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Une détenue victime de représailles pour avoir lu la revue de l’OIP

Une femme détenue à la maison d’arrêt de Lille-Sequedin indique être victime de menaces, intimidations et fouilles à répétition depuis qu’elle a reçu le dernier numéro de la revue Dedans-Dehors qui contient un article sur des violences perpétrées dans ce même établissement. Ce 17 février, le tribunal administratif de Lille examine le recours qu’elle a déposé en référé pour faire cesser ces mauvais traitements.

Le 17 janvier, comme près de cinq cents personnes détenues en France, Sonia D., incarcérée à la maison d’arrêt des femmes de Lille Loos Sequedin, reçoit le numéro 117 de la revue trimestrielle Dedans Dehors, éditée par l’Observatoire international des prisons. Celui-ci contient un article concernant la condamnation de six surveillants à la suite de violences commises sur un détenu de la maison d’arrêt. Le soir même, au cours d’une conversation téléphonique avec ses proches, elle le lit à haute voix. Le lendemain matin, un agent pénitentiaire aurait pénétré dans sa cellule à la recherche de la revue, lui reprochant d’en avoir fait état par téléphone. La revue aurait été confisquée, la cellule retournée et Sonia fouillée à nue. Une première depuis son arrivée à Sequedin. Selon son témoignage, une surveillante l’aurait alors avertie : « Si je vois que la revue circule, je te ferai vivre un calvaire ».

Le matin du 21 janvier, deux membres du personnel pénitentiaire seraient venus à nouveau dans la cellule de Sonia D. pour lui reprendre la revue, qui lui avait été restituée entre temps. Le même jour, elle aurait été convoquée par un chef de détention qui lui aurait demandé de s’expliquer sur les circonstances de réception de la revue, pourtant librement commandable et visée par le vaguemestre, et sur ses liens avec l’OIP.

Le lendemain à 9h30, nouvelle fouille à nu. Alors que Sonia D. a le bras en écharpe après une tentative de suicide trois jours auparavant, la surveillante à qui elle aurait demandé de l’aider à se rhabiller aurait refusé, et ajouté : « C’est ça, de contacter l’OIP ! ».

Trois jours plus tard, quatre surveillants seraient à nouveau venus chercher la revue, qu’elle aurait refusé de leur remettre. Ils l’auraient sortie de la cellule pour l’emmener dans une cellule voisine, vide, pour une nouvelle fouille à nu. Malgré sa résistance, ils l’auraient déshabillée de force et auraient rédigé un compte rendu d’incident pour refus d’obtempérer.

Le 2 février, des agents seraient de nouveau venus lui demander la revue, et malgré son refus, s’en seraient emparés alors que Sonia D. était descendue à l’unité sanitaire pour ses soins. La revue lui aurait été restituée le lendemain dans un état dégradé, notamment les pages concernant l’affaire des violences à Sequedin.

Les 26 janvier et 8 février, l’OIP a contacté par écrit la direction de l’établissement, afin de recueillir sa version des faits et la motivation des fouilles à nu. En effet, aux termes de l’article R. 225-2, les fouilles intégrales doivent être motivées par « un risque d’évasion, l’entrée, la sortie ou la circulation ou détention d’objets ou substances prohibés ou dangereux pour la sécurité des personnes ou le bon ordre de l’établissement pénitentiaire », et ne peuvent avoir lieu que si les fouilles par palpation ou par détection électronique sont insuffisantes. En outre, la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) condamne les actes d’intimidation visant à dissuader les personnes détenues d’exercer leurs droits. Ces courriers électroniques sont restés sans réponse. Pour faire cesser les humiliations et intimidations subies par Sonia D. visant à la dissuader de faire valoir ses droits, et garantir sa liberté d’expression et la libre circulation de la revue, Sonia D. a déposé un recours devant le Tribunal administratif de Lille, dont l’audience se tiendra cet après-midi.

Contact presse : Sophie Larouzée-Deschamps · 07 60 49 19 96

Dedans Dehors N°117 : Détention provisoire, l’interminable attente