Depuis la reprise des parloirs, en mai 2020, les contacts physiques entre les personnes détenues et leurs proches sont interdits – et matériellement empêchés par des séparations en plexiglas. Une situation qui porte fortement atteinte au maintien des liens familiaux, et pour laquelle aucun calendrier de retour progressif à la normale n’a pour l’instant été communiqué.
Depuis plus de treize mois, les contacts physiques entre les personnes détenues et leurs proches sont interdits. Une interdiction matérialisée par les fameuses vitres en plexiglas – parfois complétées par des parois pleines – installées du sol au plafond dans toutes les prisons françaises.
Difficultés à se faire entendre[1], port du masque obligatoire et surtout impossibilité de se toucher : bien que dictées par la situation sanitaire, les conditions dans lesquelles se tiennent ces parloirs altèrent inexorablement les liens familiaux et occasionnent souffrances et traumatismes de part et d’autre des murs[2]. « Notre fils est né il y maintenant onze mois, et mon mari n’a jamais pu le prendre dans ses bras » témoignait ainsi une femme de détenu à l’OIP. « Chaque visite au parloir créée une angoisse et une perte de repère. Mon compagnon préfère renoncer aux visites, pour ne pas vivre cette frustration qui traumatise nos enfants, notre famille » précise une compagne dont le mari est détenu à Châteauroux. Depuis le premier déconfinement et la reprise des parloirs, ces témoignages arrivent par dizaines chaque semaine à l’OIP. Depuis quelques semaines, ils s’accompagnent d’une demande récurrente : quand ces mesures prendront-elles fin ?
À l’heure où un calendrier national de levée progressive des mesures sanitaires a été décidé, aucune information ne filtre sur le retrait des dispositifs de séparation au parloir. Si depuis le 19 mai, les unités de vie familiales ont pu rouvrir, rappelons que cette possibilité est loin d’être offerte à tous : seuls 52[3] établissements en sont équipés, des conditions précises entourent leur accès (incluant une quatorzaine pour les détenus à l’issue de la visite) et les listes d’attentes pour en bénéficier sont longues.
Interpellée à deux reprises par l’OIP sur les éventuelles étapes et conditions d’un retour aux parloirs normaux, l’administration pénitentiaire est restée muette. Un silence qui pèse un peu plus chaque jour sur les personnes détenues et leurs proches, et auquel l’OIP appelle à mettre fin le plus rapidement possible.
Contact presse : Pauline De Smet · 07 60 49 19 96
[1] Plexiglas au parloir : des détenus de Seysses font condamner l’administration, OIP, février 2021.
[2] « Les enfants de détenus, victimes invisibles du Covid-19 », Dedans Dehors n° 110, mars 2021.
[3] En juillet 2019, seuls 52 établissements (sur 188) en étaient dotés, pour un total de 170 unités.