En octobre 2022, la Direction de l’administration pénitentiaire a diffusé une note rappelant au personnel pénitentiaire les bonnes pratiques en matière de contrôle des effectifs et de l’intégrité physique des personnes détenues. Cette note fait suite à la découverte du corps d’un jeune homme plus de vingt-quatre heures après sa mort, en janvier 2022, à la prison de Toulon-la-Farlède.
Dimanche 16 janvier 2022 au matin, au centre pénitentiaire de Toulon-la-Farlède, le corps sans vie de Willy, âgé d’une vingtaine d’années, est découvert par les surveillants lors du premier contrôle d’effectifs de la journée. Alors que l’enquête traditionnelle qui accompagne tous les décès en prison est ouverte, un premier élément ressort : il semblerait que le décès soit intervenu dans les vingt-quatre à trente-six heures auparavant, sous les coups du codétenu présent en cellule. Ce dernier aurait ensuite placé le corps dans le lit et l’aurait recouvert d’un drap.
Tout au long de la journée de samedi, le décès serait ainsi passé totalement inaperçu aux yeux des surveillants, qui n’auraient pas vérifié l’intégrité physique des détenus lors du contrôle des effectifs matinal, ni plus tard dans la journée lors de la distribution des repas. « Si le surveillant du samedi matin avait été aussi vigilant que celui du dimanche matin, on aurait découvert les choses plus tôt », confirme une source proche du dossier, qui précise que des poursuites disciplinaires ont été engagées à l’encontre des surveillants présents ce jour-là. L’issue de ces dernières est cependant suspendue aux conclusions de l’information judiciaire ouverte sur les circonstances de l’homicide.
Signe que l’affaire plonge l’administration dans l’embarras, une mission de l’Inspection générale de la justice a été diligentée dans les mois suivants au sein de l’établissement. Début octobre, la Direction de l’administration pénitentiaire a publié une note rappelant à l’ensemble des établissements pénitentiaires les bonnes pratiques en matière de contrôle des effectifs et de l’intégrité physique des personnes détenues.
Au-delà de ce dysfonctionnement, ce décès vient pointer l’incapacité de l’administration pénitentiaire à protéger les personnes dont elle a la charge. Plusieurs sources, détenues et pénitentiaires, mettent notamment en cause la décision d’affecter Willy avec ce codétenu connu pour sa violence. Une première altercation aurait ainsi éclaté vendredi soir entre les deux hommes, sans qu’aucune mesure ne soit prise pour les séparer. En outre, tout laisse penser que Willy aurait appelé à l’aide, en vain. Une source pénitentiaire indique en effet que l’interphone aurait été déclenché à plusieurs reprises, sans réponse. Une pratique qui ne semble malheureusement pas isolée. La direction interrégionale aurait depuis diffusé une note imposant aux agents de tracer tous les appels reçus à l’interphonie, les problèmes soulevés et les réponses apportées – reste à savoir si celle-ci sera suivie d’effet.
Par Charline Becker