Les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) sont dédiées à la prise en charge des personnes détenues dont l’état psychique nécessite une hospitalisation à temps complet. Elles permettent d’hospitaliser, dans un cadre sécurisé par l’administration pénitentiaire, jusqu’à 440 personnes dans neuf UHSA réparties sur le territoire métropolitain. Une capacité d’accueil sur le point d’être amputée, puisque trois d’entre elles sont actuellement visées par des procédures temporaires de fermetures de lits. À l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon, vingt lits – sur les soixante que compte l’UHSA – seront prochainement fermés pour une durée de neuf mois. Cette démarche s’inscrit dans un plan de fermeture de 90 lits touchant l’ensemble du centre hospitalier. La même logique est à l’œuvre à l’UHSA de Villejuif, où des lits doivent être fermés, ainsi qu’à l’UHSA de Dijon, où la moitié des 40 lits sont concernés.
Manque de personnel aux urgences, manque d’effectifs paramédicaux à Villejuif : ces fermetures ne sont qu’un exemple de plus de la crise qui secoue l’hôpital public. Elles soulignent cependant en creux la place de parent pauvre laissée aux soins en milieu carcéral, a fortiori les soins psychiatriques. « Cette fermeture est scandaleuse pour la population des détenus qui manquent déjà cruellement de structures et de moyens pour les soins », alerte une source souhaitant garder l’anonymat à propos du Vinatier. « Que vont devenir les patients fragiles, suicidaires, délirants ? » se demande un membre de l’administration pénitentiaire affecté dans cette même UHSA. Si l’on peut déplorer ces fermetures de lits – dont les personnes détenues souffrant de troubles psychiatriques lourds seront les premières à faire les frais – il convient de rappeler que le problème de fond est d’abord celui de leur présence en détention.
par Charline Becker