Alors que David Schots, directeur du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône, était visé par une plainte pour violences volontaires sur un détenu déposée en décembre 2019, différentes sources internes avaient fait part à l’OIP de pressions exercées sur les témoins dans cette affaire – notamment sur des membres du personnel pénitentiaire. Ceux-ci témoignaient de « mise à l’écart, dénigrement, critiques injustifiées, surcharge horaire » et « d’usure pour les faire craquer ». En octobre 2019, l’OIP publiait alors dans sa revue Dedans Dehors un article intitulé « Violences à Villefranche : réouverture de l’enquête contre le directeur ». Quelques semaines plus tard, le directeur de l’établissement pénitentiaire déposait plainte pour diffamation. L’OIP sera informé en mai 2021 du classement sans suite de cette plainte.
Cette affaire vient illustrer les rouages de l’omerta et de l’impunité qui entourent trop souvent les affaires de violences pénitentiaires. Vexations, intimidations et mesures de rétorsion peuvent se multiplier à l’égard des personnes brisant la loi du silence, qu’elles soient membres de l’administration pénitentiaire, du personnel soignant ou intervenant extérieur. Des procédés que l’OIP documentait déjà en mai 2019 dans un rapport consacré aux violences pénitentiaires.
Depuis 1996, l’OIP enquête et alerte sur les atteintes aux droits commises en prison. En vingt-cinq ans, ce travail méthodique de recueil et de recoupement d’informations aura été visé deux fois par des plaintes en diffamation, toutes deux classées sans suite.
par Charline Becker