines ne sont pas livrées, on ne peut avoir ni lingettes, ni gants. » Les détenus ont peur qu’après les parloirs, les promenades leur soient supprimées. Ce matin, « les sacs de linges apportés par les familles n’ont pas été distribués et les draps qui devaient être changés ne l’ont pas été ». Le délégué du Défenseur des droits, qui devait venir, n’est pas venu. « Et les chefs sont tous indisponibles, toujours en réunion. »

Une travailleuse sociale souhaite savoir comment amener du linge à un détenu à Fleury.

Une femme souhaite savoir si malgré l’annulation des parloirs et la fermeture des accueils familles, il est possible d’apporter du linge aux détenus.

Appel d’un proche de Madame F., détenue aux Baumettes : « Quels protocoles anti-propagation du covid sont mis en place en prison ? Selon mon amie, le personnel n’est ni masqué ni ganté, les activités ont été supprimées et les détenus n’ont le droit qu’à une sortie par jour. Ils ont du mal à accéder à l’unité sanitaire, et il n’y a plus de consultations psy. Plus non plus de rondes entre 20h et 6h, ce qui est inquiétant pour les patients fragiles. La tension monte, il y a des risques d’émeutes. »

16 mars 2020

Un homme diabétique, détenu à Moulins, est très inquiet : « Il y a cinq grilles à pousser pour aller en promenade, et l’on refuse de nous donner des gants. » Les grilles ne seraient pas nettoyées. Les surveillants eux-mêmes n’auraient pas de gants. Le gameleur [personne détenue employée pour la distribution de la gamelle, du repas] n’aurait ni masque, ni gants. « Tout est en arrêt, les ateliers s’arrêtent demain, les activités, le culte, la venue des visiteurs de prison sont supprimés ; les parloirs sont réduits – moi-même je n’ai plus de parloir. Si le confinement s’accentue, ça va péter. »

La compagne d’un détenu de Fresnes, qui a un cancer, souhaite des renseignements sur les aménagements de peine, son compagnon étant particulièrement vulnérable face au Covid. Les parloirs sont pour l’instant maintenus.

Appel de la femme de Monsieur M, détenu en maison d’arrêt : « Mon mari a des problèmes de santé, il a la maladie de Crohn. J’ai alerté son avocat, il va essayer d’avoir le juge, mais le palais de justice est bloqué. »

Appel de Monsieur G., détenu à Saint-Quentin-Fallavier, qui demande des informations sur le coronavirus : « La pression va monter en prison ».

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